Pour gentillement commencer l'année, un giallo ecclesiastique..
Réalisé en 1978 par Giulio Berutti, Suor Omicidi aka La petite soeur du diable / La nonne qui tue est l'un des plus connu des films de nunsploitation, jouïssant d'une bonne réputation.
L'originalité du film est sans conteste le savant mélange de giallo et de nunsploitation traditionel.
Une vague de meurtres sadiques s'abat sur un hospice tenu par des religieuses. Tout désigne Soeur Gertrude, nymphomane réfoulée, qui fut autrefois soignée pour une tumeur au cerveau et désormais toxico-dépendante aux médicaments, comme étant la coupable. Souffrant d'un comportement névrotique de plus en plus flagrant lui faisant perdre pied avec la réalité et d'une évidente paranoïa, persuadée qu'elle est toujours malade, Gertrude est le pivot de cette étrange histoire morbide.
Entre la paranoïa qui la ronge, l'obsède et ses désirs sexuels refoulés, Gertrude se laisse tenter par le péché de chair se transformant en prostituée de luxe se faisant prendre ds une chambre d'hotel, ni de faire régner la terreur parmi ses patients, attitude qu'elle regrette aussitot, l'emmenant à faire douloureusement pénitence.
Berutti déploie toute une panoplie de perversité qui va crescendo, noyé dans une lourde atmosphère pieuse, renforcée par une BO qui mèle envolées de chants évangelistiques et musique plus inquiètante.
C'est ce mélange de piété dévote et de perversité qui donne au film sa force. Entre dévotion exacerbée, folie, névrose et sadisme.. oscille le film.
Maltraitance, punition et réprimande, l'hospice vit de plus en plus dans la crainte de Gertrude.
Si comme on le suppose, Gertrude est victime d'une machination, Berutti pourtant aime jeter la confusion, la réalité se confond avec les cauchemars de la pauvre soeur et déconcerte.
A tout nunsploitation ses scènes saphiques avec ici l'arrivée de Soeur Mathieu.
Etrange soeur vouant une admiration étonnante pour Gertrude dont elle partage la chambre. Cette admiration s'avère vite être de l'amour, un amour profond et obsessionel. Mathieu est à sa façon tout aussi malade que Gertrude, refoulant sa haine de la gente masculine et du sexe depuis son enfance troublée.
La relation Mathieu / Gertrude devient alors étrangement perverse entre attirance et haine. Gertrude se complait alors à l'humilier la nuit dans leur chambre en lui demandant de lui faire l'amour comme une putain uniquement habillée de bas de soie, satisfaisant ainsi ses pulsions interdites.
La cruauté des meurtres renforce l'atmosphère malsaine du film.
Les victimes sont sauvagement assassinées à coups de poignard, frappées à l'aide de ciboire ou candelabres mais on retiendra surtout la vieille femme torturée au scalpel, le visage progressivement tailladé et planté d'aiguilles, et le vieux grabataire faisant furieusement l'amour à une malade dans son fauteuil roulant avant d'être tué par la main vengeresse sous l'orage déchainé.
Pas de happy end chez Berutti, le sort de Gertrude sera aussi cruel que l'existence qu'elle a connu, destin scellé par l'implacable décision de la tout aussi implacable Mère Supèrieure tandis que le coupable qu'on découvre en flash-back, hystérique et haineux, en train de tuer ses victimes alors que Gertrude perd lentement la vie. Coupable qui pourra en toute impunité continuer ses tristes méfaits, le cerveau rongé pat la folie.
Eric adore ces fins!!
On retrouve l'ex-diva Anita Ekberg dans le rôle de Soeur Gertrude et c'est peut être le point faible du film. Si la voluptueuse Anita est parfaite dans son jeu, perdue entre ses souffrances interieures, ses fantasmes et la réalité, elle n'est guère crédible sous la défroque d'une soeur, maquillée à la truelle, ses plantureuses formes arpentant les couloirs de l'hospice.
A ses cotés, la minuscule et cochonne Paola Morra est une frêle et indécente Mathieu qui se donne à Gertrude et se frotte sur la braguette du beau Joe dalessandro
Dommage que la version présentée en France ait été amputée des scènes saphiques entre elle et l'imposante Anita.
Joe Dalessandro donc, Lou Castel et Alida Valli en mère Supèrieure complètent le cast.
Giallo malsain et morbide, parfois décadent, baignant dans un climat religieux écrasant, Suor Omicidi est une belle réussite du genre qui saura satisfaire les amateurs et de nunsploitation et de giallo.
J'adore les pestes, les garces, les salopes.. mais j'adore encore plus les folles en cornettes!
Le corbeau qui ne fait pas ses prières le soir!!
Tout sur Paola Morra ici:
http://www.zonebis.com/ZB_mainBoard.php?idComment=371