
Passé complètement inaperçu en France lors de sa sortie en juillet dernier, et c'est bien dommage. Film réalisé par le fils de Sergio Sollima qui semble prendre une stature digne du papa.
Suivant le roman éponyme paru il y a 4 ou 5 ans en Italie, A.C.A.B suit le parcours d'une groupe de Celerini (en gros, les CRS Italiens) qui est composé de trois vétérans ( Pierfransceo Pavino, Filipo Nigro, Marco Galliani), d'un qui a quitté le groupe (Andrea Sartoretti) et d'une nouvelle recrue (Domenico Diele) qui vient de la rue, visiblement des memes groupes de tifosi violents que les Celerini affrontent.
Très violent, matière à controverse, portraits sans concessions d'une confrérie qui est borderline. Violences (in)volontaires, agressions de la part des minorités ultrà, des neo-nazis italiens, quotidien gris fait d'expulsions des immigrés, de locataires d'immeubles, de soirées au stade lors de matchs à risques.. c'est rude.
Camera rentre-dedans, dialogues crus. Le film montre bien l'ambivalence comportementale et surtout, l'incompréhension de la jeune recrue qui ne saisit pas la portée de l'acte confraternel. Racisme latent, vies à la dérive, les Celerini sont confrontés à un quotidien qu'ils ne maitrisent plus : le fils du vétéran se fait happer par l'extreme droite, Negro (Filipo Nigro) frappe sa femme et oublie sa fille pour aller péter la gueule à des soulards qui ont menacé son pote Mustafa, Cobra (P. Pavino) est en procès pour avoir délibérer cassé les dents à un supporter. rien ne nous est épargné, idem pour des affrontements assez brutaux avec les tiffosi ou des destructions de camps Rom. Le quotidien et leur ambiguïté est vraiment très bien rendu, très "en pleine gueule".
Ca n'est pas spécialement fin dans son approche du problème politique. le personnage du candidat aux élections qui promet beaucoup et finit par se prendre une mandale de la jeune recrue insatisfait de sa réponse, c'est réducteur de la aprole politique. Mais en même temps, tellement vrai dans la défiance que les italiens font aux politiques actuellement.
En voyant la séquence avec les neo-nazis, je n'ai pu m’empêcher de penser que cette saloperie de parti grec "Aube Dorée" vient de s'implanter là-bas et qu'il y a un terreau favorable avec une jeunesse totalement larguée.
Pas vraiment d'échappatoire, le film montre la vie de ses (anti) héros comme un combat perpétuel, dans tous les domaines. Aucune possibilité de calme, même apparent, tant la violence fait partie intégrante de leur manière de vivre. Seule manière de survivre? Le discours reste ambigu à ce sujet, mais c'est très riche à voir.
Vu sur le blu ray Itaklien de chez 01 Distribution. 1h49, 2.40:1 avec un superbe transfert HD. Les détails sont précis, les contrastes dans les scènes nocturnes admirablement bien gérés (NB : le film a été tourné en 35mm). Piste DTS HD MA 5;1 puissante, avec des arrières présents mais pas envahissants. on est dans les émeutes, particulièrement réalistes.
Avalanche de bonus : tournages, making of, entrainement des acteurs, interviews.... c'est passionnant! Particulièrement l'élaboration des combats, le tournage de la scène de destruction du camp rom. on voit que le produit "bonus" n'est pas vraiment codifié comme aux USA...
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