En 1959 sort sur les écrans ce "India" de Rossellini, au statut étrange, qui se présente comme un documentaire, puis qui s'avère en fait une suite de quatre récits réalisés selon des méthodes néoréalistes (décors réels, acteurs non professionnels), rappelant des films comme "Paisa" ou "La terre tremble". L'Inde décrite est celle des années 50, pour ainsi dire au lendemain de l'indépendance et la partition du pays (on traverse ainsi une ville musulmane déserte, avec sa mosquée abandonnée), un pays qui bascule doucement dans la modernité. Le premier segment, plutôt enjoué, raconte l'histoire d'un meneur d'éléphant dans un village, qui se marie. Le second récit est celui d'un ouvrier de chantier qui vient de terminer un immense barrage, et dont le couple est en crise. Nous suivons ensuite un vieil homme dans un village de la jungle, dont le quotidien bien réglé va être perturbé par l'arrivée de prospecteurs miniers. Enfin, nous suivons les aventures d'un petit singe de foire se retrouvant seul à la mort de son père.
Si le début fait un peu peur avec son commentaire banal et complaisant, "India" s'avère un film assez étonnant, on recoupe des souvenirs du néoréalisme, des contes de Kipling... La mise en scène a ce mélange de sobriété et de profondeur typique des meilleures réussites de son metteur en scène, il se dégage une poésie assez sombre de ce film étonnant, à découvrir car relativement méconnue.
Vu sur le dvd Films sans Frontières, copie 1.33 4/3 d'origine, en couleurs. le télécinéma est sans problème (bonne résolution, pas de bidouillage numérique, pas de compression), mais la copie de départ est détériorée, avec beaucoup de rayures, tâches... et des couleurs d'une densité très variable. Bande son VF (il n'y a en fait qu'un commentaire sur la musique et les bruitages) en mono 2.0 souvent criarde et saturée.