Attention, œuvre coup de poing!

Un jeune interne noir (Sidney Poitier) reçoit deux frères truands blessés à l'hopital. L'un d'entre eux meurt et le survivant (Richard Widmark), un raciste de la pire espèce, est persuadé que le médecin est responsable de sa mort.
Zanuck a tenu lui-même à s'occuper de la production d'un sujet explosif à fin 1949. A savoir un violent film antiraciste. Le film commence comme un drame policier à forte connotation sociale - un film non pas sur l'intégration de noirs dans la société américaine, mais comme quelque chose de déjà fait. En 1949 au moment du tournage, c'est déjà énorme. Et le film va incroyablement escalader vers une émeute raciale assez surprenante, avec un moment de calme avant la tempete paralysant. En tous cas, ça m'a tenu en haleine, j'en était le premier surpris. La scène possède une force peu commune. Et se poursuit jusqu'à un affrontement final inédit et tendu. Ca repose essentiellement sur les acteurs dans un espace clos, mais remarquablement mis en scène et joué!
Richard Widmark est juste hallucinant en truand ultra-raciste débordant de haine. Manipulateur, blessé (physiquement et psychologiquement), violent, il habite littéralement le rôle. sans pour autant céder à la facilité de l'exagération et du surjeu - Mankiewicz est en ce sens un directeur d'acteur hors pair! Il a repris Linda Darnell (qui jouait dans A letter to three wives, excellent drame ceci dit au passage) qui elle aussi donne une performance formidable. Je suis un peu plus réservé sur Sidney Poitier, dont le jeu en retrait très Gandhi-apôtre de la non violence m'a paru desservir le propos par moments.
Hormis le sujet et le traitement, à presque 65 ans après, le film garde un impact émotionnel très fort aujourd'hui, même si l'agencement de certaines scènes et certains dialogues apparaissent artificiels. Qu'importe, le film est demeuré en retrait et curieusement ignoré, alors qu'il s'agit malgré tout d'une oeuvre forte, marquante et rentre-dedans. Et il reste vraiment d'actualité dans sa manière de décrire les débordements haineux des humains en groupe - quels qu'ils soient, Poitier reconnaissant une part de racisme de la part des noirs eux-même envers les blancs- et le racisme à la petite semaine. Toujours bien présent aujourd'hui, moins envers les noirs que d'autres minorités (roms, etc.).
Cela reflète directement sur les émeutes raciales qui eurent lieu quelques 15 ans après le film aux USA... et dont la Fox s'inspirera pour la Conquete de la Planète des Singes.
Vivement recommandé!
1e affiche créée par Saul Bass, au passage.
Vu sur le DVD Fox Z2 d'une belle tenue, avec stf et vo anglais sur deux canaux mono. Du tout bon.
Le film annonce très "adulte" est aussi dispo sur la galette, et on voit à quel point la Fox ne savait pas comment vendre le film, puisqu'on ne comprend pas grand chose de l'histoire dans le F.A...