Lucas Miceli, commissaire de Police enclin à utiliser la manière forte, est chargé d'enquêter sur le meurtre du journaliste sicilien Enrico Gagliardi. Au bout de 24 heures, un coup de téléphone anonyme le conduit sur la piste d’un certain Turi Delogo, lequel confesse immédiatement le crime…
Cette coproduction italo-franco-allemande est le quatrième et dernier long métrage signé par le directeur de la photographie Camillo Bazzoni, frère du scénariste et réalisateur Luigi Bazzoni. Le film marque le retour de Frederick Stafford sur les écrans 3 ans après le Topaz d’Alfred Hitchcock.
Titre un peu oublié, j’ai l’impression, au sein du genre poliziesco, Abuso di potere est pourtant un excellent drame criminel, en prise directe avec l’actualité politico-judiciaire italienne de son époque. On y parle en effet de collusion entre la mafia et les hautes sphères de la justice, ainsi que d’une police travaillant sous pression, sommée de fournir rapidement des résultats sans se mettre à dos la presse de gauche ou l’opinion publique.
On pense par moment au cinéma de Verneuil devant l’efficacité simple mais sans faille de cette série B à la distribution 4 étoiles, menée par un charismatique Frederick Stafford en flic opiniâtre, loin des prestations monofaciales de Maurizio Merli. La scène de la course-poursuite automobile orchestrée par Rémy Julienne et l’ultime séquence débordant sur le générique de fin invitent en tout cas naturellement à la comparaison avec le cinéma du réalisateur de I… comme Icare. L’ensemble laisse en outre régulièrement transparaitre le métier premier de Camillo Bazzoni, dans le soin particulier porté à certains cadres (le plan de Stafford seul dans la carrière ou, à la fin, sur la plage… deux cadres qui se répondent, d’une certaine façon).
Autre atout de l’œuvre : son excellent score de Riz Ortolani, au thème central préfigurant celui de Non si sevizia un paperino, écrit l’année suivante. Notons enfin que, bien que son action soit censée se dérouler en Sicile, le film a été tourné en extérieurs dans la petite ville portuaire de Salerno, au sud de Naples. Décision sans doute discutable, mais cadre géographique plutôt original pour un poliziesco, en plus d’être très cinégénique.
