A Dandy in aspic / Maldonne pour un espion - Anthony Mann (1968)

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manuma
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A Dandy in aspic / Maldonne pour un espion - Anthony Mann (1968)

Message par manuma »

Krasnevin, alias Alexander Eberlin, un agent soviétique, s'est infiltré dans les services secrets britanniques. Le chef de l'Intelligence Service, Fraser, le charge d'éliminer Krasnevin et lui remet une photographie. D'abord inquiet, Eberlin est rassuré en découvrant que celui que les Anglais prennent pour Krasnevin est en fait un ami, Pavel. Pour préserver sa crédibilité, il doit sacrifier ce dernier ...

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Dernier film d’Anthony Mann (qui fut achevé par son acteur principal, Laurence Harvey) A Dandy in aspic (Maldonne pour un espion, en VF) est un pur produit cinématographique de l’ère froide, filmé en extérieurs à Londres et Berlin ouest, lieu symbolique s’il en est de cette guerre larvée. Ceux qui ont vu et apprécié Nos Funérailles à Berlin et L’Espion qui venait du froid seront donc en terrain connu ici, le film capturant là encore très bien cette ambiance à la fois insouciante et menaçante du Berlin nid d’espion de la seconde moitié des années 60. Une atmosphère qui compte d’ailleurs parmi les points forts du film, et à laquelle la réalisation d’Anthony Mann, sèche et tendue lorsqu’il le faut, souvent très ample, très ambitieuse dans ses cadres outdoors et clairement à son aise dans les séquences à forte figuration (cf. l’excellente séquence d’assassinat en pleine course automobile sur le circuit berlinois), participe pour beaucoup. Un style d’une grande classe, héritage d’une carrière placée sous le triple signe du film noir – une scène de passage à tabac bien brutale vient nous rappeler directement cette première veine de l’œuvre de Mann - du western et de la superproduction.

Autre atout du film : son interprétation. Avec, dans le rôle central de ce dandy fatigué / espion russe désireux de rentrer au pays, un Laurence Harvey idéalement employé, la froideur désabusée de son personnage s’accordant impeccablement à son jeu distant (raide, diront ses détracteurs, dont je ne fais pas partie). Une prestation contrastant en tout cas joliment avec celles, plus colorées, de ses partenaires, parmi lesquels une toute jeune et toute mimi Mia Farrow et le black listé Lionel Stander, interprétant non sans une certaine ironie un ponte des services secrets russes. A retenir enfin une très bonne partition jazzy de Quincy Jones (avec évidemment un peu de cymbalum au programme, ambiance guerre froide oblige).

On rate néanmoins le statut de classique du genre, par la faute d’un scénario finalement peu exaltant, aux enjeux pas toujours très clairs et aux personnages laissant le spectateur relativement de marbre tant ceux-ci font en toute occasion preuve d’un cynisme glacial.

Un cran au dessus des plus rigides encore The Looking Glass house (Frank Pierson) et The Deadly affair (Sidney Lumet), mais en deçà du Martin Ritt pré-cité. Diffusé en ce moment sur Ciné Polar, en VO.
bluesoul
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Re: A Dandy in aspic - Anthony Mann (1968)

Message par bluesoul »

Ceux qui ont vu et apprécié Nos Funérailles à Berlin et L’Espion qui venait du froid seront donc en terrain connu ici,
Marrant, je me sens interpelle. :D

Des popovs qui l'ont mauvaise, des allies plutot torves, je prends! 8))

Tente, vu qu'il est a pecho sur Mazon.co.uk a prix vil. Deja sur ma wishlist, tout en haut.
:-D
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Superwonderscope
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Re: A Dandy in aspic - Anthony Mann (1968)

Message par Superwonderscope »

J'adhère aux propos de Manuma, en y ajoutant un Scope judicieusement utilisé (on est sur du Panavision 2.35:1), avec des plans splendidement composés.
J'aime assez bien le personnage de Mia Farrow, mi-énigmatique, mi-anglaise pop (on croit presque sentir l'influence d'Emma Peel/Tara King pour l'appartement, le comportement désinvolte, l'humour en demi-teinte...), qui semble intervenir au sein des intrigues (ou pas). L'aspect complexe de l'ensemble est en ce sens particulièrement bien rendue et ce jusqu'à la dernière image.
Je suis convaincu par Lionel Stander, qui donne plus dans le cliché du chef russe jovial, un peu ce style de jeu qu'il aura jusqu'à la fin de sa carrière. Il me parait singulièrement déplacé ici.

Ce qui m'a le plus intéressé, c'est l'aspect de cet homme qui souhaite en finir avec sa vie d'espion et rentrer "chez lui", en Russie. A moins qu'il ne soit un agent triple? Ou juste une marionnette manipulé par les deux blocs pour d'autres fins? Harvey a en effet un jeu très "raide", mais c'est au diapason de son personnage. J'aime bien!
la différence sur quelques scènes prise en charge par Harvey (le final, les zooms...) et celles de Mann, plus posées et das l'installation de l'ambiance via les acteurs, rarement par le mouvement de caméra.
J'ai passé un très bon moment, appréciant cette mise en scène rude, assez "old school" pour 1968, loin des expérimentations de Sydney Furie, p.ex et e cal "coolitude" de Michael Caine. Mais cette personnalité honore l'ambiance particulière et très stylée du film.
Recommandé!

A noter un superbe générique de début, très en phase avec la destinée de cet anti-James-Bond.

Le DVD UK Sony respecte le score avec 16/9e, dans une copie peut-être un peu sombre par moments. Il y a des stf et une VF.
1h43

A pas cher en ce moment !

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Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
manuma
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Re: A Dandy in aspic - Anthony Mann (1968)

Message par manuma »

Tiens, petite coïncidence, je viens de finir Greetings de de Palma, et l’un des personnages passe justement devant un cinéma diffusant A Dandy in aspic. Dans son intéressant commentaire audio, Thoret trouve d’ailleurs une petite justification à l’évocation de ce titre par le cinéaste.
comte vonkrolock
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Re: A Dandy in aspic / Maldonne pour un espion - Anthony Mann (1968)

Message par comte vonkrolock »

Un film atypique dans la filmographie de Anthony Mann et qui montre encore une fois l'étendue de ce très grand cinéaste.

Une Mia Farrow et un Lawrence Harvey bien utilisé dans le contexte des sixties, cette guerre souterraine de Londres à Berlin entre l'Ouest et l'Est. Le scope y est parfaitement utilisé, logique avec un réalisateur qui a autant tourné de western dans se même format.
Il montre des enjeux par toujours vraiment clair, mais à juste titre qu'est se qu'il est dans une guerre ou l'ont ne voit pas son adversaire directement, ou chacun peut se retourner contre le camp adverse. Encore une fois comme sur l'Espion qui venait du froid le mal être de l'agent y est bien mis en avant.

Vu sur le très correcte DVD éditer par Sony Columbia, copie très propre, une compression qui se fait transparente tout juste pourrait-ont noté les quelques halos autour des acteurs, rien de bien méchant en somme.

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Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
Snake Plisken Escape from NY
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