Afrosamurai (2007) - Fuminori Kizaki

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Soundjata
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Afrosamurai (2007) - Fuminori Kizaki

Message par Soundjata »

Je me permets d'attirer votre attention sur un projet des plus originaux qui soit.
Prévue pour être un long métrage (un pilote de 4 min fut réalisé par Takeshi Koike), le projet se mua en série d'animation.
Basée sur l'oeuvre de Takeshi Okazaki, cette série narre l'histoire d'un samourai d'origine afro-américaine mélangeant chambara et musique rap.

Diffusion prévue au Japon du premier épisode fin 2005 - début 2006
A noter que Samuel L. Jackson doublera l'acteur principal.

Site officiel : http://www.afrosamurai.com


Pour qu'un samourai soit brave, il doit avoir une goutte de sang noir - proverbe japonais -

Image

Après Gost Dog et Samurai Champloo, encore une oeuvre se plaisant à mélanger culture afro-américaine et asiatique.
En bon passionné d'histoire mondiale, dès qu'on me parle de relations a priori inédites entres civilisations aussi différentes que les civilisations africaines et asiatiques, ça m'interpèle.
Aussi dès que j'ai eu vent de ce projet, je me suis demander ce qui pouvait bien se cacher derrière ce qui s'apparente jusqu'ici à un simple phénomène de mode.
Quelle est donc ce lien qui lierait le Shinto japonais à la Maât africaine ?


S'appuyant sur d'anciennes croyances japonaises, des chercheurs internationaux prêtent volontier des origines négro-africaines aux premier peuple du Japon, les Ainous, ce qui à défaut d'être formellement prouvé, est tout sauf improbable.
En effet Aïnou est probablement dérivé du mot Anou, nom d'un des premiers peuples négro-africains ayant existé sur Terre (région des Grands Lacs).

Or et de l'aveu même des [historiens] Japonais eux-même, les Aïnou auront grandement influencés les peuples d'origine mongoloïdes ayant plus tard envahi l'Archipel via la Corée et dont les déscendants forme le peuple japonais actuel. Et ce notamment à travers leur rites, leur sagesse et leur tenus vestimentaires. Et quand bien même le métissage ne fut pas que culturel, mais aussi charnel, ceci n'empêcha nullement pas ces premiers d'être progressivement massacrés et/ou phagocytés par les derniers. Il en va de même pour les peuples ayant influencé les premières dynasties chinoises et indiennes dont les origines négro-africaines ne souffrent plus d'aucun doute pour les seconds (peuples dravidiens vivant au Sud de l'Inde)

La langue Aïnou, qui ne ressemble à aucun groupe linguistique de la région, s'avère avoir des similitudes troublantes... avec le basque. Si cette dernère ne cultive elle non plus aucune affinité avec les langues indo-indoeuropéenne qui l'avoisine, elle nourrit cependant des affinités directes avec le phénicien dont elle serait originaire. Les Phéniciens, cousins directs des Egyptiens, furent un grand peuple commerçant et maritine de l'Antiquité, ces deux peuples étant vous le savez peut-être, de type négro-africains.

A noter aussi que les guerriers de l'Empire du Mali, fondé au 13e siècle ap. J.-C. par Soundjata Keita, portaient des armures ressemblant à s'y méprendre aux armures portées par les guerriers japonais jusque durant l'Ere Meiji, costume appelé souvent abusivement "costume de samourai" en Occident.

Alors pour une fois qu'une oeuvre semble s'interesser à ce lien très ancien (et hélas plus ou moins tabou) qui aura toujours unit les peuples négro-africains et asiatiques, il serait d'autant plus dommage de passer à côté.


Soundjata
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bluesoul
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Afro Samurai (2007) - Fuminori Kizaki

Message par bluesoul »

Afro Samurai(2007) - Fuminori Kizaki

Dans un Japon medieval futuriste(!), le Numero Un est l'equivalent d'un dieu et ne peut etre defie que par le Numero 2. Le Numero Deux quant a lui peut etre defie par n'importe qui. Afro qui a vu son pere, l'ancien Numero Un, se faire tuer part en quete du bandeau de Numero Deux, bandeau qui lui permettra d'affronter le nouveau Numero Un, l'assassin de son pere.

Afro Samurai est une production du Studio Gonzo et s'est declinee en une serie de 5 episode pour la chaine satellite WOWOW avant de se faire re-monter en un film, le film present. A noter que la serie fut diffusee aux USA avant sa diffusion au Japon.

