Kurokouchi TV (2013) - divers

[bluesoul]

La mort d'une escort-girl met les forces de police devant un cas assez "ennuyeux", son client etant un homme politique en vue. Pour ajouter a l'embarras, le seul temoin innocentant ce dernier se trouve etre un inspecteur de police; Keita Kurokouchi, personnage assez taciturne et mal-aime du dept. (car "pourri" ). Une inspectrice, Mayo Seike, flairant le mauvais coup se voit forcee d'enqueter avec Kurokouchi, tout en ignorant que celui-ci n'est pas seulement un faux temoin (ce dont elle se doute!), mais egalement un specialiste des sales besognes pour des politiciens dans la panade. Kurokouchi de son cote, semble suivre un agenda et des visees tres personnelles quant a ses "clients", liant une series d'evenements recents a un cas (reel celui-la) du san-oku-jiken (the 300 million coup!), l'affaire policiere la plus important de l'apres-guerre au Japon, affaire restee non-resolue depuis 1968, fesant de Kurokouchi un personnage de plus en plus encombrant, et donc, une cible ambulante...

Base sur un manga de Takashi Nagasaki sous le pseudo de Richard Woo (scenario) et Kouji Kono (dessin) encore en cours de publication, Kurokouchi semble annoncer sur la chaine TBS le retour d'un certain genre de series TV disparues depuis...'ben presque deux - trois decennies, pour un tant soit peu que le genre ait existe au final... .

Dans les annees 70s, la television nipponne regorgeait de flics durs, inflexibles et peu regardant sur la forme et les regles, tapant sur les suspects a l'occasion de bagarres homeriques, flinguant les voyous lors de fusillades apocalyptiques ou ecrasant les pietons au detour de poursuites delirantes, poussant le bouchon plus loin que les polars americains pour quasiment atteindre le niveau (sur le petit ecran, excusez du peu) des polizioteschi italiens.

Parmi les fleurons du genre es-violences policieres, on retrouve Taiyou ni hoero! (Howl at the sun!), Seibu Keisatsu (Far-West Police), Wild 7 (no comment) ou Dai-Gekitou! Mad Police (The Big Fight! Mad Police), Daitokai (Big City), Gorilla Keishichou Chousa Dai-Hachi-han (Gorilla Police Central Investigation Bureau ou se succedent une ribambelle de flics a la gachette facile.

En fait, ces series etaient le prolongement televisuels des films de yakuzas modernes (Fukusaku & Co), qui eux-meme s'inspiraient sans doutes des polizioteschi et des polars ricains (French Connection and Co) du moment.

Les series elles-meme sont a vrai dire completement interchangeable, car partageant a la base le meme casting, cqfd.

Pour avoir une idee du genre:

Gorilla Keishichou Chousa Dai-Hachi-han
http://www.youtube.com/watch?v=XDpQTSI5j8A
(une collection d'openings)

Wild 7
http://www.youtube.com/watch?v=NqCE_QiAn_M
(un opening en douceur sur le CHiPs nippon?)

Seibu Keisatsu
http://www.youtube.com/watch?v=1D6_dXp_78o
http://www.youtube.com/watch?v=8IUTcLZhwBc
http://www.youtube.com/watch?v=3MjjqywZj9g
(Bon, c'est assez repetitif, mais bon, c'est un best-off pour la sortie de la serie en DVD-box).

Daitokai
http://www.youtube.com/watch?v=IagIt7yc0Lg
http://www.youtube.com/watch?v=DvHLzlntHJQ
http://www.youtube.com/watch?v=eXfEeBZyHDY
(meme commentaire que Seibu Keisatsu)

Le public? Il adorait et offrait a ces series des audimats de 40-50% . Les critiques? Eux, etaient...plus..."circonspect" quand a la valeur de ces series .

Que s'est-il passe? Le public s'est lasse, et les annees 70s ont finit par se passer pour arriver aux annees 80s, plus "conceptuelles" dirons-nous.

Les filcs se la joue riches et justiciers (milliardaires?) ou flashy facon Miami Vice et autre fadaises.

Le debut de la crise economique dans l'archipel entrainera la fuite des sponsors et la chute des series policiers dans lse concepts les plus bateau a coups de "shirouto tantei" (amateur detectives) ou keiji-bidules (inspector [ inserer la mention ].

