Bobby Deerfield (1977) Sydney Pollack

[arioch]

Un film avec Al Pacino que je n'avais jamais vu. J'allais donc réparer vaguement l'erreur cette nuit en en regardant un bout petit bout avant de dormir genre en me couchant vers les 3 heures. Je vous racontes ma vie, je sais, je sais... En fait, je pensais couper rapidement et... Finalement impossible de couper ce film !

L'histoire est celle d'un coureur de F1, Bobby Deerfield, qui se pose des questions existentielles suite à un accident durant un Grand Prix. Pour essayer de comprendre les raisons de l'accident ayant tué son coequipier et rendu infirme un autre pilote, il se rend dans l'hopital où séjourne ce dernier. C'est là qu'il fait la connaissance de Lillian Morelli, patiente au même endroit. Finalement, le lendemain matin, elle repart avec lui vers l'Italie en voiture...

Drôle de film que ce Bobby Deerfield dont la Featurette du DVD français annonce la couleur en parlant de réinventer l'histoire d'amour ! Sans compter que si le personnage principal est un pilote de F1, le film n'a rien à voir avec LE MANS (certaines séquences ont été tourné sur le fameux circuit), GRAND PRIX ou encore VIRAGES dans le sens où le monde des courses automobiles n'est absolument pas le sujet central de l'histoire. Bien au contraire ! En réalité, il s'agit de l'histoire d'un homme qui vit dans un monde entièrement contrôlé où le risque est calculé et où il n'y a pas de place pour l'imprévu. Jusqu'au jour où il rencontre une femme qui vit dans l'instant. Deux personnages dont la façon d'aborder la vie (et la mort) sont si différentes qu'une scéne le résume en quelques secondes lorsqu'elle s'envole dans les airs à bord d'un ballon et qu'il reste de son côté les pieds sur terre. Des scènes jolies, ou en tout cas aussi évocatrice, le film en est rempli avec par exemple cette traversée d'un tunnel où elle lui parle a demi mot de la mort et de la souffrance avant de pousser un cri libérateur. Et le film de Pollack ne joue même pas les facilités du mélo habituel jusqu'à même nous surprendre lors de la séquence de fin en ne nous offrant pas ce qui paraitrait une évidence. D'où, à l'issue du métrage, une question qui persiste, Bobby Deerfield a t'il vraiment été changé radicalement par cette rencontre qui n'aura duré que l'espace de quelques semaines ou bien n'a t'il fait qu'un pas vers la spontanéité (la vie) ?

Alors, bon, c'est pas gore pour un sou, le déroulement n'a rien d'une chevauchée sauvage et certains seront peut être même très surpris par le casting hétéroclite mis en place. Car face à Al Pacino, on trouve la magnifique Marthe Keller, qui soyons clair vole littéralement la vedette à l'acteur américain, mais aussi Anny Duperey, Romolo Valli ou encore Gérard Hernandez ! D'ailleurs ce dernier a un rôle assez sympathique et insolite. A ce propos, la première partie du film baigne dans un climat étrange, parfois assez bizarre, comme cette ouverture onirique ou le passage dans l'hopital ainsi que la petite partie "road movie". Dans le genre, on pourra aussi être fort surpris par l'approche naturaliste et absolument pas glamour du film. A l'image d'une soirée où les deux personnages rentrent, d'un commun accord, dans la même chambre d'hotel (ils en avaient pris deux) et entame un deshabillage silencieux chacun de leur côté sans vraiment se regarder. Une scène bateau qui démarre donc de manière assez étonnante mais qui aura une issue tout aussi surprenante.

J'ai vraiment été scotché par ce film que ce soit dans les dialogues ou les scènes qui ont un côté touchant et émouvant.

Voilà, maintenant, je vais me faire engueuler par Manolito qui va me dire que j'ai d'autres choses à foutre que de regarder des films d'amour !

[manuma]

Je partage le même enthousiasme pour ce film découvert à la télé il y a une dizaine d’années. Le style épuré, tout en finesse d’Alvin Sargent associé à une mise en scène d'une grande délicatesse et 2 prestations d'acteurs impeccables, cela donne une œuvre superbe, insolite et aérienne, un très beau mélodrame. J'ai encore en mémoire le passage de la traversée du tunnel en voiture d’Al Pacino, par ailleurs magnifiquement éclairé par Henri Decaë, que cite Arioch ...

En tout cas, mon film préféré de Pollack avec The Yakusa.

[dario carpenter]

Joli film en effet, délicat, subtil, ballade romantique un peu mortifère avec ce personnage condamné mais qui profite de la vie et cet autre qui s'est coupé de ses émotions...belles prestations notamment de Pacino qu'on a rarement vu aussi "apathique"...un film méconnu, gros échec à sa sortie je crois, qui gagnerait à être plus connu!

D'où, à l'issue du métrage, une question qui persiste, Bobby Deerfield a t'il vraiment été changé radicalement par cette rencontre qui n'aura duré que l'espace de quelques semaines ou bien n'a t'il fait qu'un pas vers la spontanéité (la vie) ?

Il entrevoit quand même la lumière au bout du tunnel à la fin, et chantonne...à la limite la photo du couple avant le générique de fin parait rajoutée, accessoire par rapport à ce qu'on perçoit du changement dans la personnalité de Bobby Deerfield.

[comte vonkrolock]

Allez j'en profite aussi de ma minuscule anecdode, puisque j'ai découvert le cinéma de Bill Wilder il y a quelques mois (années je ne sais plus ).
Marthe Keller qui joue dans Fedora parle de la période ou elle était en couple avec Pacino, pas que dans la vie réel mais aussi à l'écran comme dans ce film. Donc un plus qui joue peut-être à l'écran, je n'est pas vu le film mais sa me donnerais presque envie de le découvrir.