la question n’est sans doute pas inédite, mais elle est bien cachée (dans le forum)
il fut un temps (que je n’ai pas connu) où il n’existait ni rouleau, ni 78 tours, ni 33 tours, ni 45 tours, ni magnétophone à bobine, ni cassette audio enregistrable, ni walkman, ni CD, ni SACD, ni clef USB, ni Internet, ni lecteur mp3
il fut un temps (que j’ai connu) où il n’existait ni magnétoscope, ni VHS enregistrable, ni laserdisc, ni DVD, ni Blu Ray, ni ordinateur, ni Internet
il fut un temps où même la radio et la télévision n’existaient pas, un temps où le cinéma et les cinémathèques n’existaient pas
en ces temps là, seuls la chanson, la musique, le théâtre, le cirque, la magie, les fêtes foraines, le livre, et les combats de gladiateurs, existaient, avec un modèle économique qui se suffisait à lui même, basé sur le spectacle vivant
puis vint le cinéma, qui en sus du film, proposait bonbon caramel esquimaux chocolat, mais restait du domaine du temps réel, dans la mesure où après avoir vu un film, on risquait de ne jamais le revoir, sauf reprise, ou projection en cinémathèque (une fois celles ci créées, ce qui n’alla pas de soi, tant les films étaient considérés comme un produit commercial éphémère), ou (plus tard encore) passage à la télévision
le 78 tours permis d’écouter de la musique, quand on le voulait et autant de fois qu’on le voulait (dans la limite du catalogue), tout en constituant un complément de revenu aux artistes en concert, ou à leur producteur, idem avec le 33 tours et le 45 tours
les vidéogrammes (VHS V2000 ou Betamax) permirent de faire à peu près la même chose pour le cinéma, regarder des films quand on le voulait et autant de fois qu’on le voulait, le laserdisc, le DVD, et le Blu Ray permirent en plus d’ajouter des bonus
le magnétophone et la cassette audio enregistrable permirent 5 choses :
- la copie pirate (avec une perte de la qualité), identique à l’œuvre copiée
- la copie légale (d’une émission de radio)
- la copie légale (d’un évènement familial)
- la copie illégale (d’une conversation privée à l’insu des participants)
- les enregistrements pirates (des concerts introuvables dans le commerce ou inédits)
les magnétoscopes, enregistreurs de DVD, caméscopes permirent 5 choses :
- la copie pirate (avec une perte de la qualité), identique à l’œuvre copiée, soit en reliant un lecteur avec un enregistreur, soit en filmant un écran de cinéma avec un caméscope)
- la copie légale (d’une émission de télévision)
- la copie légale (d’un évènement familial)
- la copie illégale (d’une activité privée à l’insu des participants)
- les enregistrement pirates (des concerts introuvables dans le commerce ou inédits)
le modèle économique changeait, à l’exploitation en salle s’ajoutaient le passage à la télévision ainsi que le marché de la vidéo (pour le cinéma), aux concerts s’ajoutaient la vente de disques lives ou en studio, ainsi que le passage en radio (pour la musique)
à l’arrivée du numérique et d’Internet, le support devint dématérialisé, copiable sans perte de qualité, et en autant d’exemplaires qu’on le souhaitait, pour un prix de revient dérisoire
le marché de la musique et de la vidéo (sur support physique) s’effondra, le modèle économique est menacé, que va t il se passer ?
