Un patron de mode sortant une nouvelle collection (Jack Lemmon) est en surchauffe permanente. Pendant 24 heures, sa vie va gentiment déraper. Pris entre des investissements qu'il ne peut faire, des arriérés qu'il ne peut honorer, il doit présenter sa nouvelle collection à ses acheteurs et décider de mettre le feu à une de ses usines afin de toucher l'argent de l'assurance. Seul moyen pour lui de respirer.

Oubliez le Lemmon comique, il donne ici une interprétation dramatique particulièrement remarquable. Remercié à juste titre par l'oscar du meilleur acteur en 1973. Il donne à son personnage un sens du besoin de tout et n'importe quoi. Enervé en permanence, il souhaite de l'argent mais également une autre vie. Porte des regrets éternels sur ce qu'il n'a pu faire, souhaite voir sa fille qu'il a expédié en Suisse parce que les USA "ne sont plus surs" et commence à avoir des hallucinations de ses amis G.I morts au combat en 1943. Il a envie de se laisser aller à un certain sentimentalisme, mais n'hésite pas à recourir à une prostituée afin de satisfaire l'un de ses plus gros clients. Il avance canin-caha dans sa journée, faisant face à ses échecs, ne valorisant que trop peu ses actions, mais sombrant dans une dépression post-American Dream. Les limites d'un système qui permet toute libre entreprise, mais qui ne se repose que sur le contournement de la loi pour s'en sortir.
Le film oscille aussi entre ces deux aspects. Une peinture sociale très amère, d'un homme au bord de tout perdre -y compris lui-même-, faisant tout pour ne pas tomber dans le vide, y compris pour mieux s'insérer dans une société qui le broie (un peu comme Rocky, quoi!). mais les dialogues vont du péremptoire à la leçon de morale facile. C'est dommage, car les acteurs livrent des numéros sensationnels!
Le final, lui aussi doux-amer, est un constat d'échec à la fois des personnages (y compris Jack Gilford, le partenaire droit de Lemmon, qui aura échoué) et d'une certaine conception de l'Amérique. se reposant sur sa gloire du passé mais ayant peu de foi en l'avenir.
Son discours plein d'amertume sur une Amérique diluée a pu paraitre discordant à l'époque, mais la période de crises à répétition que nous vivons actuellement lui donne une autre tonalité.
Vu sur le dvd Z2 Paramount. 1.85:1 et 16/9, mono deux canaux avec stf. Un grain présent mais des couleurs plutôt vives, ça m'a étonné... le son est clair, les dialogues bien détachés, et l'excellente musique de Marvin Hamlisch vient doucement derrière chaque scène, sans envahir quoique ce soit. une bonne tenue
il y a un commentaire du réalisateur et du scénariste que je n'ai pas encore écouté...
Jack Lemmon sur le film et la difficulté de jouer le personnage :
http://www.youtube.com/watch?v=mFlqwa8AcrE
Son oscar :
http://www.youtube.com/watch?v=fMSGITS4wXQ