Le fil - Medhi Ben Attia (2009)

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Superwonderscope
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Le fil - Medhi Ben Attia (2009)

Message par Superwonderscope »

Malik(Antonin Stahly-Vishwanadan ) revient en Tunisie après avoir vécu en France. Il doit faire face au deuil de son père, l'accueil envahissant de sa mère (Claudia Cardinale), avec des angoisses enfantines qui remontent à la surface - comme ce fil imaginaire dont il n'arrete pas de s'enrouler jusqu'à s'évanouir. Ses problèmes semblent disparaitre à la rencontre de Bilal (Salim Kechiouche), qui habite dans la propriété de sa mère.

Petite sortie sur 7 copies en 2010, joli succès de niche et arrivée en Blu ray peu de temps après .
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Il est un peu surréaliste de voir le film, réalisé juste avant le "printemps arabe" qui allait se dérouler en Tunisie. De voir une demeure aussi bourgeoise de bord de mer, une famille métissée (Claudia Cardinale catholique française mariée à un tunisien musulman), avec un fils dans le placard et athée. Une timide représentation d'une femme voilée (la servante, très croyante), comme si le réalisateur avait voulu briser les images d'épinal qui règnent sur la Tunisie. oui, "nous vivons comme vous, parfois" semble dire Medhi ben Attia (qui a collaboré aux scénarios des films de Téchiné Loin et Impardonnables). Des préoccupations essentiellement sociétales où la religion n'interfère que très peu. Mais qui concernent visiblement une partir de la population privilégiée. meme si le père (mort) indique qu'il haissait les bourgeois de tous poils - et qu'il était un homme qui lui donnait à son prochain, car il le pouvait.

Le film est d'une facture technique magnifique. Un scope lumineux, un cadre ample qui rend à merveille les beautés naturelles. Tout comme l'insertion des humaisn qui semblent presque déranger la nature.

Claudia Cardinale est un peu la reine-mère, sans fard, et oscille entre le terrifiant et la protectrice de son fils. Elle en fait parfois un peu trop dans certaines scènes d'explication avec sa fmaille....Le ton oscille entre la comédie de moeurs, le drame et ce parfois de manière maladroite. des dialogues plaqués, trop theatraux par moments - presque trop écrits. il manque ce petit rien de naturel. Tous comme les acteurs et actrcies, sorte d’idéalisation du "beau" à la tunisienne. Difficile de s'identifier à qui que ce soit et à ressentir vraiment le drame intérieur de Malik.

La rencontre avec Bilal (Salim Kechiouche, absolument parfait) va dégoupiller le reste des non-dits, et c'est mené sans sens aucun de mal-être ou de malaise. mais de manière naturelle, un changement de prise de position concernant le sujet de l'homosexualité au Maghreb (à l'inverse des films de Nouri Bouzid, bourres de culpabilité, par exemple, pour L'Hiomme de cendres ou Bezness). D'ailleurs, Malik accepte d'etre le mari de façade de sa meilleure amie qui est lesbienne, en couple, et qui s'est fait inséminer "en Espagne", afin que l'enfant puisse avoir un père. Très progressiste, à la fois dans le discours et la manière de la présenter.

La fin du film fait irrémédiablement penser à Maurice, mais c'est surtout que pour une fois, alors que la menace et l'ambiguité plane le long du film
Spoiler : :
on assiste à un happy end. ca change.
Je ne sais pas si le film a été diffusé en Tunisie, mais il y a des chances qu'il soit interdit!

Visuellement léché, un peu paresseux sur les dialogues, avec des acteurs qui sont très bons, Le Fil se laisse agréablement suivre, marquant pour un film parlant de sujets quelque peu brulants en Tunisie. Mais traité de manière trop melodramatique à mon gout.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
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