- hypothèse 1, le support physique pour la musique survit, grâce à de petites boutiques (neuf et occasion) et des éditeurs (petits labels), qui pratiquent une politique de niches, de proximité, de disponibilité immédiate, et fidélisent la clientèle
- hypothèse 2, le support physique pour la musique disparaît purement et simplement, les boutiques et les majors également
- hypothèse 3, les plates-formes de téléchargement légal offrent un choix exhaustif, ce qui était impensable du temps de l’analogique, et sont rentables, donc elles survivent
- hypothèse 4, les plates-formes de téléchargement légal ne sont pas rentables, elles meurent
- hypothèse 5, tout est financé par la licence globale (ou une taxe sur le téléchargement haut débit)
- hypothèse 6, tout est gratuit (et financé par la publicité)
- hypothèse 7, tout est numérique, tout est gratuit, tout est dématérialisé, rien n’est financé, la filière musicale professionnelle survit uniquement grâce aux concerts, comme à ses débuts, quand la technologie de reproduction n’existait pas, et André Rieu devient la référence incontournable
- hypothèse 8, les concerts ne sont pas suffisamment rentables, la filière musicale professionnelle disparaît, il ne reste que des orchestres pour les mariages, des fanfares municipales (avec leurs majorettes), des chanteurs sous la douche bénévoles, quelques orchestres philharmoniques subventionnés, et des karaoké, les produits culturels disparaissent presque d’Amazon, Priceminister, eBay, cd&lp, etc, car seuls quelques collectionneurs mélomanes s’intéressent encore à la musique d’autrefois sur support d’époque, la création professionnelle s’arrête, à la télévision les émissions de télé réalité du meilleur chanteur disparaissent, car elles n’ont aucune carrière à leur proposer, aucun avenir, aucun futur, et enfin, pour marquer sa différence la jeunesse rebelle est à la recherche d’une nouvelle musique qui ne serait rien qu’à elle, mais il n’y a plus de nouvelles musiques
idem pour le cinéma :
- hypothèse 9, Blu Ray et DVD restent rentables, l’exploitation en salle (dans le pays d’origine et à l’international) et les droits de diffusion à la télévision s’y ajoutent, le cinéma survit (en France il jouit même de dividendes supplémentaires issus de l’exploitation des films étrangers)
- hypothèse 10, Blu Ray et DVD ne sont plus rentables, ce support meurt, ce qui fait une ressource en moins pour le cinéma (et nous prive de belles soirées cinéphiles dans notre salon)
- hypothèse 11, les plates-formes de téléchargement légal proposent un choix exhaustif, tous les films depuis les débuts du cinéma sont disponibles, et c’est rentable
- hypothèse 12, les plates-formes de téléchargement légal ne sont pas rentables, elles meurent, il devient très difficile de regarder et d’accéder à un film en différé (mais il reste la cinémathèque française)
- hypothèse 13, les passages à la télévision constituent encore un complément de revenu pour le cinéma
- hypothèse 14, la télévision juge les audiences décevantes, contrairement aux séries le cinéma ne fidélise pas le téléspectateur, les séries sont audacieuses et innovantes contrairement au cinéma qui radote avec toujours les mêmes ficelles, la télévision cesse de financer le cinéma
- hypothèse 15, tout est financé par la licence globale (ou une taxe sur le téléchargement haut débit)
- hypothèse 16, tout est gratuit (et financé par la publicité)
- hypothèse 17, tout est numérique, tout est gratuit, tout est dématérialisé, rien n’est financé, les grands studio et le cinéma indépendant survivent uniquement grâce à l’exploitation en salles, comme à leurs débuts, quand la technologie de reproduction grand public n’existait pas
- hypothèse 18, bien que la numérisation ait fait baisser les coûts de fabrication en permettant des décors virtuels (plus performants que les peintures sur verre), en permettant la création de gigantesques engins et véhicules virtuels, en remplaçant les coûteuses copies argentiques par des projecteurs numériques, et en réduisant le budget pharaonique des campagnes publicitaires, faute d’être rentable le cinéma professionnel meurt, grands studios comme cinéma indépendant, et les salles de cinéma également, il ne reste que des vidéo YouTube avec des animaux rigolos, le film amateur de votre naissance, de votre mariage, et de votre enterrement, les anciens longs métrages sont devenus inaccessibles, et les nouveaux n’existent pas
mais après tout il ne s’agit là que de produits culturels, la société peut vivre sans
quelle société voulons nous ? sommes nous prêts à en payer le prix ?
et si la culture a un prix, quel est son juste prix ?
ou préférons nous ne rien payer (en comptant éventuellement sur les autres pour payer à notre place, ou en espérant que les artistes peuvent travailler à l’œil, en ne se nourrissant que d’amour et d’eau fraîche, d’air pur et d’eau fraîche, enfin surtout d’eau fraîche, et si leur organisme n’y parvient pas actuellement, il n’a qu’à s’adapter)
vers un monde sans vidéogrammes ?
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Re: vers un monde sans vidéogrammes ?
Hypothèse 19 (Wall-e ou Oblivion) : Les pays et les gouvernements n'existent plus. Le monde n'est plus géré que par une seule marque. Le monde se meurt et les humains s'en vont vivre sur une autre planète ou dans gros vaisseau spatial. De temps en temps, on ressort un vieux support musical ou vidéo par nostalgie...
Joli texte... bravo
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Re: vers un monde sans vidéogrammes ?
Environ 30 euros/mois, c'est le prix moyen d'un abonnement internet/TV/tél.quelle société voulons nous ? sommes nous prêts à en payer le prix ?
et si la culture a un prix, quel est son juste prix ?
Re: vers un monde sans vidéogrammes ?
