J'ai fait le déplacement hier soir à 21h50 pour la dernière séance. On ne pourra pas dire que je suis un mauvais bougre...

Cela dit, le film a encore quelques séances cette semaine au Publicis.
Effectivement, c'est un film qu'on aurait pu prendre pour un film à sketchs populaires dans le style d'un Amicus ou un "Creepshow" mais, qui à part le Stanley et à la limite le Savini, n'a pas vraiment de rapport avec ce style de cinéma. Il s'agit plutôt d'une compilation de courts-métrages Underground, Underground avec des situations extrêmes et sanglantes certes, mais quand même plus proche de l'art et essai trash que d'un fantastique populaire mentionné ci-dessus.
Le Stanley est effectivement décevant, et il fait très peur en ouverture du métrage, avec sa photo banale, son interprétation amateur, la pauvre Catriona McColl qui surjoue comme une malade, son intrigue linéaire. Cela pue l'amateurisme et quand on se rappelle ce que Stanley était capable de faire avec deux bouts de ficelle du temps de "Hardware", la déception est rude !
Heureusement, les films suivants font plus pro, avec une photo et une mise en scène plus normales. "I love you" est intéressant, même si il a surtout bénéficié d'arriver derrière "Mother of Toads" et donc de forcément briller par contraste ! Cela dit, ce segment intimiste déçoit par un dénouement un peu bateau.
Le Savini remonte heureusement la barre avec un segment onirico-gore réjouissant et inédit, qui maintient bien l'attention au gré de rebondissements ininterrompus et d'effets gore soignés. Bien !
Le Douglas Buck est aussi très réussi, vraiment beau, avec une photo automnale superbe, bien joué, atmosphérique, macabre sans être grossier... une réussite, mais qui est sans doute ce qui s'éloigne le plus de ce qu'on attend quand on va voir une telle anthologie !
"Vision Stains" a le mérite de l'efficacité et est celui qui va le plus loin dans le glauque et le gore, défiant clairement le spectateur de continuer à regarder l'écran avec ces multiples plans de seringues s'enfonçant dans des yeux. Cela dit, c'est aussi d'une prétention imbuvable, prenant de bien grands airs pour un résultat au fond creux (c'est depuis que je suis aveugle que je vois clair, etc...

). Cela dit, le soin dans la photo, la mise en scène, le côté gore bien appuyé et balancé à la gueule du spectateur font quand même bien passer le temps.
"Sweets" souffre d'une histoire vraiment banale, mais là aussi, la mise en forme est très soignée, dans une ambiance américaine pop entre David Lynch et John Waters, un agréable moment d'humour noir, généreux dans le gore et dans le mauvais goût !
Les segments de connexion sont un peu inutiles, avec leur discours prétentieux et opaques ("il faut écrire sa vie pour trouver son destin", etc...

), mais cela fait plaisir de voir Udo Kier s'amuser apparemment bien à faire le monsieur Loyal.
Bref, une anthologie qui part vraiment dans tous les sens, et dont il est important de comprendre qu'il s'agit plus d'un projet underground qu'un film fantastique et d'horreur. L'ensemble est un peu trop hétéroclite et trop long. Mais sans les deux premiers sketchs, le résultat aurait sans doute été plus efficace et équilibré.
Cela dit, à part le Stanley, la facture technique est de bonne tenue, et le film est vraiment à sa place sur le grand écran, ne serait-ce que parce que la plupart des segments ont clairement été filmés dans cet optique. Enfin, c'est aussi un film qui comprend des moments vraiment méchants et qui n'a pas volé son interdiction au moins de 16 ans... Ce qui est pour moi une qualité !
Cela dit, "Family Portraits" de Douglas Buck avait quand même été un peu mieux distribué, alors qu'on est quand même dans le même créneau (mais il avait été plus nettement présenté comme un film underground/art et essai). Il sort presque chaque semaine en France des tous petits films bricolés avec bien moins de moyen et moins professionnellement qui parviennent quand même à sortir dans un circuit art et essai pointu (Espace saint michel, MK2 Beaubourg, Saint André des Arts) avec des horaires de journée ! Bref, "The Theatre Bizarre" n'a vraiment pas été gâté au niveau séances, son statut mélangé (cinéma de genre populaire ou cinéma art et essai underground ?) l'a peut-être un peu desservi.