
Le savant Faust se rend chez un usurier bizarroïde qui lui propose un pacte hors du commun en échange de la jeune et belle Margarete...
Tout auréolé de son Lion d'Or vénitien, cette nouvelle version de "Faust" (en allemand) s'impose tout de suite par le style visuel très personnel de Sokurov, à savoir des images très léchées, foisonnante de détails, ainsi que des procédés cinématographiques peu communs (tel le recours étrange à la distorsion de l'image). Il y a aussi tout un bagage culturel riche avec des souvenirs de Bruegel ou de Dürer, aboutissant à un cinéma vraiment différent, plongeant réellement ses racines en profondeur dans le terreau du cinéma européen. Un vrai style, très personnel, radicalement éloigné de l'omnipotence hollywoodienne, c'est déjà bien, c'est même beaucoup, et tellement rare.
Malheureusement, le film lui-même s'avère fort bavard, long (2h20), redoutablement monotone, laissant le spectateur dans la confusion, entre bavardages hyper littéraires et propos jamais net. Le film se voudrait un espèce de foisonnement narratif baroque dans la tradition du "Manuscrit trouvé à Saragosse", mais laisse en fin de compte sur un sentiment mêlé d'admiration devant la beauté des images et l'ennui d'une oeuvre qui semble ne jamais décoller. Intéressant, mais dommage aussi !