The Yakuza - Sydney Pollack - 1975

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celia0
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Message par celia0 »

Copie cinemascope aux belles couleurs. Doublage français d'époque avec des voix très connues. Pas de Stf mais heureusement, tous les dialogues et les inscriptions en japonnais sont sous titrées en français à l'instar des dvd fox en zone 1.
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.
speedball
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Message par speedball »

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l'affiche Française
Manolito
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Re: The Yakuza - Sydney Pollack - 1975

Message par Manolito »

Effectivement, un Pollack de sa meilleure époque. Certes, on sent un peu d'opportunisme commercial dans ce projet, surtout dans des scènes d'action sous très forte influence asiatique et parfois d'une violence un peu forcée. Mais Pollack s'en sort bien d'abord en réussissant remarquablement les passages intimistes, les moments les plus tendres du film, les personnages, tout ce qui souligne la brutalité de la violence des moments d'action. La réalisation et la photo sont toujours très belles. Et Mitchum avec sa grosse parka et son fusil de chasse sous le bras en impose sévère au cours d'une longue et explosive séquence de règlement de compte !

Il passe en ce moment sur cine cinéma culte (copie correcte en 2.35, vm mono). Signalétique - 12 et visionnage en 14/9 rendu obligatoire même pour regarder le film sans sous-titre français, car le sous-titrage forcé des passages en japonais est placé trop bas dans l'écran... :?
bluesoul
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Re: The Yakuza - Sydney Pollack - 1975

Message par bluesoul »

Harry Kilmer (Robert Mitchum) revient au Japon apres une absence prolongee a la demande de son ami Tanner (Brian Keith). Tanner est en "delicatesse" avec Tono, un mafieux (Yakuza), a qui il devait livrer des armes payees d'avance et qu'il a perdu. En represaille, Tono a kidnappe la fille de Tanner et menace de la tuer endeans 4 jours s'il n'obtient pas ses armes. Kilmer devant une faveur a Tanner accepte de recuperer la fille de ce dernier, mais aura besoin d'aide et se tourne vers son ancienne compagne Eiko dont le frere, Tanaka (Takakura Ken), lui-meme un Yakuza lui doit egalement une faveur. En plus d'ignorer que Tanaka a quitte le monde de la pegre, Kilmer ne se doute pas qu'il vient de lancer une spirale de violence qui risque de tous les engloutir...

Base sur un recit de Leonard Schrader et scenarise par son frere Paul (Taxi Driver, Rolling Thunder, Mishima: A Life in Four Chapters), The Yakuza est une co-production americano-japonaise tournee au Japon avec l'aide de la Toei.

Autant arreter ici toute tentative de rester objectif devant ce film qui compte beaucoup pour bibi, et ce, a plus d'un titre. :oops:

J'avais decouvert TY dans les annees 70s, je crois sur A2 un mardi, donc potentiellement dans le cadre d'une "emission a theme" (Dossier de l'ecran ou quelque chose du genre).

Le film en lui-meme avait frappe le mioche que j'etais pour de nombreuses raisons: l'exotisme (normal!), la coolitude (Mitchum et Takakura--le Clint Eastwoord japonais--Ken, il ne manquait guere de Steven McQueen au casting pour baisser la temperature ambiante de 10 degres!), coolitude traversee par des eclairs de violence assez siderant (je crois me rappeller d'un carre blanc a l'epoque?) et surtout la culture qui impregnait le metrage. La culture japonaise m'etait completement etrangere a l'epoque, mon seul lien etant sans doute des anime qui passaient a la teloche et dont...j'ignorais completement qu'ils etaient japonais )8 !

En fait, quelque de plus profond m'avait marque, quelque chose que je remarquerais dans la cour de recre quand en discutant du film avec mes camarades de classe, je notais qu'ils avaient plutot aime le "film de la veille", sauf la scene d'"expiation" finale de Mitchum envers Takakura qui leur paraissait completement a l'ouest. Bizarrement, elle me paraissait "logique", une logique qui m'echappait bien sur, mais logique dans le contexte culturel. Rentrer sans coup ferir aurait ete "lache", voire pire; "trahir". Expier etait "normal".

Par la suite, le film tournant un peu sur les chaines TV (y compris les chaines publiques allemandes :shock: , et ce, malgre la violence du metrage), je ne manquais jamais de le (re-)voir.

Ado, le cote "crepusculaire" du film ressortait de plus en plus et me plaisait aussi. A l'epoque, les chaines (surtout allemandes) s'essayaient a l'exotisme et l'inter-culturel et montraient parfois des films japonais, notamment des films de Yakuza. Lier ce qui etait essentiellement un film americain avec ces derniers etait d'une facilite deconcertante. Ca ne detonnait pas, au contraire, les deux s'imbriquait avec facilite.

