Une pianiste de talent, invitee par un etrange, personnage createur d’automates, se rend a une demonstration d’echec mettant en presence un joueur “humain” et l’un des fameux “robots”. Plus troublant encore, la pianiste semble reconnaitre le style de jeu du “robot” comme celui d’un etre cher et decide de demander a une connaissance d’enqueter pour y voir de plus pres…
Base sur un recit de George Langelaan (The Fly (1958), Night Gallery TV (1971) ) et realise pour la television francaise—a l’epoque une Antenne 2 qui a tout juste gagne son independence d’une ORTF TRES frileuse quant au fantastique et a l’epouvante, LCdC reussi un grand ecart entre une fiction et…des faits “historiques”, voire certaines anecdotes assez rares…
Ainsi, un “comte de St. Germain”, etant ne et ayant vecu au 18eme siècle, a laisse d’etranges traces comme homme de science, de talents, de langues, d’intrigues, d’aventurier, d’alchimiste(!), mais aussi de charlatan(!). La legende verrait en lui voit un immortel, le Juif Errant, voir un etre surnaturel…
Entre amateur d’art, “inventeur” de genie, “renaissance man” en general, voire charlatan ou manipulateur, le lien entre le “personnage historique” et le celui du telefilm est tres vite etabli, notamment grace a l’interpretation qu’en fera Andre Reybaz.
Le telefilm puise cependant egalement dans une autre serie de faits historiques—un peu moins “esoteriques”, ceux-ci, car lies au “Turc mecanique”, un redoutable automaton joueur d’echecs ayant joue devant les tetes couronnes du 18eme siècle et ce, jusqu’au 19eme, jusqu’a ce qu’il fut “demasque”—ou pluot, qu’il ne fut “generalement considere” qu’il s’agissait d’une “imposture des plus elaborees”.
En fait, cree initialement pour epater l’imperatrice Maria-Therese, l’automaton impressionna de par ses “talents” et sa “capacite” a effectuer des tours aux echecs. S’il fallu 50 annees pour accepter l’idee de “fraude”, le turc fera des tournees et deconcerta son public pendant plus de 80 annees, pami lequel l’on put inclure Edgar Allan Poe (qui flaira quand meme l’imposture, sans pouvoir la demasquer!).
Le telefilm, beau joueur, fait ainsi reference (meme si assez vague) quand a d’autres modeles d’automatons, ancetres du modele-vedette du present recit.
A noter regalement, que s’il ne se pare plus des memes vetements que le “Turc original”, son design, et notamment celui de sa tete donne l’impression d’un turban, allusion assez subtile s’il en est.
A la realisation, Michel Subiela (Le Theatre de la Jeunesse TV (1962), Le Tribunal de l’Impossible TV (1969) ), amateur de fantastique “dans la place” (la television francaise, en l’occurrence), ne cherchera jamais a en “mettre plein la vue” au spectateur en alignant les “effets de manches”, preferant—a l’instar d’une partie d’echecs—de positionner ses pieces intelligemment, l’une apres l’autre, fesant batir des theories au spectateur, theories qu’il demontera tres vite, gardant donc l’attention de ce dernier a chaque instant, et eveillant sa curiosite quant aux evenements qui se deroule.
Base sur un recit appelle “Les Robots pensants”, le titre du telefilm evente malheureusement le “pourquoi du comment” avec un aplomb assez rare. Reconnaissons neanmouns au realisateur une utilisation plus que judicieuse de ses cartes et une strategie sans faille dans le deroulement de son intrigue.
Andre Reybaz (Nous sommes tous des Assassins (1952), Le Golem TV (1967), Mazarin TV (1978) ) dans le role du mysterieux “comte” parvient a souffler le chaud et le froid, quelque part (faussement?) jovial, et generant une chair de poule, comme tout mysterieux personnage qu’il se doit.
Claude Jade (Mon Oncle Benjamin (1969), Topaz (1969), L’Ile au Trente Cercueils TV (1979) ) livre quant a elle une performance plus en retrait, se limitant surtout a lancer les investigations sur le sinistre automaton pour ensuite plus ou moins disparaitre du recit.
Francois Dunoyer (Spermula (1976), La Vengeance du Serpent a Plumes (1984), Le Retour d’Arsene Lupin TV (1998) ) sera plus present—mais un peu terne(!), et remplacera Jade dans le role de l’“enqueteur” curieux, cherchant a percer le secret de l’automaton, et ce, quel qu’il soit…
Le telefilm se suit donc comme une “enquete” sur un mysterieux personnages lie a une “disparition” et sur son univers assez bizarre et inquietants (les automatons en l’occurrence). Assez logique dans son deroulement, le recit n’evitera cependant pas des raccourcis vers la fin, coupant malheureusement court a des explications plus que bienvenues.
En resume, et malgre ses quelques facilites—surtout dues a l’epoque, un telefilm, qui jouant sur les apparences et s’inspirant directement (ou indirectement) de certains “faits” parvient a maintenir une certaine tension pendant toute sa duree et faire se refleter dans les yeux du “robot” une partie plus retorse et cruelle que ne laisseraient le supposer le format (la television, donc) et l’epoque.
A voir donc, comme un enrichissement “fantastique” de l’univers fascinant des 64 cases ou se sont déjà deroules tant de drames a travers l’histoire et comme une entrée francaise assez interessante (car rare) dans l’univers des robots…
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Le Collectionneur des Cerveaux TV (1976) – Michel Subiela
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Re: Le Collectionneur des Cerveaux TV (1976) – Michel Subiel

D'autres avis sur ce téléfilm?
Apparemment tourné à Evreux en Normandie...
