A la suite d'une énigmatique tuerie, deux policiers parviennent à exhumer une vieille affaire d'homicide non résolu qui doit, selon eux, les mener au meurtrier.

Un curieux polar signé d’un réalisateur à mon goût un peu sous-estimé (malgré quelques casseroles à son actif, du type 6 Hommes pour sauver Harry, qu’il s’est d’ailleurs empressé de renier).
Curieux par son rythme, sa nonchalance, sa façon de partir dans plusieurs directions pour laisser un peu tout en plan à la fin. On suit en gros la tortueuse enquête d’un duo de flics forcement mal assorti, tentant de trouver une explication et un coupable à massacre à la mitraillette perpétré dans un autobus, dans lequel justement se trouvait le coéquipier de l’un des deux enquêteurs.
Stuart Rosenberg nous ballade donc dans les bas-fond de San Francisco, de fausses pistes en rendez-vous cocasses avec quelques pittoresques balances. Il prend son temps, et certains trouveront sans doute tout ça un peu paresseux. En ce qui me concerne, j’ai apprécié cette réalisation minutieuse, soucieuse du détail qui fait mouche, créant de suite une ambiance à part, et retranscrivant finalement assez bien la lassitude que semble trimballer avec lui le personnage principal. L’ensemble sait en outre être efficace, voir très sec, lorsque les choses se corsent, comme dans ce passage très réussi de l’arrestation manquée d’un suspect armé retenant plusieurs personnes en otage dans un appartement, arrestation à laquelle assistent impuissants nos deux enquêteurs. Enfin, concernant les rapports visiblement en forte détérioration qu’entretient ce flic avec sa femme et ses gosses, sa relation boiteuse avec son nouveau coéquipier ou même les tenants et aboutissants de son enquête, le film n’apportera aucune conclusion satisfaisante au spectateur, préférant s’achever sur une note ironique typiquement seventies.
L’interprétation est excellente, avec en tête d’affiche un Walter Matthau en pleine période polar, taciturne et mâchouilleur de chewing-gum, dans un joli contre-emploi, et surtout un grand Bruce Dern, endossant un personnage très intéressant de flic un peu branleur, un peu con, pas très malin mais néanmoins attachant dans le manque d’assurance que laisse perçevoir son attitude de cow-boy outrancièrement virile. Autour d’eux, le film fait le plein de légendaires seconds rôles du cinéma américain des années 70 et 80 : Matt Clark, Paul Koslo, Lou Gosset, Jr., Val Avery, Anthony Zerbe. Avec également une toute fraîche Joanna Cassidy.
Utilisation parcimonieuse de la musique comme cela était de rigueur à l’époque, avec guère plus d’un quart d’heure de score original de Charles Fox (et pas mal de source music, essentiellement du jazz) et un thème final mélancolique qui sied parfaitement à l’ambiance désabusée du film.
Adapté d'un roman policier suédois de Per Wahlöö et Maj Sjöwall.