De Romain Basset avec Catriona MacColl, Murray Head, Philippe Nahon. Depuis son enfance, Jessica est hantée par des cauchemars récurrents dans lesquels elle est poursuivie par une mystérieuse créature à tête de cheval appelée HORSEHEAD. Dans l’espoir de retrouver la paix, Jessica a entamé des études de psychophysiologie des rêves. Suite au décès de sa grand-mère maternelle, Jessica est contrainte de retourner dans la maison familiale. A son arrivée, elle découvre que son aïeule défunte reposera dans la chambre mitoyenne de la sienne durant la veillée mortuaire…
Le film sort au Publicis sur les Champs Elysées et dans quelques salles en province.
A noter que le mercredi 11 mars a 20h, une soirée a lieu au Publicis en présence de toute l'équipe du film.
Stilleben a écrit :On sent visuellement que le réal a été marqué par Le Cauchemar de Füssli.
Un article dans le dernier numéro de l'EF.
Je serais curieux de le voir.
Le réalisateur a dit que le film c'était voir ce qu'il y a derrière le rideau. D'ailleurs le tableau est quasiment recréé au début.
Découvert hier au Cinéma La Scala en présence de Romain Basset et Murray Head :
Premier film de Romain Basset, Horsehead est un métrage difficilement classable (mais le faut-il vraiment ?), oscillant entre le rêve et le cauchemar, le tout teinté onirisme et d'érotisme soft. Déjà, force est de constater que le scénario est alors travaillé :
"Depuis son enfance, Jessica est hantée par des cauchemars récurrents dans lesquels elle est poursuivie par une mystérieuse créature à tête de cheval appelée HORSEHEAD. Dans l’espoir de retrouver la paix, Jessica a entamé des études de psychophysiologie des rêves.
Suite au décès de sa grand-mère maternelle, Jessica est contrainte de retourner dans la maison familiale. A son arrivée, elle découvre que son aïeule défunte reposera dans la chambre mitoyenne de la sienne durant la veillée mortuaire…
Après une première nuit agitée par un nouveau cauchemar, Jessica tombe subitement malade. Clouée au lit par une forte fièvre, la jeune femme décide d’utiliser son état léthargique pour expérimenter le RÊVE LUCIDE et essayer ainsi de prendre le contrôle de ses cauchemars, une pratique dangereuse dont certains ne se remettent jamais.
Jessica évolue alors dans son propre monde onirique. Elle mène l’enquête afin de découvrir le mal qui la ronge elle et sa famille depuis des générations. Elle devra aussi affronter une dernière fois le maléfique HORSEHEAD."
Au terme de presque 4 ans d'élaboration, Horsehead a su mettre en avant un casting que l'on peut dire, quatre étoiles : Catriona MacColl, Murray Head, Lilly-Fleur Pointeaux ou encore Philippe Nahon. L'interprétation de chacun est .. parfaite ! Sans reproches possibles, chacun est totalement investie dans des rôles peu commodes, voir d'anti-héro (Catriona en devient presque détestable lors de la vision du film - contrariant alors ses précédents rôles qui l'ont fait devenir une icône). La langue anglaise est alors choisi, par soucis de choix artistique, mais également de distribution internationale.
D'une durée de 89 min, le film de Tanzi Distribution passe relativement vite, sans que l'on ne s'ennuie à un seul moment, si l'on est tant soit peu, au cœur du film. Car là est peut-être le point faible du métrage, à savoir un hermétisme pouvant être dérangeant pour certains spectateurs. A l'instar des films de Cattet & Forzani, il s'agit d'un métrage qui plait d’emblée ou non, mais ne laissant jamais indifférent.
Esthétisé mais jamais intello-bobo, le film de Basset ne prend jamais ses références cinématographiques comme "coup de coudes", laissant effectivement paraître une certaines inspirations du cinéma d'Argento ou Lynch, mais se détachant considérablement de certaines réalisateurs. Ici, il développe son propre univers, entre rêve et réalité, mais dont le point fort est ici la linéarité. Le film est en effet très peu labyrinthique et se suffit à lui-même. Ainsi, on ne cherche pas à faire un listing des références dans le film ou encore de trouver la solution, car finalement, tout se met en place dans un canvas bien précis. Si effectivement l'interprétation de celui-ci peut être très personnelle selon la personne, globalement, on sait d'où l'on part pour arriver, malmené certes par ce voyage perturbant, mais surement.
Dans la liste des références, certains évoques comme cité précédemment Argento, Lynch, mais aussi Del Toro, avec "Le Labyrinthe De Pan" ou encore la saga des "Silent Hill" concernant le personnage d'Horsehead. Car la volonté de Romain n'était pas de faire un simple slasher comme on peut le voir, mais bien un film avec une icone, qui se veut très complète, et beaucoup plus complexe à comprendre, que ceux de nos amis outre-atlantique, et surtout beaucoup plus chargé de sens, représentatif. Sur ce point aussi, la créature est alors une réussite sur l'écran, mettant parfois le spectateur devant quelque chose de dérangeant, voir terrifiant.
L'aspect psychologique des personnages est le barycentre essentiel du métrage, fondant les bases même pour avoir les clés de la compréhension de celui-ci. Profondément creusé, chaque personnage est complémentaire de l'autre dans ce quasi-huis-clos spectaculaire. En effet, chaque aspect psychologique permet de comprendre le pourquoi du comment de chaque situation du film. Une seconde vision et lecture du métrage se révèle alors peut-être intéressantes pour réellement saisir tout les détails fourmillant à l'analyse du film.
La musique est aussi sujette à débat comme nous avons pu en discuter hier. Fusion d'éléctro-dubstep, l'aspect percussif de ce style permet de renforcer les scènes de cauchemar et apporte une réelle dynamique dans le film. Malheureusement, j'ai été personnellement un peu en déça sur ce choix, préférant l'orchestration pure et dure d'instruments acoustiques, mais cela n'engage que mon avis. Le système audio de la salle a permis de restituer fidèlement l'aspect presque sensoriel du gros travail qui a été porté sur le son, entre musique ou encore voix ténébreuse.
On ressort finalement de la salle, partagé entre la naissance d'un futur talent du cinéma de genre français, portant sur ses épaules la renaissance peut-être d'un cinéma efficace qui manque, et surtout avec le souvenir d'un premier film maîtrisé et superbe (notamment au vu du budget, on ne peut que saluer la photographie et la performance des acteurs). Jamais bâclé, le film de Basset est donc une vraie réussite, intimiste et personnelle, qui finalement montre que nous aussi, on a des réalisateurs en France qui en ont dans le pantalon.