Antoine Malibran attend sagement sa fiancée, Carol, devant la banque qui l'emploie. Un premier malentendu, consécutif à un hold-up, l'envoie directement en prison partager la cellule du redoutable Fredo la Terreur. Un second concours de circonstances lui permet de s'évader, alors qu'il s'était paisiblement endormi sur la banquette arrière de la voiture du directeur. Bien élevé, Antoine regagne quelque temps après sa cellule, sous l'oeil ébahi de ses gardiens, et celui, franchement admiratif, de ses compagnons de cellule, impressionnés par tant de finesse tactique. Peu après, il trouve le moyen de s'évader une seconde fois contre son gré...

On l’appelle Catastrophe se situe dans la filmographie de Richard Balducci entre Salut la puce, ultime association du cinéaste avec Jean Lefebvre, et Le Facteur de Saint-Tropez, tentative (désespérée) de surfer sur le succès des Gendarmes de Saint-Tropez avec De Funes. Il s’agit du premier grand rôle au cinéma de Michel Leeb, humoriste vedette des années 80 dont personne ici n’a oublié l’imitation de la mouche et du cafard dans les spots publicitaires de la marque d’insecticide Baygon.
On est tous d'accord : ce film est complètement nul. Les acteurs sont mauvais (avec palme directe pour l'acteur incarnant le directeur de la prison, qui semble avoir eu pour seule consigne d’essayer d’imiter De Funes), la réalisation et la direction d’acteurs tiennent de l’amateurisme le plus paresseux, les gags sont totalement foireux et visuellement, c’est moche à faire peur. Et pourtant, à ma grande surprise, j’avoue avoir trouvé cette … catastrophe plutôt agréable à la revoyure. Déjà parce que le film est très court. Ensuite parce qu’on ne sait jamais où sa rocambolesque intrigue va nous mener. Enfin parce qu’il y a un petit quelque chose de surréaliste - ou plus précisément d’involontairement décalé - dans la façon dont Balducci plaque artificiellement sur son histoire les plus célèbres mimiques, grimaces et autres imitations de sa star.
Et puis il convient de s’arrêter deux minutes sur le quart d’heure africain du film. Un vrai passage « collector », combinant un humour caricatural douteux d’un autre âge à une vision dans le fond assez éloquente (si présentée de manière ultra grossière) de la France-Afrique, avec nos marchands d’armes débonnaires servant la soupe à un président auto-proclamé. On frôle alors presque le politiquement incorrect !
Un véritable objet cinématographique de curiosité, totalement inepte question humour mais pas intégralement dépourvu d’intérêt dans ses involontaires à-côtés. Diffusé en ce moment sur Ciné + Famiz dans le cadre d'une grande rétrospective Richard Balducci.