Je me suis bien fait chier pendant ce giallo pourtant réalisé par Martino, les seuls moments où je me suis intéressé au film ont commencé à partir de la 40ème minute et l'arrivée d'Edwige Fenech et ont continué jusqu'à son meutre. Avant et après, j'ai trouvé le reste inintéressant.
Je trouve que la sauce ne prend pas, c'est trop confus et ca parle trop. C'est vrai que le DVD de Luminous a un son dégeulasse et c'est très dur de comprendre quelque chose.
Aurais-je vu un mauvais Martino ? (je ne savais pas que cela pouvait exister )
pas trop parce que, effectivement le dvd est pas top. Mais il y'a Edwige donc ca me suffit pour passer un bon moment. Elle a sa coupe que j'adore Sinon Anita n'est pas la plus belle dans ce film. Ils ne l'ont pas loupé.
J'aime bien pour ma part ...tentative intéressante de diversifier le genre. Il est clair que l'histoire est complexe, c'est justement à mon sens ce qui fait un de ses atouts. Les influences du Chat Noir, de Theoreme et d'un soupçon de complexe d'oedipe ne sont pas les pires références existantes.
Moi j'ai vraiment aimé et j'ai carrément été impressionné par la mise en scène de Martino avec ses effets presques abstraits.
C'est un pur exercice de style qui n'arrête d'expérimenter et je trouve ça vraiment étonnant de la part de Martino. Le scénario n'avance pas bp mais on s'en fout c'est du pur cinéma-fantasme sans début ni fin, de l'image qui plane. Je trouve que le film est un peu un équivalent chez Martino de certains de Palma, lorsqu'il prend un détail hitchcockien et qu'il en fait un film. Martino procède de la même manière, prend quelques idées du "chat noir", des thèmes psychanalytiques et brode avec.
Je trouve ça plutôt fascinant d'avoir ce côté inattendu de film qui a l'air de se construire devant nous. Bref j'adore.
Le lendemain je me suis revu "All the color of the dark" et j'ai été surpris de voir à quel point Martino était capable d'adopter plusieurs formes de cinéma, classique et nettement moins classique avec "Your vice"...
Séduit par miss wardh et la queue du scorpion, j'ai donc poursuivis la decouverte de martino, avec ce "vice" ...
Et là c'est la grosse claque, du scenar (je connais pas la nouvelle de poe dont le film est inspiré) à la musique, en passant par l'interpretation, fenech en salope, pistilli en alcolo déjanté, et que dire d'anita strindberg epoustouflante son interpretation est incroyable
Côté réalisation la encore c'est le top niveau, les couleurs, cette atmosphere, des angles de folie, bref que du bonheur
all the colors... est assez étonnant avec de nombreux passages psychédéliques. J'ai eu aussi du mal à accrocher sur YOUR VICE IS LOCKED... énième lointaine adaptation du chat noir. Ce n'est en tout cas pas la pire (celle de Fulci l'est) ni la meilleure.
shine on you crazy diamond - Syd Barrett (1946-2006)
Il tuo vizio è una stanza chiusa e io solo ne ho la chiave / Ton vice est une pièce fermée dont moi seul ait la clé.
Second giallo de Martino aprés Lo strano vizio della signora Wardh, Il tuo vizio.. fait partie des nombreuses adaptations du Chat noir de Poe et peut être l'une des plus fidèles à laquelle le réalisateur ajoute les élèments du giallo argentesque- la silhouette au rasoir, les meurtres violents- et ceux du gothique décadent de l'horreur italienne des 70s qui se mèle aux élèments typiques des oeuvres de Poe.
Le mélange est ici parfait et dés l'ouverture du film se crée une atmosphère étrange, pesante, un sentiment de peur diffuse, une ambiguité qui baigne dans un climat maladif de folie tout aussi diffuse que cultivent les deux personnages principaux.
