Le Tetsuo de la maturité !
Cela fait déjà 3 ou 4 ans que j'ai Tetsuo 3 sur la liste des films à voir mais, comme toujours avec Tsukamoto, j'ai besoin d'être un minimum préparé psychologiquement à ce que je vais voir. Forcément avec ce cinéaste, on ne peut pas réellement se préparer
Donc, ce troisième Tetsuo reprend la trame grossière des premiers films. Sans surprise, c'est à mon sens le moins réussi, même si l'on trouve de bonnes choses. Le montage du blu-ray français est le montage final (1h10), celui qui a été projeté à Venise a été revu et certaines séquences redoublées en anglais.
SPOILERS possible dans la suite.
Au début du film, cela m'a fait le même effet qu'avec Nightmare Detective : je n'apprécie pas l'aspect numérique de l'image qui se retrouve très lisse et très froide. Mais, on s'y fait par la suite, une fois qu'on est entré un peu plus dans l'histoire. Je note quand même que le malaise de l'image numérique est étrangement à-propos.
Le premier quart du film possède un air de déjà vu. Les passages dans le métro, les immeubles, le générique du début, tout cela indique qu'on est bien chez Tsukamoto et que le film est bien rattaché à la "franchise" Tetsuo.
Pas de surprise, puisque le personnage principal va se transformer assez rapidement en monstre bio-mécanique destructeur.
Il apparaît aussi dès le début qu'on va chercher à nous expliquer des choses. Cette tentative d'explication avait déjà lieu dans Testuo II Body Hammer et, à mon sens, elle n'est pas gênante.
Il reste une mystique derrière la métamorphose du héro et le film a beaucoup à dire via le sous-texte et ses personnages.
On peut voir le film Tetsuo The Bullet Man pour son premier degré avec
ses scènes cradingues à base d'huile de vidange qui dégouline sur les membres difformes du personnage principal et ses explosions de violences (la scène dans la maison avec le commando
).
Le film gagne cependant à être envisagé autrement.
La première chose évidente vient du personnage principal,
l'enfant métisse qui est considéré comme un monstre. Lorsqu'il est humain, son père à peur qu'il se transforme. Une fois transformé, son père fini par lui dire "qu'il était sûr que cela allait arriver". Sa femme, même lorsqu'il est en pleine mutation, l'aime toujours. Est-ce une référence aux
hafu ("métisse" au Japon né d'un parent occidental et de l'autre japonais) ? (
https://www.nippon.com/fr/currents/d00443/ ).
Sur le site référencé plus haut on peut y lire :
Depuis la seconde moitié des années 2000, l'État japonais entreprend des initiatives pour promouvoir la symbiose des cultures. Mais dans la plupart des cas, ces activités veulent faire coexister d'un côté les étrangers et de l'autre les Japonais. Les hâfu ne sont pas pris en compte par ces initiatives, alors qu'ils subissent des expériences douloureuses au quotidien. Ils n'ont d'autre que choix que de faire face eux-mêmes à ces actes discriminatoires à l'école, à l'embauche ou au mariage.
Dans ce cas, si l'on peut supposer qu'un acteur occidental a été imposé pour les besoins de la production, on peut aussi penser que Tsukamoto a saisi l'occasion pour ajouter cette réflexion à son film. De mémoire, cette thématique est nouvelle pour Tsukamoto et vient peut être de ses propres interrogations à travailler sur une production japon/usa.
Le deuxième point qui me fascine toujours dans les Tetsuo c'est que, finalement, c'est la colère qui est enfouie au cœur du personnage qui va déclencher les explosions de violence. Les tentatives d'explications rationnelles (

) sont d'ailleurs balayées à la fin. Enfin, pas tout à fait non plus, mais on va clairement au delà de ce qu'on nous explique avant :
Bref, même si le film s'avère moins "perforant" que les deux précédents, ce serait dommage de passer à côté juste parce qu'il est moins osé (pas de cul chelou cette fois et moins de gore).
PS : Vu sur le blu-ray français Blaq Out qui a un problème chez moi : je ne peux pas lancer le film directement par le menu, il faut que je lance le premier chapitre

Sinon pas de soucis lors de la lecture.