Se succedent des detectives etudiants, femmes au foyers, assureurs, chauffeurs de taxis, inspecteurs des impots ou des flics...essentiellement vieillissant...pour ne pas dire grabataires .

En 2012, cependant une mini-series de 3x2 heures marque le retour de quelque chose de plus "serieux" avec Double Face, co-production entre la chaine satellitaire WOWOW et la (deja) chaine TBS. DF etant une adaptation japonaise de Infernal Affairs, le tout transpose a Yokohama, incluant les gun-fights sauvages et la morale douteuse (et retors) de l'oeuvre originale.

http://www.youtube.com/watch?v=A5-v4OG8MkI

Parole de Bluesoul, ca le fesait TRES bien, meme si fondamentalement rien de neuf (remake, oblige).

M'enfin, le tout a 21:00 sur le hertzien digital, de voir autant de cadavres a heure de grande ecoute secouait passablement.

Voila pour le contexte: fast-forward a Kurokouchi, donc.

Avec Kurokouchi on nage en plein polar sombre, sous-categorie "tout-pourri-tous-pourris". Kurokouchi est pourri, et aussi amoral qu'il semble, il est un enfant de choeur a cote de certains de ses collegues (mieux cotes) ou du monde politique. Les politiques marchent sur les cadavres (de p.tes notamment) et tiennent la police en laisse. Les peripatetitiennes, quant a elles, finissent a poil (normal!) , mais baignant dans leur jus . Meme a 22:00, ca fait "tache" sur le hertzien nippon.

Ajoutons un body-count respectable pour un premier episode et, cerise sur le gateau, la promesse de la resolution de la plus grande enigme policiere du Japon de l'apres-guerre, une conclusion au 3-oku-jiken qui a l'epoque aura fait office de Glasgow-Londres ou Egouts du Paradis dans l'archipel.

Le vol, perpetre par (apparemment) un seul homme, deguise en agent de police, et qui aura fausse compagnie a des employes de banques qui transportaient une fortune en voiture banalisee. Les fameux 300 millions de l'epoque valant un peu pres un millard de yens de nos jours .

L'enquete qui en resultat vit l'etablissement d'une liste de suspect de 110,000 personnes(!), l'implication de 170,000 membres des forces de l'ordre pour un cout total de...900 millions de yens (de l'epoque) . Le tout, pour un resultat...nul et avenant: plusieurs arrestations sans condamnations, un suicide et aucun coupable, transformant le tout en l'enquete la plus chere, et la plus inutile a ce jour...

L'affaire reste gravee dans l'inconscient japonais et a deja directement ou indirectement deja genere 3 films pour le cinema, six productions televisuelles (series / telefilms) et 16 romans. Nous n'evoqueons pas les parodies et detournement en tous genres...

Au casting, on retrouve Tomoya Nagase du groupe d'idoles TOKIO et Ayame Gouriki, ce qui semble assez deconcertant a la base, tant Nagase-san est surtout connu pour ses roles dans des series comiques ou son cote personnage-de-manga passe tres bien. Ayame-san est mignonne a voir, mais a un jeu treeeees limite. Notons au passage que apres Gatchaman, Biblia Koshodou Jikenshuchou (The case file of the Biblia Old Book Store), Kuroshitsuji (Blakc Butler), cette derniere semble se specialiser dans les adaptation de manga (son jeu ne s'en ameliore pas, mais bon...)

Bon, Mlle Gouriki reste en arriere de Nagase qui interprete le role-titre, ca semble passer donc. Nagase, mal rase, assez barraque passe plutot bien. Son sempiternel "seeeeeikai" (biiiiiingo), irrite assez, mais colle plutot au personnage. Le cote "possede-trois-trains-d'avance sur le reste du casting (et du public)" vient sans doute du manga, ca irrite un peu, mais ca passe aussi. Si Nagase parvient a affiner un peu son jeu, ca passera comme une lettre a la poste. Espoirs assez eleves, donc.

Rendez-vous pour la resolution de l'affaire(?) dans quelques semaines sur la chaine TBS. Bibi sera devant son poste.

Site officiel:
http://www.tbs.co.jp/kurokouchi/

BA (en VO)
http://www.tbs.co.jp/kurokouchi/movie/trailer.html

[bluesoul]

Sept episodes de vus et la serie continue a tenir en haleine sur sa lancee.

