Pendant le sommet du G8 à Gênes en 2001, la police décide d'attaquer l'école Diaz pensant déloger des extrémistes des Black Blocs. Va se suivre une interminable nuit de violences où 93 personnes seront battues, brutalisées, torturées, jusqu'à entrainer la mort.

Un vrai film politique qui se vit comme un coup de poing en pleine tête. cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti dérangé à la vision d'un film. C'était déjà un peu le cas avec A.C.A.B récemment - un autre film italien sur une groupe de "celerini" (équivalent des CRS) avec leurs exactions & états d'âme. Là, on passe quelque peu à un étage supérieur, le film recréant les événements dramatiques qui se sont déroulés en marge du G8;
Le destin de plusieurs personnes s'entrecroise au fur et à mesure du film. Leur vision, leur point de vue : des jeunes français, allemands, italiens, espagnols, une vieux syndicaliste italien, un journaliste de la Gazette de Bologne (situé à droite de l'échiquier politique), un journaliste français... se retrouvent tous au sein du Lycée qui sert de centre opérationnel du Forum Social, notamment pour le centre de communications.
A la faveur d'un événement bénin, le nouveau chef de la Police nommé décide de frapper un grand coup. persuadé que des éléments des blacks blocs ont infiltré le lycée - et sur la base de ouï-dire, il dépêche sans autorisation du magistrat 5 colonnes de "celerini" pour forcer les portes et "lâcher ses chiens".
La narration entremêle images réelles, reconstitution, passé, présent et points de vue. D'une action similaire, il est possible de voir 3, 4 points de vue en fonction des personnages. A chaque fois, un éclairage nouveau sur l'événement, qui abouti à l'attaque. le film commence justement sur une exaction d'un black bloc, et le doute qui saisit l'un de sintervenant (allemand) face à un français. L'un décide de partir, l'autre non. Leur destin est quelque part scellé, annonçant la suite de l'action. Où comment un moment d'espoir (le Forum Social) va se terminer en "pire privation de droits humains dans un pays démocratique depuis la seconde guerre mondiale".
La particularité est que les 93 personnes se sont rendues sans violence, comme l'indique plusieurs films retrouvés, et que les policiers se sont déchaînés malgré tout dans une vague de brutalité inouïe. Il fallait "casser" de l'humain. Les scènes des attaques sont en effet brutales, terribles et d'une violence réaliste qui peut faire mal au ventre. j'avoue m'être un peu senti mal à l'aise par moments, car les mauvais traitements que la caméra montre semblaient sans fin. Notamment les deux meurtres - même si on ne voit rien ou presque, la mise en scène prolonge un malaise palpable et tenace.
A peine espère-t-on le massacre terminé, que cela continue au centre de détention. le film s'est focalisé au milieu sur l'odyssée d'une jeune allemande (Jennifer Ulrich, incroyable), entre tabassage, humiliation et dégradation. Et les tortures recommencent, la caméra épargnant relativement peu de choses. On est très très loin d'un film d'exploitation. L'approche 'réaliste' (parfois documentaire dans les agressions) induit une sensation de mal.
Là où le film pêche, c'est dans sa description des politiques & des responsables policiers. Cela parait caricatural - hormis le personnage de Claudio SANTAMARIA, un des chefs des celerini. Le seul à se rendre compte de la gravité des actes barbares commis. C'est un peu le même problème qu'A.C.A.B, en fait. Une grande dextérité à pointer les faiblesses du système policier italien, mais de simplifier à l'extrême les décisionnaires des enjeux au niveau du scénarion et de la mise en scène. Celle de la conférence de presse finale est un modèle de ce souci du film. Même si son contenu est ahurissant.
L’Italie ne reconnait pas les actes de torture dans sa constitution, si bien que les responsables de ces actes n'ont jamais été inquiétés et ont pu continuer leur carrière ascensionnelle. jusqu'en 2012 où le jugement de cassation a été rendu pour 27 personnes accusées. Une part a été acquittée suite au délai de jugement trop long par rapport aux faits, mais ont résulté de peines avec sursis et de privations de droits civiques. Le Blu ray italien, dans ses bonus, nomme les personnes, avec leurs condamnations et le compte-rendu du tribunal.
Vu sur le Blu ray italien : la piste DTS HD MA 5.1 est proprement ahurissante

1h59
2.40:1
avec des sta
pas encore vu tous les bonus, assez riches à première vue.
DIAZ est une œuvre foisonnante, radicale dans son propos et sa forme, sincère, pas parfaite , mais un uppercut politique comme on en fait plus en France depuis belle lurette. les Italiens ont ça dans le sang, ça se voit, ça se sent.
Trailer :
http://www.youtube.com/watch?v=zkFueLX_bMg
Le film devrait sortir en salles le 5 juin 2013 par le Pacte. En clair : précipitez-vous pour le voir!