En videoclub, par contre, c'etait plus difficile. Avide de plaisirs "bis", je louais parfois des Sakura Killers ou des trucs du cru et...'ben ca ne passait resolument pas §£ .

En 1989, grand fan de Ridley Scott, j'allais voir Black Rain. Visuellement, c'etait (comme d'hab) tres reussi. Cote acteur Takakura ken etait nickel (Douglas etait "bon", on va dire :D ). Matsuda Yuusaku dans le role du Yakuza etait impressonant. L'action dechirait, mais le final me restait dans la gorge. Essentiellement, on a un grosbill ricain, qui vient foutre le bordel dans un autre pays, regler ca "a l'americaine" et repartir chez lui le poing en l'air en signe de victoire :roll: . Meme si on veut bien croire a leur amitie forgee dans le sang, on se doute que Takakura doit etre content de voir le "gaijin" (non-japonais) rentrer chez lui! :mrgreen:

Bref, deux films, deux concepts similaires (2 criminels dans TY et 2 flics dans BR, Takakura jouant dans les 2 films en plus!), et pourtant, en une quinzaine d'annees, le traitement culturel etait completement passe par la fenetre!
(Ne me lancez pas sur Rising Sun (1993) qui est encore plus a la ramasse... :evil: )

En 1989, TY avait deja disparu des programmes TV, mais BR me le rappellait furieusement. (Je ne me rappellais pas que Takakura etait dans les 2 films par contre--mea culpa! :oops: ).

Par contre, le film m'est toujours reste en memoire, meme si ca devenait de plus en plus flou.

Avance rapide jusqu'a hier 2016/11/7, ou je zappe en soiree sur le bouquet BS de la NHK nationale et tombe dessus. Bonheur! 8))

C'etait fascinant de revoir ce film apres (quand meme) une trentaine d'annees et tant de choses qui se sont passees dans ma vie. (A AUCUN moment, je n'aurais cru aller ou meme vivre au Japon!)

En trente ans et apres etudie la langue et vu des kilometres de series TV, films (y compris des films de Yakuzas!), la justesse du film est juste hallucinante pour un film "etranger". La comprehension du film, de ses enjeux et de ses "limites" n'est plus "epidermique", mais devient "profonde".

En Europe, les dialogues japonais sont sous-titres. Normal. Au Japon, les dialogues anglais sont sous-titres (en japonais). Normal. Deconcertant sur le coup :D , mais normal.

Ce qui est fascinant, si on a le bagage necessaire, est que les sous-titres japonais (destines a ceux qui ont la culture qui va avec) sont beaucoup plus "parlant" que ce que pouvait expliquer les sous-titres etrangers de leur cote. Les sous-titres japonais reprendront ainsi des terminologies et le vocabulaire de la pegre nationale.

Pour illustrer, Takakura dit en anglais qu'il "a quitte la pegre" (je paraphrase), ce qui se traduit en sous-titres par "ashi o arau" (se laver les pieds), expression signifiant qu'un Yakuza a raccroche et exprimant le cote, sale, nauseux, anti-hygienique du monde de la pegre. Ceci ne marche evidemment pas hors de la langue japonaise. A ce jeux-la, j'en trouvait tres vite les dialogues anglais plus terre-a-terre, voire plan-plan et preferait lire les sous-titres, renforcant l'impression etrange de voir un film japonais et non ricain ou une co-production.

A l'arrivee, on peux considerer que le film a ete "pense" en japonais du debut a la fin et que les dialogues ont ete traduits en anglais par la suite, mais les nuances disparaissent ou se simplifient. Pas le choix quoi. A ce titre, Leonard Schrader, le frere de Paul a vecu au Japon dans les annees 60s et 70s et devait etre familier du cinema populo de l'epoque. CQFD.

A l'oppose, quelque chose qui m'a fait tiquer hier, etait la presence de tant de gaijins (non-japonais) fricottant avec la pegre (p.ex. traffic d'armes et tutti cuanti). Ca colle pas. Surtout apres la fusillade (avec morts) chez l'un d'entre-eux; au mieux, le mec se fait jeter du pays, voire fini au trou aux USA, au pire, il sejourne dans un bagne de l'archipel!

En fait, on comprend vite que la presence de tous ces gaijins n'a que pour but de permettre a Mitchum de parler anglais. Surtout que si Takakura a un anglais nickel, le japonais de Mitchum...est atroce :mrgreen: ! (M'enfin bon, le japonais de Sean Connery dans RS etait quant a lui...a ch.. :twisted: !)

