Youth - Paolo Sorrentino (2015)

[Superwonderscope]

Deux octogénaires, amis depuis de très longues années, se retrouvent dans un hotel en Suisse. Michael Caine est un chef d'orchestre las de la vie. Harvey Keitel un scénariste qui se bat pour finir l'écriture de son dernier film. La fille de Caine (Rachel Weisz) apprend que son mari (le fils de Keitel) la quitte pour une jeune femme plus jeune.

Nouveau film de Sorrentino (La Grande Bellezza, Les Conséquences de l'Amour) en compétition à Cannes 2015. Je vais pas y aller par quatre chemins : j'avais un peu peur vu le sujet (Sorrentino est quand même mon cinéaste préféré de ces dernières années), mais, bon, j'ai quand même beaucoup aimé. Le film a beaucoup divisé sur la croisette, avec des commentaires assassins des cahiers, notamment. Alors que curieusement pendant la projo presse au Grand Palais, il a été acclamé par le public présent, qui s'est beaucoup amusé pendant le film - témoins les nombreux rires qui ont égréné les quelques deux heures de film.

Au de là des dialogues plutôt drôles, mordants, on a droit un film à la légèreté grave. Parfois crépusculaire, tantôt décalé. La notion et le regard porté sur la vieillesse m'ont paru plutôt un pretexte qu'autre chose. Avec un univers familier qui tire au grotesque, comme souvent chez Sorrentino. Les détracteurs auront encore matière à se lâcher. Quoique le scénario soit quelque peu différent des autres. Plus kaleidoscopique, avec des embardées video curieuses. Des gens jouant leur propre rôle : la pop star UK Paloma Faith qui ba accepté quand même un jeu totalement suicidaire pour son image et sa carrière! Je lui tire ma révérence pour le coup. Idem pour un certain joueur nommé Diego Maradona, qui se révèle... plutôt bon acteur!

Un regard amusé sur l'image, ce qu'elle renvoie, la création visuelle, la TV, la fonction du cinéma.... quelques éléments m'ont paru un peu donneur de leçon, mais l'argument général est contrebalancé par la qualité de l'interprétation. Même Rachel Weisz parvient à émouvoir, agacer, attendrir, rire de son personnage pourtant pas évident. Symptôme de la femme de 40 ans rejetée - à la fois par son mari, mais également par ricochet, par le monde du spectacle (cf les commentaires d'hier de Maggie Gyllenhaal!).
Jane Fonda fait une apparition finale lestée, mouchetée qui défigure là aussi l'image qu'elle peut renvoyer.
Scope impeccable, musique que je vais m’empêcher d'acheter, Youth est à mon sens comme une prolongation de la Grande Bellezza (même structure d'ouverture en musique, p.ex), de la tristesse cachée des Conséquences de l'amour, du cynisme du monde d'Il Divo. Avec des clichés tués sur place (Miss Univers, superbe et intelligente) et des ruptures de tons spectaculaires.
Le film va clairement diviser, mais au bout du compte, j'ai été conquis.



Sorti en Septembre 2015.

[dario carpenter]

"Paolo Sorrentino est un cinéaste : il fait, donc, du cinéma, contrairement à beaucoup de réalisateurs, présents à Cannes, cette année. On l’aime pour ça. Si certains le trouvent insupportable, qu’importe: tant d’autres le sont sans avoir son talent." Telerama

"Le navet moraliste et passéiste de Sorrentino. Petite leçon de dandysme frelaté, nostalgie collante et démonstration de style boursoufflé par le pire cinéaste au monde." Les inrocks

"Du haut de ses quarante-quatre ans, le cinéaste italien cabotin livre une ode précoce à la sénilité. " (Liberation)

"Enfin, il est difficile de parler de Youth sans aborder la très belle mise en scène de Paolo Sorrentino. (...)
Au final, Youth n’est pas un très grand film, mais il se regarde avec beaucoup de plaisir et est très réussi. " Oblikon.net

[dario carpenter]

Bien aimé dans l'ensemble, un Sorrentino moins majestueux mais aussi moins ostentatoire plus modeste, plus ramassé et plus incarné que "la grande bellezza", il me parait plus accessible dans sa narration, ses personnages et arrive à émouvoir sur sa fin en partie grâce au trio Keitel/Caine/Weisz

Idem pour un certain joueur nommé Diego Maradona, qui se révèle... plutôt bon acteur!

On se demande un peu ce qu'il fout là quand même
ah la scène avec sa balle de tennis en CGI!

[DPG]

Euh, pr info, ce n'est pas le vrai Maradona hein

Et Sorrentino est un énorme fan du Napoli, club où a brillé Diego ds les années 80, d'où le clin d'oeil. Il y a une itv de Sorrentino ds le dernier SO FOOT où il parle de tout ça, et explique aussi la présence de Maradona ds le film, je vous copierai ça à l'occaz si vous voulez

De mémoire, il disait quelque chose comme "même sous la vulgarité, on trouve de la grâce et du sublime", un truc comme ça...

[dario carpenter]

J'ai été aussi étonné de voir Adolf dans le film, on se demande ce qu'il fout là, et je pensais qu'il était mort!

[Winston Z.]

Je n'ai pas vu le film mais j'avais remarqué l'affiche en passant devant le cinéma Rialto de Nice. J'imagine bien en sous-titre quelque chose comme : "Merde... c'est trop con d'être vieux". Ce qui n'est pas très éloigné de ce que je me dis moi-même quand je me rappelle que j'ai quarante balais...

[comte vonkrolock]

La dame est même pas cité sur l'affiche en plus. Si sa se trouve elle fera carrière en dehors du Mannequinat.... Ah s'est déjà fait dsl

Et oui faudrais pas la confondre avec la très belle Rachel Weiz, de dos s'est pas toujours évident

[Superwonderscope]

Revu sur le Blu Ray italien de chez Medusa. magnifique Copie 2.40:1 et DTS HD MA 5.1 incroyable. je retrouve les mêmes sensations multicanaux que lors de sa projection cinéma. Sublime!

Pour le film, j'ai préféré cette seconde vision. Cette perspective du futur du point de vue d'hommes qui ont leur histoire en bout de course reste fascinante. Tout comme la réflexion sur le mode de l'artiste, la place de la culture dans la société, la notion toute relative de jeunesse.
J'ai encore des frissons lorsque la scène finale démarre
J'adore, quoi.

Moral, oui. Moralisateur, non.