C'est quoi la question au fond ?
Tout change, tout évolue, l'art comme le reste, certaines oeuvres resteront, d'autres non, peut-être bien que le cinéma n'existera plus dans 100 ans, que tout le monde s'en fichera bien, et puis ? Il y aura autre chose. Ce qui compte, c'est d'y avoir accès maintenant et de pouvoir le faire dans 30 ans si on les souhaite. Les générations futures auront leurs propres oeuvres, cinéma ou autre, qu'on ne peut même pas concevoir (les Gaulois n'ont jamais pensé à tourner des films !). On peut très bien se passer de cinéma (même si pour moi c'est impossible), autre chose le remplacera (ou non), c'est juste pas un problème je pense. Ce sera peut-être juste un truc de musée. Comme les tapisseries du moyen-âge. Personnellement, je vis très bien la disparition des tapisseries qui racontent des histoires...
Tout change, tout évolue, l'art comme le reste, certaines oeuvres resteront, d'autres non, peut-être bien que le cinéma n'existera plus dans 100 ans, que tout le monde s'en fichera bien, et puis ? Il y aura autre chose. Ce qui compte, c'est d'y avoir accès maintenant et de pouvoir le faire dans 30 ans si on les souhaite. Les générations futures auront leurs propres oeuvres, cinéma ou autre, qu'on ne peut même pas concevoir (les Gaulois n'ont jamais pensé à tourner des films !). On peut très bien se passer de cinéma (même si pour moi c'est impossible), autre chose le remplacera (ou non), c'est juste pas un problème je pense. Ce sera peut-être juste un truc de musée. Comme les tapisseries du moyen-âge. Personnellement, je vis très bien la disparition des tapisseries qui racontent des histoires...
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Re: vers un monde sans vidéogrammes ?



Bon, pour repondre et donc jouer aux futurologues et piocher une (ou plusieurs) hypotheses quant a ce que l’avenir reservera au cinema, ca, c'est une autre paire de manche

Bibi essayera donc de contourner le probleme en partant d’abord du postulat que le cinema / la tele continuera d’exister et expliquera ensuite pourquoi il le pense.
En toute franchise, aucune idee de la forme que le cinema / la television prendront a l’avenir.
D’abord sous quelle forme: la continuation des blockbusters comme si de rien n’etait, le retropedalage a des budgets plus “raisonnables” ou la multiplication des films de F3 mal meubles ou films d’auteurs, voire des productions super-fauches Sam-Raimi-a-ses-debuts-style ou un premier episode passe a la tele en janvier, le deuxieme en mars, le quatrieme en spetembre, etc, no sabio.
Ensuite sous quel mode de distributions: TV et cinema de plus en plus separes, dvd / BR de films offerts avec des paquets de lessive, des series TV qui sortent en salles, des cles USB offerts et inclus dans le prix des tickets en salle, mystere.
Ensuite sous quel forme de media: Youtube, implant neurologique, poste de TV 3D x odorama ou diffusant des velottes de marijanne pour fair entendre les couleurs et voir les sons, ou de home-cinemas qui comprennent le poste de TV, la sono et un sofa qui comme dans les parcs d’attractions permettront de vivre en temps reels les peripeties a l’ecran TV (p.ex. fesant des loopings dans votre salon, tout comme Tom “Maverick” Cruise dans son F15), insondable mystere que tout cela.
Alors pourquoi bibi pense-t’il que le cinema et la tele continueront d’exister?
‘Ben, parce que ca repond a un besoin fondamental de l’etre humain de creer, de raconter, de produire et d’apprecier, d’ecouter, de consommer, donc de faire rever, et de rever. De phantasmer et de se defouler, de reflechir, de s’exprimer. Ca ne date pas d’hier en fait.
Les grottes de Lascaux, les amphores grecques, la bible, les temples romains, les jardins de Babylone, les frises egyptiennes, mais aussi les gestes, faits d’armes, contes et legendes narres et chantes par les bardes et menestrels. Les frises racontant des chroniques familiales, la peinture a l’huile, a l’eau, la Renaissance, pour faire ensuite un fast-forward a la fin du XIX siècle et de voir l’avenement du cinema, faire un saut de puce jusqu’aux annees trente et de voir les debuts de la television.
Si l’homme ne revait pas, les amphores seraient juste “fonctionnelles”, “pratiques” et afficheraient l’equivalent antique d’un code-barre, il n’y aurait pas de textes sacres ou prophanes, juste des compte-rendus de transactions commerciales, l’architecture a travers les ages, les cultures et les continents serait stalinienne et carree, il n’y aurait pas de religions, pas bibliotheques, pas d’histoires ou d’Histoire (avec un grand “H”), pas de memoire, pas d’imagination pas d’art, pas de revolutions et franchement…QU’EST-CE QU’ON SE FERAIT CH…!!!!!!
