Fille d'un veuf routier, Suzanne devient fille-mère durant son adolescence, puis tombe amoureux d'un petit voyou marseillais...
Sara Forestier nous revient dans un rôle encore marqué par un lourd passif social : fille-mère, mauvaise mère, mauvaise fille, délinquante, mauvaise employée, l'incarnation du cauchemar de tout parent (ici le père joué par François Damien). Film tourné sans doute avec des moyens modestes, "Suzanne" avait été très bien reçu à sa sortie par la critique hexagonale.
Au rang de ses qualités, "Suzanne" adopte le point de vue d'un vrai film de femmes à tous les niveaux, regardant son personnage sans chercher à lui donner d'excuse (Suzanne vient d'un milieu populaire, mais n'a pas une enfance malheureuse, n'est pas au chômage, etc) ou à la condamner pour ses choix et ses actes.
Cette chronique pénalo-sociale part sur de bonnes bases, avec en particulier un trio de bons acteurs principaux (j'écarte Paul Hamy, dont on comprend à peine un mot sur deux de ce qu'il marmonne) et un regard frais et intéressant. Cependant, "Suzanne" s'égare sur plusieurs points.
Déjà, la forme, que ce soit l'image et le son, s'avère crue, à la limite de l'amateurisme. Ensuite, la tentative de narrer une histoire sur plusieurs années avec de nombreuses ellipses laisse le spectateur dubitatif, incapable de vraiment comprendre la durée des évènements, leurs enchaînements. Le choix de scénario semble être de penser que le spectateur n'a pas besoin de savoir ceci ou cela pour suivre le récit, mais ce parti-prix donne un film heurté, particulièrement vers la fin. Bref, une chronique sociale qui part de bonnes idées mais qui cinématographiquement, ne parvient pas à sortir de la masse.