Base sur le doujinshi (manga amateur publie a fonds propres) de Takashi Okazaki, Afro Samurai est un melange, et ce, a tous les niveaux.

D'un point de vue univers, le film presente une societe medievale (japonaise) disposant de moyens futuristes (droides et autres robots). La philosophie, les mentalites, us et coutumes sont quant a eux bien ancres dans le Japon traditionnel. En fait, le cote futuriste n'est qu'un paravent, de la decoration en somme.

L'atmosphere quant a elle tente de melanger la philosophie asiatique avec la pop-culture US via le prisme de la culture hip-hop / rap, voire carrement la blaxploitation, Okazaki etant un fervent amateur de musique hiphop et soul.

Si un film (live) comme Ghost Dog (1999) parvient a reussir son melange haut-la-main, AS laisse plus dubitatif, car limitant au fond les deux courants a leurs ponctifs les plus basiques; quelques pensees philosophiques (surtout liees au combat) entrecoupees par de longs silences d'un cote, une coolitude/bad-assitude assumee matinee d'une incessante (et assez irritante) tchatche de l'autre. :?

Le melange medievalo-futuriste et son decor (post-??)apocalyptique acheve de releguer l'intrigue dans un monde qui tient plus du no-man's-land culturel ou la culture n'est rien de plus qu'une facade, certains diraient meme une "excuse".

Si ca sonne passablement (voire TRES) mauvais, il faut quand meme noter que le but de la production est moins de donner un quelconque cours de philosophie que de donner un cadre (vaguement) original (il l'est!) a une histoire nettement moins originale; celle d'une vengeance.

Le cote "original" n'empeche cependant pas certains details de paraitre...parodiques, tel le fait de remplacer les habituels (dans les productions nipponnes des annees 50s / 60s) rouleaux de philosophie / techniques secretes et autres tresors ecrits d'ecoles d'arts-martiaux par des bandanas sur lesquels on ecrit des numero (Ichi-ban [ Numero Un ], Ni-ban [ Numero Deux ] comme on en trouve dans des magazins de souvenirs entre les katanas en caoutchoucs et les shurikens en plastique ou de proposer en guise de boss de fin de niveau / metrage un emule de Darth Vader se dissimulant derriere un casque de Nounours. :shock: :mrgreen:

Ajoutons aussi que les dialogues en anglais (meme dans la version originale "japonaise"(!) ) sont extremement vulgaires, sorte de pendant ricain assume des traductions US de bastringue des vo nipponnes ou chinoises des films d'arts martiaux des annees 70s / 80s et qui donnent un cachet...plutot decalle...a l'ensemble. :?

Plus serieusement, du cote "action", AS defouraille mechamment et ne s'embarasse guere de retenue ou d'une quelconque pitie envers qui que ce soit. Ca decoupe, tranche, decapite, eventre a tire-larigot dans des combats extremement bien choreographies et ponctues d'une musique hip-hop/rap qui sied a merveille et ce, qui que soit l'adversaire; homme, femme ou enfant(!). :shock:

A la realisation, Kizaki (Basilik Kouga Ninpuchou [ Basilisk Kouga Ninja Scroll ] TV (2005), Bayonetta Bloodyfate (2013) ) est visiblement a l'aise dans sa mise en image de combats, qui tout en etant peut-etre un chouillat moins esthetiques que ceux d'un Yoshiaki Kawajiri (Ninja Scroll (1993) ), n'est sont pas moins redoutablement efficaces et qui battent a plates coutures la version televisee de Ninja Scroll TV (2003).

En fait, pour s'essayer aux comparaisons; si NS est un anime d'action nippo-japonais d'abord destine au public local et qui a fini par devenir culte a l'etranger (en fait, PLUS a l'etranger que chez lui), AS semble quand a lui viser a la base le public "gaijin" (non-japonais), ne fut-ce que de par l'apparent "melange" des cultures, mais aussi--et surtout--de par la mise en image qui, a vrai dire, se limite aux ponctifs: vengeance, action, extreme violence, le tout matine d'arts martiaux. Rappellons a ce titre, que la serie TV a eu sa premiere aux USA et non au Japon. CQFD.

Si une histoire de vengeance generalement se concoit a la base avec ce genre d'ingredients (extremes), et pour tracer un parallele avec un autre anime presentant lui aussi un "choc des cultures" matine de vengeance; Kamui no Ken [ Dagger of Kamui ] (1985) , l'on peut faire plus...avec nettement moins.

