
Au Canada, deux jumeaux reçoivent à la mort de leur mère les dernières volontés de celle-ci : cette émigrée du moyen orient leur demande de retrouver leur père et leur frère. Simon refuse de suivre ce testament qu'il prend pour du délire, mais sa soeur Jeanne part pour retracer l'histoire de leur mère...
"Incendies" est l'adaptation cinématographique de la pièce du même nom, écrite par le Canadien d'origine libanaise Wajdi Mouawad. Elle se déroule au moyen orient et a été tourné entre le Québec et la Jordanie.
L'intrigue fait très, très nettement référence à la Guerre du Liban, avec opposition entre chrétiens et réfugiés palestiniens. Mais bizarrement, le film ne mentionne jamais des noms réels de pays ou de ville : on ne parle pas de Palestine, de Liban, d'Israel, même si on les reconnaît de manière vraiment transparente. Par exemple, quand un personnage parle de l'invasion du Liban par l'armée israélienne, il parle d'une "invasion étrangère".
Je comprends la motivation de ce choix dans le cadre d'une pièce de théâtre où l'action peut se permettre d'être assez abstraite. Mais dans le cadre d'un long métrage de cinéma, je trouve ça plus discutable. Le spectateur qui débarque d'emblée peut se retrouver perdu. Le film a une structure relativement compliquée, en flashback ; et le film ne fait pas trop de cadeaux au spectateur : pas d'indication de date, de lieu. Pour qui connait un peu l'histoire du Liban, c'est déjà un brin confus. Alors pour les autres... !
Par ailleurs, pour rester dans la perception historique, "Incendies" laisse sur une impression peut-être plus pro-palestinienne que pro-chrétienne. Je prends des pincettes quand même en disant cela car les palestiniens sont loin d'être décrits comme des petits saints, ils se livrent à des monstruosités. Mais la balance de l'atrocité peut sembler peser plus côté chrétien. Pour info complémentaire à ce sujet, précisons quand même que Wajdi Mouawad vient d'une famille libanaise chrétienne.
Le film lui-même se présente d'abord comme une fresque familiale assez classique, tragique, avec une excellente interprétation, des paysages jordaniens superbes, une atmosphère crédible. Toutefois, il mène à des rebondissements et des coincidences énormes en cascades. Cela n'a rien de surprenant pour un texte venant du théâtre, n'hésitant pas à loucher lourdement vers la tragédie grecque
Spoiler : :
Pourtant, ce jeu de piste de l'horreur est intense, prenant, une fois qu'on parvient à démêler présent et flashbacks (pas toujours évident au début), le récit est fluide, fort. Manquant un peu de nuance, c'est certain, mais bien agencé, ne vous lâchant pas durant les deux heures de métrage. Un bon film, bien fait, avec beaucoup d'aouts... mais qui me laisse quand même sur une impression de réserve.

Vu sur le bluray anglais sorti le mois dernier. Il propose une copie 1.85 HD de toute beauté, il n'y a vraiment rien de très grave à lui reprocher. Quelques plans sombres un peu ternes, un peu de bruit de compression par endroit... De la broutille, c'est de la vraie bonne HD de qualité ! Bande son en version originale (en arabe et français) en dts master 5.1 sans problème. Avec STA.
En France, CTV vient de sortir le dvd il y a peu, mais pas de bluray chez nous... Alors qu'il a été quand même un bon petit succès d'Art et Essai.