C'est une vraie surprise que ce Blood on Satan's Claw de Piers Haggard (1970).
Anchor Bay (Z2 UK) a sorti un dvd de toute beauté (deux jaquettes possibles: celle de 2003 et l'affiche originale):

93 mn
1.85: 1 widescreen (helas sans 16/9)
2.0 mais également DD 5.1 et DTS ( une nouvelle fois, le travail sur la spatialisation du son est superbe. rendu des bruitages, musique, dialogues -qui parfois , lorsqu'ils sont en voie centrale, ont tendance a être étouffés par la partition musicale)
Commentaire de Piers Haggard, l'actrice Lynda Hayden, du scénariste, le tout modéré par Johnathan Scott (ce qui, une fois de plus , est parfois pénible à suivre tant les intervenants sont nombreux et ne racontent pas forcément qq chose en rapport avec l'image. j'avoue n"anmoins ne pas être allé au bout!)
2 bandes-annonces (UK et US)
1 featurette sur Linda Hayden "An Angel for satan", retraçant sa carrière des années 70.
Bios
Histoire originale qui a mené au film.
Lorsque le film s'est achevé, j'ai une pensée fugace : Hammer, du balai! En effet, le film est en rupture quasi-totale avec ce que la hammer fit la décennie précédente. Tant d'un point de vue visuel que scénaristique.
Tout d'abord la copie restaurée est absolument magnifique (si on enlève un changement de bobine présentant quelques aspérités blanches au beau milieu du film). Une volonté très naturaliste de privilégier les décors extérieurs Vs décors intérieurs à la Hammer. ce qui donne un aspect curieusement très anglais, très peinture du 18eme...on retrouve des paysages à la Gainsborough ou même William Hogarth...le tout subitement contrecarré par une présence maléfique.
Angleterre, 18eme siècle. Un fermier découvre des restes de bete dans son champ. le juge du comté (Patrick Wymark) ne croyant pas aux croyances locales n'y prete guère attention. Mais des évenements bizarres se déroulent au village : une femme devient subitement folle, son fiancé délire méchamment et se coupe la main...et une bande de jeunes en viennent à des cérémonies étranges menant aux meurtres, avec comme leader la jolie Angel Blake (Linda Hayden)... un démon serait-il aux portes de la terre?
Grande originalité : le film s'attache énormément à ses personnages. Plongée dans la vie du quidam local : fermiers, ecoliers... grande précision dans le descriptif de leur vie, attachement aux détails...un véritable fondement social.
Une atmosphère délétère s'installe rapidement dans le film...la présence du malin y est palpable. certaine scènes d'épouvante sont assez réussies, le tout magnifié par un superbe travail sur l'ombre et la lumière qui créent l'effet plutôt que le classqieu "ouh-fais-moi-peur" avec irruption brutale à l'écran. le film fait naître la peur plutot que de créér des surprises de temps à autres.
Le film centre son attention sur la transformation d'Angel Blake. linda Hayden avait 18 ans à l'époque, et c'est peu dire qu'elle était effarouchée. Chargée d'érotisme, elle se déshabille devant un pretre afin de le séduire puis le détruire...elle organise un viol dans une église en ruine avant d'assassiner la jeune fille.
Cet érotisme est nimbé de violence et on échappe pas à de timides accès gore (l'homme qui est assailli par la griffe du démon s'empare d'un couteau et lui tranche violemment la main , sans réaliser qu'il s'agit de la sienne...on assiste à un décollage au couteau d'un morceau peau de satan sur une jeune fille).
Une véritable antre de folie s'est emaprée de ce village paisible. Peu de raison gardée : adeptes du "maître" ou non, le village est sous l'emprise. seul le juge tentera une solution désespérée.

le look du démon reste peu visible (hormis son impressionnante griffe). on peut déplorer un final ou il n'est pas assez dévoilé...Et quand il l'est, c'est assez décevant. Néanmoins, la mise en scène du final rattrape le coup, mélange curieux d'arret sur image et de ralenti.

La partition de Marc Wilkinson est une vraie surprise là aussi : dotée d'un thème riche qu se marrie avec le côté romantique de la campagne anglaise soudainement déflorée par le malin. Dans la veine des créations d'Harry Robertson pour Twins of Evil ou Vampire Lovers...mais un cran nettement au-dessus.
Le film a su garder, 34 ans après, un côté sulfureux et une petite ambiance païenne pas désagréable. sans charger le côté pro-religieux (qui est curieusement délaissé) tout en privilégiant de vrais personnages auxquels on s'attache. Quelques pans de l'histoire demeurent volontairement mystérieux, ce qui rajoute un charme supplémentaire à cette véritable réussite du fantastique anglais des années 70.