Oui, les tapisseries murales se font rares, mais elle peuvent encore attirer du monde dans les musees. De nos jours en fait, on pratique encore les tapis (qui au fond, ne servent a rien non plus, mais dont apprecie pourtant les motifs). Bon, ils sont parfois kitsch, surtout produits de facon industrielle, mais pourtant certain les apprecient et les choisissent avec soin. Au final, comme (parfois) les blockbusters, non?
On continue de peindre, de sculpter (bon, les peintures rupestres, hormi les graffitis de “killroy” qui est passé par-ici ou par-la), se font rares, mais je pense qu’intrinsequement tout se garde, certaines choses ou arts moins que d’autres, mais tout se garde, se pratique, s’apprecie (ou moins) et survit.
Le gros probleme n’est pas future, il est actuel, c’est (entre-autre) l’argent, le nerf de la guerre.
On a tous soif de “culture” (au sens large), mais nous trouvons a une epoque-charniere ou tout se bouscule; hypertrophie des budgets d’un cote (les producteurs), manque de ressources de l’autre (les consommateurs). A ce titre, on parle toujours du “mechant” piratage, mais escamotte toujours le fait que nous sommes dans l’an V de la crise de subprimes, de la pauperisation de masse et de la precarite de l’emploi. La culture nourrit l'esprit, mais ne remplit pas l'estomac.

Ajoutons aussi trois problemes plus complexes, tels celui, technologique, d'une surabondance des offres et moyens de consommation (smartphone, television, satellite, telechargement, offres legales et illegales, etc), ainsi que le genant (pour les producteurs) probleme de la depreciation des biens culturels (les producteurs qui se f… de leurs films en fait et ne les considerent que sur le court terme et qu’en terme de “produits”) du cote des producteurs et celui, social, de la consommation immediate encouragee chez les consommateurs (tout, absolument TOUT doit etre neuf, sous peine de ringardisation immediate).
Mais, comme dit, a mon sens, le besoin de rever restera a mon sens le plus fort. Comme dans un couple, il y aura des periodes de “desamour” ou d’indifference (feinte, peut-etre), mais s’il y a reellement peril en la demeure et reel risque de rupture, je pense que la raison du coeur, restera la plus forte.
Ceci dit, et meme si je pense que le cinema en tant que forme d'art, de spectacle et de divertissement continuera d'exister sous une forme ou un modele economique ou un autre, je suis par contre sceptique quand a la survie des "anciens" films.
P.ex. Qui se souvient encore de John Wayne ou connait encore le genre des westerns ou des films noirs (ceux en noir et blanc)? Qui regarde encore des films sur la deuxieme guerre mondiale? Irwin Allen n'est-il pas un gros has-been et ses films "nanardesques" (attention: je joue les avocats du diable, hein


En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Re: vers un monde sans vidéogrammes ?
J'écoutais une émission il y a peu dans laquelle on expliquait qu'on commençait à décoder le contenu de rêves sur des sujets dont on analyse le cerveau pendant leur sommeil. Par extrapolation, la société "Recall" sera peut être crée d'ici 1 ou 2 siècles, et alors fini le cinéma !
Tout ça pour dire que je croie qu'au delà des modes, c'est les avancées/révolutions technologiques qui font l'art d'aujourd'hui et celui de demain.
Tout ça pour dire que je croie qu'au delà des modes, c'est les avancées/révolutions technologiques qui font l'art d'aujourd'hui et celui de demain.
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Re: vers un monde sans vidéogrammes ?
Pourquoi? C'est justement ce a quoi je pensais en parlant d'une evolution (encore inconnue) du cinema.la société "Recall" sera peut être crée d'ici 1 ou 2 siècles, et alors fini le cinéma !
On pourrait imaginer une version Tf1 de Recall (envie d'etre un des participants de l'ile de la tentation?



Une menace pour le cinema serait plutot une version Strange Days ou le cinema / spectacle se limite a une personne et (potentiellement) a des trips glauques (enregistrement mentaux de drogues, d'alienes ou de mourants

Si par contre, l'on bidouille des films morceaux par morceaux avec les pensees de scenaristes, realisateurs, decorateurs, facon Inception, de nouveau, le cinema continue (pratiquement) en l'etat, non?
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.