Dans une ville du sud des Etats Unis, au début des années 60, une jeune journaliste décide de donner la parole à des domestiques noires en les faisant participer à un recueil de témoignages anonymes sur leurs vies et leur travail...
Film à budget modeste, co-produit par Disney et Dreamworks, mené par la compagnie de Chris Columbus, "La couleur des sentiments" a été un succès surprise l'année dernière, y compris en France où il a dépassé les 600 000 entrées sans vraie vedette connue chez nous. Il s'agit en fait de relater les dernières années de la ségrégation d'un point de vue totalement féminin, que ce soit celui des domestiques noires que la situation économique et politique garde dans une situation de quasi-esclavage et de terreur, ou du côté des riches blanches femmes au foyer.
Le parti délibéré est de jouer plus sur le côté sentimental, psychologique, plutôt que sur l'expression la plus violente du racisme de ce temps. Les évènements du genre lynchage pèse dans l'air, mais sont évoqués indirectement ou relatés, Tate Taylor cherchant avant tout à montrer la terreur dans laquelle vivent les Noirs confrontés à cette barbarie.
"La couleur des sentiments" souffre quand même un peu trop de son côté gentil, visuellement sucré, le schématisme est bien souvent de rigueur et Taylor ne recule devant aucune grosse ficelle pour tirer les larmes au spectateur. "La couleur des sentiments" joue nettement la carte du mélo, et aussi avec une sensation trop doucereuse. On émeut, on attendrit, mais on ne choque pas ou peu. Il est légitime de raconter à nouveau le temps des luttes pour les droits civiques, de louer le courage de ceux qui ont combattu la ségrégation de l'intérieur. "La couleur des sentiments" est un film efficace qui fait ses deux heures et demi sans jamais ennuyer, avec une galerie d'actrices certainement attachantes. Mais c'est aussi un film qui laisse sur l'impression de rester à la surface des choses, et de reposer sur une facture trop lisse et schématique.
Vu sur itunes, copie 1.85 16/9 très potable pour de la vod, vo 5.1 (la vf n'est dispo qu'en stéréo), mais pourquoi aucun sous-titres ?