Un procureur souhaitant devenir sénateur décide de s'embarquer dans une affaire de défense de la morale. Après l'arrestation d'un libraire vendant un livre jugé obscène nommé "The Seven Minutes" et le viol d'une jeune fille par le fils d'un politicien en vue, charge est faite sur la faute du livre. L'avocat de l'éditeur du livre ne fait que rencontrer des soucis pour contrer le procès en pornographie.

Autant le dire de suite, les amateurs de Russ Meyer pour ses femmes à poitrine hénaurmes en seront pour leur frais. Les jeunes femmes sont exposées de manière savante, avantageuse... Meyer titille mais le but n'est pas d'exposer le tout à l'écran

Néanmoins, le style visuel et narratif de Meyer est bien présent. Un montage audacieux, nerveux, des superpositions de sons et d'images venant de sources différentes, du jeu avec le passé/le présent, des angles de prises de vues étonnants...tout est fait pour galvaniser le genre "film de procès" auquel le film se rattache. Faute aussi au livre d'Irving Wallace, dont le film est une libre adaptation. Le sujet même semble coller parfaitement au procès d'intention qui était fait à Russ Meyer à l'époque.
A noter la scène du viol, hachée entre les incantations d'un DJ, d'une musique rock assourdissante... une réussite visuelle.
Qui plus est, le thème du film est encore brulant d'actualité aujourd'hui! Ce qui est jugé obscène ou pornographique par certains, est-il en fait simplement une oeuvre d'art et apprécié(e) comme tel(le) par d'autres?
A noter que le board de la Fox a voulu casser le contrat de Meyer à la suite de Beyond the Valley of the Dolls. Dont certains hommes d'affaires, actrice (Grace Kelly), homme politiques, etc... le film étant jugé "obscène". Le parallèle fait ici saute aux yeux, tant Meyer ridiculise les hommes politiques, procureurs et autres hommes d'affaires, en les faisant passer pour des hypocrites, manipulateurs et eux-mêmes consommateurs "d'obscénités". Ca s'appelle un retour à l'envoyeur. Meyer a du s'amuser comme un petit fou.
Meyer utilise son ton habituel de comédie virant au grotesque par petites touches. C'est curieusement ce qui dessert le film. ne sachant pas si on a à faire à une comédie ou un film "sérieux", l'adaptation est bancale, voire risible par moments, ce qui est assez dommage. Meyer se laisse aussi aller à son habituelle homophobie à la petite semaine avec un témoin-clé du procès qui est une folle furieuse qui va dans le sens de l'accusation car on sait bien que "les gays haïssent ce qui a attrait à l'hétérosexualité" et donc forcément, cela en fait un support de choix pour le procès en obscénité du livre. N'importe quoi.
On n'échappe pas à quelques scènes olé-olé (dont un tournage de film érotique chambardé par une descente de flics) et l'on retrouve l'ambiance hippie/rock de Beyond... Le tout avec une excellente bande son "à la Meyer"; créant un décalage comique qui fonctionne la plupart du temps.
Un casting d'habitués : Edy Williams qui était dans "Beyond.." tout comme Charles Napier qu'on retrouvera dans Supervixens), mais des surprises: Yvonne de Carlo -dont le rôle renvoie aussi à la réalité!-, John Carradine, Alex d'Arcy (la Mort dans le filet, quand même!), le fort en gueule et présence Harold Stone dans le rôle du juge, un tout jeune Tom Selleck dans son 2e rôle au cinéma, et en ayant le bon oeil, Uschi Digard dans un tout petit rôle...
Pas un grand film, loin s'en faut, mais 110 minutes plutôt bien troussées, où Meyer ne perd rien de son flair visuel, mais se perd quelque peu dans les convolutions d'un scénario alambiqué, traité parfois par-dessus la jambe. Je crois me souvenir avoir lu que Meyer n'aime pas franchement ce film. Il n'est Pas forcément à son aise, mais c'est amplement regardable, si on arrive à trouver le film - qui est assez rare aujourd'hui.