Stonewall - Roland Emmerich (2014)

[Superwonderscope]

Avant de verser dans ID Forever en 2016, Roland Emmerich vient d'annoncer sur sa page Facebook qu'il attaque le tournage ce printemps de Stonewall.

Le film relatera la révolte de 1969 au bar Stonewall Inn qui va mener à la naissance du mouvement de libération homosexuel - et trois jours de batailles rangées entre les policiers venus faire une descente et les clients du bar qui vont mener barricades et montée en puissance. La révolte se terminera le jour de la mort de Judy Garland - dont la chanson du Magicien d'Oz donnera naissance en même temps au drapeau arc-en-ciel.

Très étonnant pour Emmerich d'embrasser un événement certes qui le touche directement, mais ça fait projet très perso dans sa filmo (un peu le It's My Party de randal Kleiser, par exemple...)

[Haribo]

J'ai l'impression qu'il veut alterner un peu maintenant entre grosse prod "bigger than life" et projets plus modestes mais néanmoins ambitieux sur le papier.
J'ai toujours pensé qu'il était moins "boeuf" que ce qu'il voulait montrer dans son travail, ça se confirme.
Après j'imagine très bien qu'il a tout a fait les qualités pour tomber dans le lyrisme sur fond de Judy Garland. Je ne lui en voudrai pas.

[Superwonderscope]

Gros échec aux USA suite à une polémique sur le "whitewashing" qu'Emmerich a fait subir à son film. Il y a donc toutes les chances s-qu'il ne sorte jamais en France. La première erreur fut d'appeler le film Stonewall, en fait.

Les accusations ont pesé sur la transformation des faits historiques qui se sont déroulés lors des émeutes de Christopher Street EN 1969. Emmerich centre son film sur une jeune du Kansas, danny (personnage fictif), éjecté du domicile familial par un père qui découvre que son fils est gay. Il arrive dans le milieu interlope de NYC au beau milieu de Christopher Street. Joignant un groupe de drag queens, transsexuels, prostitués qui gravitent autour du bar Stonewall inn. Entre descente de police et autres humiliations, tout cela va pointer avec une révolte des minorités qui vont affronter durant quatre jours et nuit les forces de police.

C'est en Scope, impeccablement tourné, à la photographie superbe. On sent un budget bien moindre que dans ses autres prods, mais il n'empeche que tout est très bien soigné jusque dans les détails.
L'arc narratif choisi (Danny) pour être les yeux et les oreilles du spectateur non initié est bien vu. Sauf qu'en effet il prend le pas sur les véritables investigateurs de la révolte. Il en vient à jeter la première pierre qui déclenche l'émeute... ce qui est historiquement faux. Je me disais bon : si quelqu'un veut de la vérité historique, autant produire un documentaire. Mais en même temps, c'est assez dommage, car ça fait très occasion manquée. D'un autre côté, le projet n'aurait jamais vu le jour si les héros avaient été de grandes drag queens blacks, lesbiennes butch, prostitués en tous genres... donc le film égratigne, transforme quelque peu la réalité, la "hollywoodise" quelque peu.
Pour le reste, tout est assez juste : les politiques qui voulaient ne pas en venir au main, la police qui traquait Ed Murphy (un Ron Perlman tout en retenue) et le flic (impeccable Matt Craven) qui a toujours soutenu que les raids étaient pur combattre le crime organisé....
Certains moments sont vraiment très forts (après que Ray/Ramona se soit fait tabasser, entre autres), qui se mélangent à d'autres assez convenus, quelques facilités (la fin en noir et blanc avec la mère et la soeur de danny). A défaut d'être honnête, le film s'avère plus sincère que je ne m'y attendais.

128 minutes qui veulent trop suivre de nombreuses pistes. Qui trop embrasse mal étreint, mais je me suis surpris a apprécier l'ensemble malgré ses défauts évidents.

[Superwonderscope]

Revisitation sur e DVD Z2 sorti par Condor. D.D anglais 5.1 avec stp et DTS français. 2.40:1 et 123mn. Grosso modo le même sentiment que la première vision. Une trahison historique évidente mais la vision de l'artiste rime avant tout sur la réalité historique, donc un choix (contestable ou pas) de suivre l'histoire avec un grand H à travers les yeux d'un jeune gay jeté par ses parents et qui débarque à NYC au beau milieu de celles et ceux qui vont mener la révolte de Stonewall. Avec le recul, Emmerich tente en fait de mêler deux sujets : celui des jeunes gays et lesbiennes SDF rejetés par leurs parents (dont l'un des héros de Stonewall s'occupera justement de ce problème là) et la trajectoire historique des révoltes contre les descentes de police qui "soi-disant" visaient le crime organisé... qui, certes, noyautaient les bars pour à la fois profiter de la clientèle gay (que la loi interdisait de servir de l'alcool à l'époque) et pour laver l'argent -sale. Tout comme télescoper les avis divergents des activistes de la Mattchine society (qui prônaient l'intégration par l'invisibilité, mettre des costumes pour être "respectables aux yeux des hétérosexuels" (ici incarné par Jonahan Rhys-Meyers)et ceux qui prônaient l'action de revolution dans les rues pour faire cesser tout harcèlement.
Le problème reste qu'Emmerich et son scénariste veulent suivre trop de pistes en même temps, et que le film manque curieusement de focus. On sent qu'il tente de relier tout cela à travers la trajectoire et l'éveil politique du jeune héros. mais c'est maladroit et déséquilibré par moments. Le film possède la coeur au bon endroit mais au détriment non seulement de la vérité historique et de la narration trop disséminée. Dommage, mais pas intéressant à suivre, car tous les vrais personnages de cette révolte (qui dura 3 nuits et 4 jours) s'y retrouvent dans leurs fonctions.