Irene est terrorisée et battue par son mari, Oliviero, écrivain déchu et alcoolique, hanté par le souvenir de sa mére décédée à qui il vouait une admiration sans borne. Il accumule les conquêtes et orgies sous les yeux de sa femme, résignée.
C'est dans ce contexte qu'un mystèrieux tueur assassine une des amantes d'Oliviero ainsi que sa servante noire. L'écrivain est le premier suspect, tout le désignant comme coupable ce qui effraie encore plus Irene. Seul témoin, le chat noir d'Oliviero, Satanas, dont Irene a une peur bleue, un chat qu'elle maudit et qui la terrorise.
C'est alors que débarque Fiorina, la nièce d'Oliviero, en qui Irene trouve non seulement une confidente mais aussi une amante. Mais quel jeu perfide joue exactement Fiorina en se servant de ses charmes ? Si le tueur est arrêté, la folie d'Oliviero ne cesse de croire, se transformant en monstre.
A bout de nerfs, Irene va planifier son assassinat, projetant de l'emmurer dans la cave, après s'être débarassée du chat qui pourtant semble toujours en vie, hantant les couloirs, déchirant le silence de la nuit de ses miaulements vengeurs.
Mais dans cet embroglio d'êtres torturés et machiavéliques, le fou n'est pas toujours celui qu'on croit et c'est le chat qui lors d'un final époustoufflant d'une infinie cruauté dévoilera le diabolisme du coupable.
Il tuo vizio.. c'est le jeu de la perversion et de la folie, un jeu dangereux qui ici finit par absorber les vraies personnalités, faire perdre toute lucidité et perdre pied avec la réalité, le jeu parfait de l'ambiguité, de l'ombre et de la lumière où personne n'est ce qu'il semble être.
C'est un jeu diabolique où chaque détail est mathématiquement calculé, un parfait jeu d'acteur où même les peurs les plus intenses ne sont qu'une perverse comédie.
C'est dans cet univers où chacun des protagonistes est plus machiavéliques l'un que l'autre, véritable échiquier où les visages se masquent tous, que Martino situe donc cette histoire passionnante, l'histoire d'un terrible complot que ce chat aux yeux luisants dans l'obscurité fera échouer à la toute dernière minute, petit grain de sable qui fera éclater au grand jour l'abominable.
Prenant pour cadre un magnifique manoir au décor qui rapelle le glorieux passé des héros, Il tuo vizio.. bénéficie d'une réalisation efficace, sans faille, alerte et incisive ponctuée par une magnifique BO.
Aux élèments de l'horreur gothique italienne- orage s'abattant sur le manoir, ombres inquiètantes et portes qui claquent, héroine apeurée et bien sûr ce chat noir- se greffe la violence des meurtres- égorgements au rasoir, lacération des chairs sans oublier l'acharnement avec lequel Irene crève les yeux du chat avec un ciseau- et l'érotisme léger dont l'indispensable relation saphique.
Dernier atout de Ce vice...., la trés bonne interprétation de Luigi Pistilli en écrivain fou et dépravé qui rapelle par moment Jack Nicholson dans Shining notament lors de l'angoissante scéne de la machine à écrire, mais surtout le jeu fabuleux de l'altière Anita Strindberg, véritable martyr symbolisant à la perfection toute la terreur et le desespoir humain jusqu'au revirement final sans oublier la Fenech, trouble et vénéneuse... pour une fois physiquement potable, O miracle... bien que...
A leurs cotés, l'indispensable Ivan Rassimov et la Giordano en putain. On y reperera également une toute jeune Dalila Di Lazaro en danseuse hippie nue.
Mais le véritable héros du film reste ce chat noir inquiètant, symbole de la peur, des remords et de la conscience de chacun.
Il tuo vizio.. fait sans nul doute partie des meilleurs films qu'ait tourné Martino et l'un de ses meilleurs gialli si ce n'est le meilleur, tenant en haleine 94 mn durant.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.