Documentaire en Scope du réalisateur des Terres Froides et de Presque Rien. Mine de rien, c'est assez incroyable à voir. des destins et histoires ordinaires, qui en deviennent extraordinaires. Des détails qui montrent à quel point l'être humain a la mémoire courte : Pierrot (82 ans) raconte qu'il fallait tenir tête à sa grand-mère, surtout lorsqu'il lui a demandée couper un pantalon pour en faire un short - refus catégorique "ça ne se faisait pas"
il l'a donc fait lui-même. Le refus de l'ordre établi, à la campagne, passait par là.C'est un éclairage inattendu et jamais montré sur l'évolution de l'histoire française entre 1945 à nos jours.
Belle mise en scène, aussi. des idées ingénieuses, comme cette caméra filmant une route sous la pluie. Image floue devenant claire et nette, au fur et à mesure que l'un des protagonistes raconte sa vie qui devient, elle aussi, claire. Un autre revient devant la bastide de son enfance, abandonnée, la nature reprenant ses droits - contrairement à sa vie où il a justement commencé à vivre quand sa famille fut derrière lui.
Un Scope ingénieux, avec une caméra qui ne meut très peu. Cadrée très près, l'une des protagonistes bouge dans le cadre, devant la gare abandonnée du village de son père, avec les larmes qui montent aux yeux, emportée dans son émotion de parler de murs qui, eux, on vu passer tant de gens, vu passer son père, qui ont probablement une âme (eux). Un moment très émouvant (moi aussi, j'avais une larme à l'eil).
A côté de ça, des moments très drôles, cocasses même. Voir le vieux couple marseillais qui se chamaille comme des jeunes
Des témoignages effacés, poignants, vivaces, d'un temps passé pas si eloigné mais dont la mémoire collective a fait défaut - ou a occulté par manque de documents. Surtout sur un sujet qui n'attirera pas grand monde - c'est dommage, car le thème est universel. Je suis ressorti du film ragaillardi, le sourire aux lèvres, avec la pêche. Des militants, sans l'être vraiment pour tous, avant l'heure.
Vu à l'UGC Normandie salle 4 - la copie numérique est étalonnée de manière assez curieuse, ressemblant à un look très années 70, au diapason des films super 8 anonymes retrouvés et qui font partie intégrante du récit.
1h56 qui paraissent bien moindres!
l'interview d'une des protagonistes et du réalisateur:
http://www.canalplus.fr/c-cinema/c-les- ... ibles.html
un extrait:
http://vimeo.com/42291418