Sur fond de swingin' London, cette oeuvre de jeunesse de Tinto Brass est un pur exercice formel complètement vain et creux. Mais c'est aussi, pendant plus d'une heure, des plans sur la bouille boudeuse de la blonde héroine. Qu'elle se trémousse, qu'elle court à perdre haleine ou qu'elle se roule dans les draps, un pur fantasme de baby doll. C'est aussi les chansons et les rythmes pop d'Armando Trovajoli. C'est enfin la captation sur le vif d'une folle insousiance dans les rues animées de Londres.
Si l'on y ajoute un nain kidnappeur, un maître-chanteur retrouvé la tête fracassée sur le sol ou Jean-louis Trintignant se déguisant en pilote automobile, le tout découpé dans des cadres dans le cadre, avec des effets de lumière incessants, on obtient là l'improbable chaînon manquant entre Chapeau melon et bottes de cuir et les "divertissements" de Jean-Christophe Averty. Ne manquent plus que le décorum wharolien et les citations asiatiques et cinéphiliques, et vous obtenez un cocktail roboratif.
Découvert à la Cinémathèque, là où le film est tout à fait à sa place. Car il s'agit bien d'un pur objet d'art contemporain à présenter dans un musée, en l'occurence celui du cinéma.
En cinquième vitesse - Tinto Brass (1967)
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team