Un pur produit indie des années 80, assez nettement influencé par l’univers du clip video. Le film s’ouvre sur une séquence de concert rock filmée en un seul et long travelling avant, et l’on sent déjà l’envie d’en imposer visuellement, de créer un univers en seul plan, au risque peut-être de négliger la cohérence et le rythme de l’ensemble. Et c’est d’ailleurs un peu ce qui se produit ici, car si le film n’est pas avare d’idées visuelles intéressantes, il est quelque peu languissant par moment et fonctionne plus à l’effet de surprise instantané qu’à l’étude vraiment sérieuse de ses personnages.
Ceci dit, et même s’il ne marche vraiment que par à-coups, le film vaut quand même le coup d’œil pour son ambiance bizarroïde teintée de fantastique, sa bonne dose d’un humour décalé par moment extrêmement savoureux (la scène de présentation de l’invention, celle du détournement du bus) et les prestations inspirées de Keith Gordon, plus weirdo que jamais, et Bob Gunton, en prédicateur parano.
Dans son étrangeté discrète et l’âpreté de certaines ruptures de ton (cf. la conclusion), il me semble par ailleurs annoncer un peu le propre cinéma de Keith Gordon.