Lifeboat - 1944 - Alfred Hitchcock

[Manolito]

Durant la seconde guerre mondiale, un navire allié et un bateau de guerre allemand sont coulés entre New York et Londres. Divers rescapés, dont un marin de la Kriegsmarine, se retrouvent sur un canot de sauvetage à bord duquel ils vont devoir survivre jusqu'à ce qu'on vienne à leur secours...

Le pari que s'est imposé Hitchcock avec ce film est sans doute une des anecdotes les plus connues de Hollywood : faire un film avec seulement quelques personnages reclus dans un seul lieu durant plus d'une heure trente. Toutefois, "Lifeboat" n'est pas un huis-clos à suspens complètement gratuit comme on pourrait alors le croire. C'est avant tout un drame de guerre. Si la première moitié restitue des aventures de naufragés assez classiques, la seconde pousse beaucoup plus le bouchon vers l'idéologie et la propagande. Rappelons qu'Hitchcock réalisa de nombreux films liés à la seconde guerre modniale durant ce conflit, en particulier des films d'espionnages qui étaient alors sa spécialité (Correspondant 17, un des tous premiers films hollywoodien anti-nazi ; ou La conquième colonne). Le générique de fin invite même à acheter ses war bonds dans le cinéma, à la sortie ! Comme souvent pour les films de propagande de cette époque, on est étonné de voir des nazis décrits à la fois de façon très caricaturale ET en fait plutôt gentille si on les rapporte aux atrocités de l'axe dont nous avons aujourd'hui connaissance .

La situation est évidemment un peu forcée, et l'on se retrouve devant des situations un peu artificielles ; ou alors qui ont été tellement plagiés et replagiées depuis qu'elles manquent de fraicheur. Mais, dès les premiers plans assez bizarres du film (un canot au milieu vogue de débris avec, à son bord, seulement une femme très élégante à l'allure désinvolte, ne semblant guère plus perturbée que si elle attendait un train sur le quai d'une gare), on apprécie tout de suite la modernité de la réalisation, sa solidité, son sens du rythme extrêmement carré. Le drame violent est introduit très tôt, avec en particulier la mort d'un nourisson dans les premières minutes du métrage ! Le suspens est continu, et, bien que tourné intégralement en studio, le film parvient à être spectaculaire : la machinerie employée pour les scènes de tempête est très impressionnante, et on a même le droit à une scène de bataille navale entre deux croiseurs !

"Lifeboat" est une très solide réussite en matière de mise en scène et de suspens, un film réellement prenant, peuplé de pesonnages très vivants, et ce malgré un propos un peu léger. Hitchcock fera des films plus importants par la suite, mais ce film vaut tout de même bien mieux que la portée anecdotique à laquelle on le réduit trop souvent !

Il passe en ce moment dans une très belle copie VOSTF sur ciné cinéma classic (VOSTF, 1.33, mono et noir te blanc, tout d'origine)

[romain2]

il est sorti en zone 1 récement.
Je fais parti des défenseur de la première période, correspond 17 par exemple, ou encore les 39 marches sont de véritables chez d'oeuvre que je préfère à sa période holywoodienne (que je rennie pas non plus).

Alfred H a fait d'autres films de propagande, un article dans libé :

http://www.ecrans.fr/spip.php?article357

sur des courts métrages récement sorti (toujours pas vu, hélas).

[manuma]

Du cinéma de propagande certes, avec quelques petits passages un poil sentencieux, que l’on sent presque obligatoires, mais du grand cinéma quand même, riche et intense, dans lequel Hitchcock, avec son humour un peu tordu, son sens aigu du timing et son art d’orchestrer le suspense, nous mène royalement en bateau. C’est si intelligent, faisant alterner avec une telle maestria l’humour, l’émotion et la tension, qu’on en viendrait presque à trouver ça un peu roublard par moment.

Vu sur ciné cinéma classic. J'imagine qu'il s'agit de la copie dont parle Manolito plus haut.

[Superwonderscope]

2012, année Hitchcock en HD. Son œuvre semble ressortir à vitesse grand V cette année. Hormis Paramount et Universal, Eureka! sort Lifeboat en BD britannique le 23 avril prochain