Les peripeties s'enchainent, les cadavres s'empilent au fur et a mesure des episodes: flics, voyous, indics, politiques ou personnages innocents ou troublent qui gravitent autour de tout ce beau monde.

Plus qu'un etat des lieux des relations--reelles et dangereuses--entre toutes ces spheres de la societe japonaise, la serie preferent la fiction, plutot roublarde au passage, car melant des evenements reels avec des organisations et personnages fictifs, ou du moins que l'on espere fictifs, tant les implications sont lourdes au final: forces de police infiltree par une organisation secrete--police dans la police--benificiant de moyens assez consequents (les 300 Mio en question) pour creer un "Etat dans l'Etat", face auquel les curieux ne pesent guere lourd et ont generalement qu'une esperance de vie treeeees limitee.

La serie retrace ainsi plus de quarante ans d'histoire japonaise, assassinats, troubles sociaux, terrorisme et autres accidents "troubles" et "troublants" qui suivirent l'apres-guerre, faconnant un pays dans lequel les habitants ont...parfois du mal a se retrouver de nos jours, tant celui-ci semble parfois presenter un visage plus sombre, une face cachee, mais perceptible.

Dans son atmosphere, l'on est en plein thriller made-in-Hong-Kong-made...in Japan...television...Bref, l'atmosphere y est, mais les moyens (et la realisation) sont "televisuels", ce a quoi il faut pouvoir s'habituer, surtout qu'en Occident l'on cherche a faire atteindre aux series TV la qualite et l'esthetique des films de salles. Au Japon, par contre, l'on semble privilegier une esthetique plus "telefilmesque".

Bien sur, une question de moyens financiers, mais aussi comme pour creer une distance entre le spectateur et les evenements a l'ecran. A moins que peut-etre que comme pour les mangas, ce qui compte ne sont pas les decors, mais les personnages qui evoluent dans ceux-ci...?

La serie laisse aussi beaucoup transpirer son origine "manga", notamment a travers les deux personnages principaux que sont Kurokouchi, attiffe comme un flic dans les mangas / series TV des annees 70s et Seike, qui droite comme un "i" a de (fausses) allures d'ecoliere trop sage.

Certains enchainements sont trop "lisses / faciles", Kurokouchi en sait trop...un peu trop--en tout cas pour avoir reussi a vivre aussi longtemps et les tics du jeu de Nagase renforcent un peu trop cette impression.

Ainsi, Nagase tend a jouer le fil (qu'il connait trop bien) de la comedie et livre une performance teintee de plus d'ironie que de cynisme.

Gouriki est de son cote bien en retrait, mais sa performance plus...limitee...passe mieux, car son personnage reste dans l'impressionante ombre de Nagase/Kurokouchi, pion qu'elle est dans le jeu--encore--flou auquel se livre Kurokouchi.

Une serie un peu "brute" dans ses interpretes et ses moyens, mais une serie qui n'a absolument aucune peine a retenir l'attention grace a un concept solide et fascinant. Tournee dans les annees 70s ou en un ou plusieurs films sur grand ecran l'on tiendrait un incontournable du bis.

Dans l'etat actuel, l'on tient une tres tres bonne serie, ce qui est deja pas mal du tout de nos jours.

Bref, le genre de series "live" dont on aimerait que les editeurs (d'anime, peut-etre) s'y interesse un peu). Recommande aux amateurs (s'ils parviennent a mettre la main dessus).

[bluesoul]

Serie finie et emballee.

Pas grand' chose a rajouter aux 2 posts precedents. Nagase rattrape un peu le coup dans l'episode final, tandis que Gouriki reste...fidele a elle-meme .

Le final est bien emballe et laisse beaucoup de questions en suspens, mais demasque neanmoins le coupable du fiasco du 3-oku-jiken. C'etait tellement evident, mais dans un pays aux moeurs aussi polisses que le Japon, l'envoyer au visage du spectateur dans un plan final reste marquant.

Un peu l'impression que la serie, visuellement, vient 30 - 40 trop tard, et que d'un point de vue realisation, on aimerait voir un pendant made in Hong-Kong du concept, mais ne pinaillons pas trop.

Kurokouchi: 3.75 / 5