Tant qu'il y aura des hommes - 1953 - Fred Zinnemann

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Tant qu'il y aura des hommes - 1953 - Fred Zinnemann

Message par Manolito »

Titre US : From Here to Eternity

Image

Un soldat ancien champion de boxe arrive dans une base militaire américaine de Hawai en 1941. Le capitaine de la base tient absolument à ce qu'il boxe pour son régiment, mais le jeune homme refuse...

Un an après "Le train sifflera trois fois", Zinnemann revient avec un autre film destiné à rester comme un grand classique du cinéma américain : "Tant qu'il y aura des hommes", avec sa distribution en béton et son histoire romanesque, avec en toile de fond la menace de la seconde guerre mondiale aux portes des USA.

Le film est dominé par Montgomery Clift dans le rôle du jeune boxeur rétif. Il est entouré d'un Burt Lancaster massif en sergent bourrin mais juste, de Frank Sinatra (oscarisé pour l'occasion), Deborah Kerr, Ernest Borgnine en méchant...

"Tant qu'il y aura des hommes" dépeint alors une vie de garnison oisive, composée de militaires faisant de vagues projets d'avenir, vivant de vagues amours interdites pour oublier l'ennui d'une routine sans objet. Bien joué et bien scénarisé, le souci de "Tant qu'il y aura des hommes" est que son propos et son récit sont quand même bien maigres. En fin de compte, ses péripéties et ses personnages s'avèrent prévisibles. Le film ose certes des audaces pour son temps (dont le fameux - et très court - baiser entre Kerr et Lancaster sur la plage, et aussi des bagarres assez violentes), mais en fin de compte, la guerre arrive et la morale reprend ses droits. Comprendre la bonne morale hollywoodienne, hélas, et ce mélo s'achève de façon conventionnelle, assez décevante. Bref, un long métrage désuet à mon goût, bénéficiant de bons acteurs et dialogues, mais ne laissant guère plus de trace qu'un mélo dans la moyenne. Bref, je ne comprends pas trop sa réputation mirobolante...

Vu sur le dvd français zone 2 de Sony Columbia, avec une copie 1.33 4/3 noir et blanc qui allie le bon et moins bon. Le bon, c'est un télécinéma de très belle qualité, très affuté et précis, rendant un excellent rendu de la texture cinéma et des détails de l'image. Le moins bon, ce sont des poussières et saletés qui reviennent quand même régulièrement sur l'ensemble du métrage. La bande son anglaise est proposée en mono d'origine, avec STF et VF.

Bizarrement, ce film pourtant très réputé dans le catalogue Sony n'a connu qu'une seule édition en DVD, même aux USA - hormis une édition superbit en 2004. Sony avait annoncé un bluray en Europe en 2009, mais il n'est en fait jamais paru dans ce format...
bluesoul
Messages : 5102
Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!

Re: Tant qu'il y aura des hommes - 1953 - Fred Zinnemann

Message par bluesoul »

Cette fois aussi (et je m'en excuse :wink: ) je suis d'accord avec le descriptif dans le detail de Manolito-san, mais pas quant a la conclusion. From Here to Eternity est un grand classique! 8))

Dans le fond, oui, aucun doute, on nage en plein melo, mais quant a la forme, pardon!

Un casting comme on en fait plus; une Deborah Kerr on ne peut plus sensuelle, un Burt Lancaster des plus stoiques, Ernest Borgnine dans le role du vil vilain violent :mrgreen: et Montgomery Clift dans celui de l'homme qui "resiste".

Bon, on n'est pas dupe. Le spectateur avec quelques milliers kilometres de pelicule derriere la cravatte se sait bien qui, Lancaster, tiraille entre son amante (Kerr) et son epouse (l'armee), choisira, de celle qu'il aime pour la vie et de celle pour qui il ira peut-etre jusqu'a se sacrifier.

On se doute de ce qui ne peut qu'attendre une raclure comme celle qu'incarne Borgnine, en esperant que ce dernier n'entraine personne dans sa chute.

L'on est a peine surpris de ce qui arrive a un Sinatra (trop) sympathique et ne se demande qu'une seule chose au final; qu'adviendra-t'il de Clift, celui qui a force de "marcher (tellement) droit", l'on ne sait plus vers quelle destinee ses pas l'entrainent.

Derriere la camera, Zinnemann nous livre un (melo-)drame dans un superbe noir et blanc qui fait un contraste assez marquant avec p.ex. Gone with the Wind, qui a besoin d'une armee de figurants, d'une duree Ben-Huresque, de couleurs flamboyantes, d'un incendie gigantesque, etc, etc. A la comparaison, l'on dirait presque un film "Dogma"! :D

Le veritable centre de gravite du recit, n'est en fait pas le couple Kerr-Lancaster, mais Clift dans son role d'homme qui ne plie pas. Tous les autres plieront d'une facon ou l'autre; face a l'amour, l'Histoire (avec un grand "H"), leurs pulsions.

Bibi se rappelle avoir decouvert la serie TV (1979) de Buzz Kulik avant. Si la realisation etait tres pro, impossible de me rappeller des persos, sauf bien sur de Prewitt (Steve Railsback).

En fait, plus que la romance (reussie, mais super-classique), c'est la philosophie de Clift et son individualisme qui est au coeur du sujet. En fait et perso,
Spoiler : :
C'est quand il fait une "concession" dans le recit..qu'il signe sa destinee...
.

Un grand film pour bibi.

From Here to Eternity: 4.5 / 5 (de memoire)
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
DPG
Messages : 5461
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:03 pm
Localisation : Higher, toujours ailleurs

Re: Tant qu'il y aura des hommes - 1953 - Fred Zinnemann

Message par DPG »

Découvert hier sur le BR français (voir ci dessous), exclu Fnac qu'on trouve souvent bradé ici ou là, j'ai du payer le mien 5 ou 6 euros neuf (copie de très bonne tenue)

A la fois conquis et mitigé par ce classique hollywoodien. On a certes un mélo très convenu, mais fait avec soin, des acteurs ultra charismatiques au top, une mise en scène solide, de vrais beaux moments de cinéma
Spoiler : :
le clairon de Clift pour la mort de Sinatra et cette caserne soudain muette !
. Après, c'est vrai aussi que les persos sont peut être un peu trop "figés", que tout cela se déroule sans grande surprise. Si certaines histoires se tiennent bien, d'autres sont traitées de façon un peu plus lointaine... Je trouve que la romance Kerr / Lancaster par exemple aurait pu être bien mieux... Mais on s'attache quand même à tout ce petit monde. L'abnégation de Clift est admirable (ça m'a rappelé le perso d'Andrew Garfield dans "Tu ne tueras point" sur bien des points), Sinatra attire forcément la sympathie, et globalement, tous ces militaires un peu paumés entre l'armée et une "vraie vie" souvent fantasmée composent un petit monde crédible, avec ses héros et ses salauds, mais surtout une majorité de gens "normaux" qui oscillent de l'un à l'autre selon les occasions. Voilà, je n'y vois pas forcément le classique indéboulonnable multi-oscarisé que l'histoire du cinéma nous a vendu, mais tout de même un solide film hollywoodien, du travail bien fait, où l'émotion arrive à percer à de multiples reprises. Bilan très honorable tout de même !

Image
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
Répondre