Le docteur Johannes Wallenberger se rend à un mystérieux rendez-vous dans un parc d'attractions de Madrid. Il y est assassiné. La compagnie auprès de laquelle il avait souscrit une assurance-vie envoie Chris Boyer, un de ses meilleurs détectives, sur les lieux du crime, afin d'éclaircir l'affaire. Chris fait la connaissance de Catherine, la fille cadette du docteur. Un peu plus tard, il se rend avec elle au manoir familial où il rencontre Magda, la femme de Wallenberger, et Barbara, la soeur aînée de Catherine. Il séduit rapidement la jeune femme mais, le lendemain, on découvre le corps sans vie de Barbara dans sa chambre...

Houla qu’il n’est pas bon ce petit giallo italo-espagnol cuvée 72, signé du redoutable de Alfonso Brescia et connu chez nous sous le sobriquet de Manoir aux filles.
Par ou je commence … allez, l’intrigue : c‘est une sorte de mélange entre Les Diaboliques de Clouzot et le Double indemnity de Wilder à la sauce sexy-giallo façon Lenzi, via un portrait de famille bourgeoise oisive et décadente comme on les aime. Il ne se passe pas grand-chose pendant les trois quarts du film, consacrés presque exclusivement aux aventures galantes du beau Robert Hoffmann. On a ainsi droit à beaucoup de bavardages, quelques petites séquences érotiques d’une exemplaire gratuité, et, de temps en temps, un petit bout de fausse piste afin d'égarer ceux qui s’intéresseraient à cette affaire. Le tout se concluant évidemment par une pluie de rebondissements plus ou moins vraisemblables.
A la réalisation, Alfonso Brescia s’applique à imiter ses collègues Bava et Argento, mais l’étincelle ne jaillit pas. Il secoue sa caméra, donne dans le plan subjectif, le gros plan, le zoom/dézoom in your face, nous sert quelques travellings à ras du parquet, mais, malgré un prologue intriguant et plusieurs séquences pas vilaines à regarder (grâce à des éclairages bariolés bien inspirés et une jolie photo), ça reste plat, mécanique, il n’y a pas d’ambiance …
L’interprétation est à peu près correcte à une grosse exception près : Robert Hoffmann. Le bougre joue très très mal. Misant tout sur son brushing luisant, il frôle ici l’invisibilité et finalement cela vaut peut-être comme ça car, lorsqu’on lui demande d’en faire un peu plus, comme dans la séquence de la beuverie avec Irina Demick ou dans sa grand scène finale, ça devient vite tordant, voire embarrassant pour ceux qui ne sont pas d’humeur à rire.
Ajoutant à cela une VF souvent bidonnante, multipliant les répliques creuses aux limites de l’absurde déclamées sur un ton épouvantablement théâtral, et l’on obtient un film amusant, visuellement plaisant, mais très mineur dans son genre et réservé avant tout exclusivement aux fondus de giallos. Vu sur Ciné FX, estampillé d’une incompréhensible signalétique interdit aux moins de 16 ans.