L'énigme du Chicago Express - Richard Fleischer - 1952

[DPG]

L'histoire : Le détective Walter Brown est chargé de protéger Mrs Frankie Neall, veuve d'un bandit mort récemment, de ses assassins lors de son voyage en train de Chicago à Los Angeles. Son compagnon s'étant fait abattre dès le début du voyage, l'affaire est donc compliquée d'autant que l'on recherche activement Mrs Frankie Neall...


Petite série B emballée par Fleischer pour la RKO au début de sa carrière. Sympathique polar, rondement mené (71mn) dans le cadre exigu d'un train. On pense aux classiques du genre, "Une femme disparait" d'Hitchcock en tête, et si le Fleischer n'atteint hélas pas ce niveau d'excellence, il n'en reste pas moins un agréable divertissement correctement torché. Le tout se laisse suivre avec plaisir, le cast d'inconnus tient bien son rang, le scénario réserve son lot de péripéties pour rythmer sans ennui ce petit voyage sur les rails. Pas d'énormes surprises à l'horizon, ni sur le fond, ni dans la forme, ça reste un petit budget sans prétentions, qui ne marquera pas l'histoire du cinéma, mais qui remplit plutôt bien son contrat !

[Superwonderscope]

The Narrow Margin est une excellente série B, voire une des toutes meilleures. Pas un hasard si la personne à l'origine de l'histoire est le même que celui du DETOUR d'Edgar G.Ulmer, là-aussi parmi les meilleures séries B "noir" du cinéma.
Fleischer maitrise avec merveille son univers en repoussant les limites budgetaires. Superbe gestion de l'espace, tendu et qui échappe aux clichés habituels du film noir (les rues d'une ville, les bas-fonds..) en localisant l'intrigue dans un train. Ca n'était pas nouveau comme concept (voir le tout aussi bon Tall Target) mais le traitement s'y avère différent. C'est tendu, direct, vif et suivant un scénario-canon, du concept jusqu'à l'assemblage des personnages. La mise en scène privilégie un aspect claustro dans les poursuites, avec un minimum de dramatisation (peu de musique, si mes souvenirs sont exacts), reposant sur l'image et les quelques effets sonores. Un modèle de concision visuelle!

Le remake par Peter Hyams (avec Gene Hackman) est un peu plus spectaculaire mais peut-être moins réussi -mais que j'aime tout autant, malgré Anne Archer-.

[Superwonderscope]

Revu sur le DVD Montparnasse (de qualité assez moyenne mais regardable). Quelle série B, quand même Un traitement de 1e classe, une sophistication inattendue dans la composition de splans, une caméra mobile même dans les recoins les plus petits (lors d'une bagarre, Charles McGraw donne carrement des coups dans l'objectif!). Une photographie magistrale, des dialogues secs et vifs (Marie Windsor a les meilleurs)
Un film sur le jeu des apparences, les clichés inhérents à la fois au genre Noir auxquels le spectateur est habitué, mais également sur ceux de l'image renvoyée par les personnages, l'intrigue. Qui se fait vraiment avoir?

Il est assez amusant de noter les changements qui seront opérés dans le remake (qui gardera ce jeu sur les faux-semblants en inversant intelligemment certains propos).

Bref, c'est un petit chef d'oeuvre, bien plus important qu'il n'y parait. Une merveille d'écriture et de décryptage du langage de l'image et de son pouvoir. L'essence même des films B qui surnagent dans le temps et dépassent sans aucune peine des films aux propos plus ambitieux.

A découvrir de toute urgence pour ceux qui ne connaissent pas.