Je découvre enfin le premier film de cinéma de Spielberg.
Le scénario s'attache à ces deux grands enfants qui veulent entrer dans le monde des adultes en devenant parents de leur petit garçon gardé par une famille d'adoption. Il n'y a pas de méchants dans ce film, le policier pris en otage finit par sympathiser avec eux, et on apprend aussi à découvrir un homme derrière l'uniforme. Les barrières et les a priori tombent naturellement de part et d'autre. Idem pour le chef de police qui tente de calmer le jeu et de ne tuer personne et qui semble comprendre le couple, leur jeunesse, leur naïveté, leur mauvais choix, poussé par l'impatience, la douleur maternelle et le caractère trempé du personnage interprété par Goldie Hawn. Il y a le road movie intime, le road movie policier (avec toutes ces voitures), et aussi les effets des médias, prenant des risques pour être au plus près de l'événement (BFM TV peut se rhabiller

), mobilisant ainsi la foule, en faveur de ces jeunes. Leur passage en ville devient une fête. C'est assez surréaliste.
La mise en scène est typique de celle de Spielberg des années 70, savamment construite et découpée. La musique, plutôt discrète, entre country et petit orchestre symphonique donne le ton. Sugarland Express navigue entre bonne humeur, liberté et drame. On a clairement affaire à un film réalisé par un jeune homme (on excuse au passage quelques plans "symboliques" un brin naïf, je pense notamment au nounours écrasé). La fin du film reprend celle de Duel, en forme de pause méditative, en harmonie avec une nature soudainement apaisante.
Le bluray fait de son mieux, le grain pelloche est bien là, je ne sais pas si le travail de restauration a eu les faveurs d'un nettoyage scrupuleux image par image. J'imagine que non. Le son est en retrait, mono d'époque oblige. Mais on s'en fiche, ce sont les 70's. Et ça reste le meilleur moyen de redécouvrir ce beau film.