Quinze jours ailleurs - Vincente Minnelli - 1962

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DPG
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Quinze jours ailleurs - Vincente Minnelli - 1962

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L'histoire : L'acteur Jack Andrus (Kirk Douglas) vient de séjourner trois ans en "maison de repos", suite à des crises d'alcoolisme répétées l'ayant mené à des excès. Il reçoit un télégramme de son ami, le réalisateur Maurice Kruger (Edward G. Robinson) : celui-ci l'invite à passer quinze jours à Rome, sur le tournage de son nouveau film. Andrus s'y rend, pensant obtenir un rôle important. Mais Kruger, le jugeant imprévisible, ne lui confie qu'un modeste travail


10 ans pile poil après son chef d’œuvre "Les ensorcelés" qui rendait un vibrant hommage à l'age d'or Hollywoodien, Minnelli retrouve Kirk Douglas pour ce film qu'on peut aisément voir comme un second volet d'un diptyque sur les grands studios américains.

Mais, c'est un second volet bien plus pessimiste et désenchanté qui nous est offert ici. L'époque du "grand" Hollywood touche à sa fin, on commence à délocaliser (ici à Rome), le système des "stars" n'est plus ce qu'il était, les budgets pharaoniques se font plus rares, bref, tout ce système était alors en bout de course, balayé qu'il serait bientôt par ce qu'on a appelé "le Nouvel Hollywood".
Et Minnelli l'a très bien senti venir, pointant du doigt avec une lucidité incroyable tout ce qui commençait à tomber en décrépitude dans cet univers de strass et paillettes. On a donc une formidable galerie de personnages sur le retour, un acteur "has been" qui enchaine les cures en maisons de repos et psychanalyses, un réalisateur dont les glorieuses œuvres sont derrière lui et qui se retrouve à cachetonner en Europe, soumis aux désidératas de producteurs avides de bénéfices, une ancienne diva qui change de maris au gré de leurs comptes en banque, une femme cupide qui ne pense qu'à ses intérêts... Il n'y a décidément que peu de place pour la pureté et l'innocence dans l'envers du décor que nous dresse Minnelli.
Sublime écho et ultime symbole que le plus beau est derrière eux, le passage où Douglas et Robinson regardent un de leurs anciens films en soupirant de nostalgie, passage pour lequel Minnelli recycle un extrait de ces "Ensorcelés" justement. La boucle est bouclée, on peut tourner la page sur cet Hollywood, machine à rêve qui s’apprête à tirer sa révérence, du moins sous la forme de cette époque. Très beau film, un peu moins magique et abouti que "Les ensorcelés", mais pièce tout aussi essentielle du puzzle Minnellien sur l'envers du décor hollywoodien. A découvrir.

Vu sur le DVD Wild side, belle copie. Bonus d'une douzaine de minutes de Jean Douchet pas indispensable.

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"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
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