AS est une redoutable reussite d'efficacite, de violence, epique, mais dans le fond...tres creux. KnK est une reussite artistique, d'efficience, epique et...introspectif.

Pour mettre en parallel les deux personnages principaux, Afro Samurai part de sa vengeance et au fil des sacrifices, se revele dans sa creuse inhumanite, il est parti de rien, pour revenir a son point de depart. Nulle part en somme. D'orphelin, il finit seul.

Jiro, le protagoniste de Kamui no Ken, tout en finissant par achever sa vengeance, gagne dans son periple et peut-etre grace a ce qu'il a perdu, son humanite, ou du moins reussi a la garder. Il revient au Japon, clot un cycle...et peut repartir. Il est peut-etre seul, mais en lui vivent tous ceux qu'il a croise dans sa quete et l'ont aide.

En resulte que Jiro suscite la sympathie, tandis qu'il est difficile de s'attacher a Afro Samurai, qui moins qu'un anti-hero, ne se revele guere recommendable comme compagnon de route, amant, ami et meme vague connaissance...Dans le cadre des univers hyper-violents, l'on est egalement tres loin du ressenti que l'on peut avoir face au casting d'un Hokuto no Ken TV (1986) ou entre exaltes, passionarias, sacrifies, deifies, honnis ou detestes, il est difficile de rester de marbre face a ce qui arrive et a ceux a qui cela arrive.

Au jeu des citations, l'on pourra egalement rappeller les pendants occidentaux a Kamui no Ken ( car introduisant egalement un protagoniste asiatique dans le Far-Ouest du 19eme siecle) que sont Red Sun (1971) et Kung Fu TV (1972). Le premier mettra le spectateur dans la peau des cowboys, car ne pouvant pas communiquer avec l'"autre" (en l'occurence Toshiro Mifune dans le role du taciturne manieur de sabre), la deuxieme fera le pari--reussi--de faire entre le spectateur dans l'esprit de l'"autre", fesant comprendre le ressenti (etranger et exotique) du protagoniste aux prises avec un monde qui lui est extra-terrestre, le notre.

Au final, si l'on a beaucoup de respect pour l'amour que voue Okazaki a la culture "black" US, l'on a quand meme un peu l'impression de voir un arroseur se faire arroser, meme si l'arroseur / arrose n'est pas forcement celui qu'on croit, voire ou l'arrose n'en aurait meme pas conscience (d'etre arrose!).

Lorsque un realisateur comme Masato Harada recopie tellement les ponctifs des films et de la culture qu'il aime (les films d'action et de SF US), finit par tomber dans leurs travers et ne livrant qu'un travail impersonnel (en l'occurence Gunhed (1989) ), Kizaki et le studio Gonzo semblent etre piege par les amours d'Okazaki, livrant un film ou non pas la culture (US) aimee est brocardee (disons juste un peu trop "survolee" sans doute), mais ou leur propre culture semble etre comme "parodiee", comme si vue a travers les yeux d'un gaijin, tellement le metrage pourrait avoir etre ecrit par un scenariste americain lambda et qui se baserait sur une lecture (tres) succinte d'un "La Culture / L'Histoire nipponne pour les Nuls"...

La serie d'animation Samurai Jack TV (2001) de Genndy Tartatovsky parvenait quant a elle a eviter le piege de la caricature, tout en mutipliant les citations et les declarations d'amour a la (pop)culture asiatique en general et nipponne en general. Egalement mis cote-a-cote avec cette production-la, AS fait "pale", car "bancale", figure.

A titre trivial, et tout proportion gardee, il est interessant de noter que p.ex. sur Amazon.com, AS est TRES bien note par les utilisateurs americains, tandis que du cote d'Amazon.co.jp, ou de Yahoo Movies Japan, il n'ecope que de notations justes "bonnes", voire franchement "mediocre" de la part des spectateurs nippons, visiblement decontenances par le produit.

Bref, l'appreciation d'un tout-a-chacun dependra fortement de ce que l'on espere trouver; une vision "americaine" du Japon...par un japonais (vision doublement biaisee), une declaration d'amour d'un japonais a la culture hiphop/rap US (amour sincere et forcant le respect), un film d'action carree ou il ne faut pas se poser de questions (le lot de la grande majorite des films d'action :D ).