Concernant, l'utilisation des langues, il est assez etonnant de voir que la meilleure utilisation du japonais que fait Mitchum est dans sa scene d'expiation avec Takakura. Magnifique, surtout dans un contexte culturellement TRES type. Je me dis qu'on a du le coache adequatement quand aux tenants et aux aboutissants, voire que, peut-etre, l'amitie entre les deux acteurs n'etait pas seulement du a leur jeu?

Je serais tres interesse de savoir s'il y a des bonus, documents, passages dans des biographies traitant du film, de sa genese ou de l'ambiance sur le tournage.

Le film en lui-meme est un peu une "bizarrerie" (dans le bon sens du terme). Si sur le papier, mettre Mitchum et Takakura a l'affiche parait allechant en ce qui concerne le marketing aux USA et au Japon, le projet est eminement casse-gueule...et le film s'est plutot ramasse a sa sortie.

L'on semble lui reprocher d'etre (trop) violent et complique.

Cote violence, The Wild Bunch (1969) et The French Connection (1971) sont pourtant passe par la. "Complique"; pas faux...pour des criteres occidentaux, tellement les relations (parfois allambiquees) dans les metrages japonais sont au coeur des intrigues.

Un autre ton TRES juste est l'attention portee a la notion de devoir, obligation ("giri"), tres courante...dans le cinema populaire japonais et son traitement ici.

J'ai remarque que la notion de "ninjou" ("humanite") TRES presente a l'ecran (le public nippon appreciera) n'est pas "expliquee" et donc, que le public occidental passera un peu a cote.

Les 2 elements "giri" et "ninjou" sont d'ailleurs un element constitutif d'un film de Yakuza "classique", les Ninkyou-eiga (voire ci-apres).

Cote violence et films de Yakuzas, en 1974, Takakura qui aura ete LE Yakuza des Ninkyou-eiga ("films chevalresque", a.k.a. "films de Yakuzas") des annees 60s, ou il en enquillera une palanquee (jusqu'a 11-12 films par an(!) :shock: :shock: , dont une majorite de Ninkyou-eiga(!) :shock: ) n'en tournera plus au total que 2-3 apres TY. La raison? La sortie en 1973 de Jinginaki Tatakai (Battle without Honour, a.k.a. Battle without Honour and Humanity) et sa representation du monde de la pegre comme sans reperes moraux, violent, fou et sans issue.

La serie des Jingi lancee par Kinji Fukasaku couronnera Bunta Sugawara comme nouvelle vedette des films a anti-heros, ringardisant completement ceux de Takakura qui se tournera plus vers des roles dans des films dramatiques.

Comme ce fut la Toei qui exploitera au mieux le concept des Ninkyou-eiga et les remplacera par les Jingi (puis ensuite les "Jitsuroku-eiga" ("actual record movies", ou "documentaires"), plus ou moins base sur des affaires criminelles reelles), l'on peut aussi voir dans TY, un dernier hommage au genre Ninkyou et a sa plus grande vedette, Takakura, qui se permettra un dernier "Nagurikomi" (une "charge") dans le QG de ses adversaires, plus issus des "Jingi" que des "Ninkyou".

TY est donc plus un film de "transition" dans l'archipel et s'y inscrit dans un contexte historique du cinema populaire local. Ce contexte manquant en occident, le film reste un artefact un peut etrange et difficilement rattachable.

C'est un film que j'ai donc pu apprecier encore plus que la derniere fois. Un film que j'ai d'ailleurs commande chez Mazon.jp (pour avoir les sous-titres "adequats").

C'est un film, malheureusement un peu oublie, voire incompris, je pense. Cote incomprehension, c'etait couru d'avance, je dirais.

C'est aussi un film que je crois revoir encore assez souvent a l'avenir. Peut-etre j'y trouverais encore plus a la prochaine vision. Peut-etre mon regard deviendra-t'il plus "percant"?

C'est un film tres chaudement recommande. Aux nipponphiles, aux curieux, aux cinephiles, aux bisseux et aux amateurs de polars mechamment carres. Bref du tout bon.

The Yakuza: 4.75 / 5 Mechamment must.
Modifié en dernier par bluesoul le mar. nov. 08, 2016 5:38 am, modifié 1 fois.
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
bluesoul
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Re: The Yakuza - Sydney Pollack - 1975

Message par bluesoul »

Je suis un cinephile comble. Dans la foulee j'ai trouve deux sites avec des details et videos. (Jerome va apprecier)

3 videos sur le site avec la 2eme qui reprend de la 1ere. Bref, la 1ere et la 3eme sont a voir. 8))
http://www.cinephiliabeyond.org/sydney- ... r-classic/

http://www.money-into-light.com/2011/11 ... -1974.html
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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