Si telles sont vos attentes, l'on ne peut que recommander le film. Sinon, le film est a prendre avec des pincettes, voire...des baguettes...

Afro Samurai (film): 3.5 / 5 (la technique et la realisation sauve la mise, car d'un point de vue uniquement contenu; entre "bandanas ancestraux" et les adversaires (VRAIMENT) increvables du final, tient plus de la parodie qu'autre chose: 2.75 / 5)

P.S. AS est egalement un anime a reserver a un public adulte, car la violence est TRES graphique et n'epargne pas grand'chose au spectateur.

Un spoiler important quant a mon propre commentaire ci-dessus. Il est recommande de voir le film et de se faire un avis PERSONNEL avant de lire la remarque ci-dessous.

SPOILER
Spoiler : :
Ajout apres avoir finalise le texte initial et avant de le poster; je suis tombe sur une interview (en japonais) d'Okazaki ou il dit qu'il aurait voulu "jouer avec l'idee de "gaijins" (non-japonais) qui se trompent et mesinterpretent la culture nipponne" dans son manga. L'idee est interessante, mais a l'arrivee, baser un film sur une vision "biaisee" (meme volontairement), et avec la meilleur intention du monde, resultera en un film...biaise... :? Et par ricochet, sur une appreciation "biaisee" du public (la mienne y compris en l'occurence)... :?

C'est pour cela, que j'ai decide de laisser mon texte (et impression) initiale tels quels, car meme en lisant apres-coup l'interview en question, le film continue de me paraitre "bancal", et ce, quelqu'en soit la raison...

Etant egalement plus ou moins sur que les utilisateurs d'Amazon.com et .co.jp n'ont eu cure de lire l'interview (en japonais) en question, il est interessant de voir les differences d'appreciation d'une culture a une autre.

Ainsi, ceux qui sont issus de cette culture volontairement "deformee" n'apprecient guere au-dela des scenes d'action (scenes extremement impressionnantes, il est vrai), tandis que ceux par les yeux desquels on regarde sa propre culture...apprecient...Bref, le tout finit par ne plus qu'etre qu'une sorte de "mock-movie" ou vaste blague ou les premiers sont exclus de facto de la blague (racontee sur leur dos en plus) et les deuxiemes n'ayant de toute facon pas le bagage pour comprendre la blague en question (et sont indirectement brosses dans le sens du poil), resultant en une sorte de jeu doublement moqueur, mais assez vain au final...

Dans le meme ordre d'idee, l'on est loin de p.ex. l'echange sur les prejuges entre Tintin et Tchang dans "Le Lotus bleu", discussion ou le tout est clairement identifie comme mystifications et ragots entre les personnages et qui, mettant le lecteur dans la connivence, permettant ainsi a la blague de prendre valeur de lecon pour tous.

Plus loin encore, et dans son concept meme, AS est biaise et l'argument inter-culturel ne marche pas au niveau des personnages.

En effet, Afro n'est pas japonais (bien sur), mais c'est un samurai. Fils de samurai (black), sauve par d'autres samurais et eleve et parmi eux. Il n'a donc aucune vision "exterieure" a ce monde. Il est un samurai dans un monde de samurais. Dans le meme ordre d'idee, que la serie s'appelle Woman Samurai, Russian Samurai, Chicano Samurai, Cooking Samurai ou Tonga Samurai :mrgreen: n'a pas plus d'importance que si Afro etait chauve, portait une perruque, une moustache, un kilt ou arborait une iroquoise.

Une idee plus interessante aurait pu etre un "Afro in Japan / Samurai-land" ou quelque chose du genre. Mais, que cela soit dans un sens ou dans l'autre (gaijin au Japon ou japonais en Occident), realise d'un cote du Pacifique ou de l'autre, cela a donc deja ete fait avec Kamui no Ken (1985), Samurai Jack TV (2001), Red Sun (1971) ou Kung Fu TV (1972), ne laissant peut-etre que trop peu de latitude a AS, qui ne reussi qu'a etre une excellente peloche d'action soulignee par une BO hiphop/rap des plus reussies, le tout bien "bis" mais juste cela...juste "bis".

Plus qu'un film "bancal" sur une vengeance lambda, je trouve que cette idee de "deformation" / "mesinformation" culturelle assumee meriterait a elle seule un documentaire sur la perception des cultures, documentaire soigne et etaye de recherches pointues. M'enfin, pour ce que j'en dit...
SPOILER
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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