
Réalisé par James Whale, le film fut longtemps considéré comme perdu. Insuccès critique comme public à sa sortie, comme sa ressortie en 1939, ce ne fut que grâce à l'aide de Curtis Harrington qu'une copie ne fut retrouvée en 1967 dans les archives d'Universal (qui n'avait plus les droits du film, revendus à la Columbia poiur un remake (raté) fait par William Castle).
le dvd offre d'ailleurs une interview de 8mn du réalisateur de Ruby à ce sujet.
Entre autres, le DVD offre une VO non sous-titrée en mono mais également, et c'est très intéressant, un commentaire de l'actrice Gloria Stuart (qui joue le role de Margaret) qui demeure excessivment lucide et précise sur les anecdotes & souvenirs des scènes (à 90 ans passés!). Très riches sont ses commentaires sur la manière de diriger les acteurs qu'avait James Whale : un vrai bonheur de l'écouter.
Une galerie de photos d'époque & lobby cards.
Le film narre les aventures d'un couple & d'un ami à travers un orage dans la campagne anglaise.Immobilisés avec leur voiture, ils arrivent dans une maison isolée, demeure de la famille Femm. Ils vont se trouvés confrontés à des éléments étranges, entre le majordome sinistre (Karloff)qui ne fait que pousser des borborygmes au père centenaire alité et à un mystérieux membe de la famile fou à lier et enfermé à double tour.
Respectant l'oeuvre théâtrale dont il est issu, le film se concentre sur une nuit dans cette terible maison. Ceci dit, il ne s'agit pas du tout d'un film d'horruer ou d'épouvante mais bel et bien d'une comédie noire à laquelle convie le réalisateur.
Même si les personnages évoluent dans ce décor sombre et baignée de lumières étranges et ombres menaçantes, c'est bien le rapport avec les tenants de la maison qui sont mis en avant
Côté bande son, pléthore de sons sourds, orages déchainés, fenetres qui grincent. l'atmosphère lugubre (et sarcastique) complétée par un travail permanent de la piste sonore.
La mise en scène s'avère plus sage qu'à l'habitude chez Whale. Un travail du cadre plus précis mais surtout le privilège de voir évoluer les personnages devant la caméra. d'où des plans complexes où les acteurs sont en constant déplacements. Les pièces/couloirs sombres, à peine éclairées par des chandeliers prennent une dimension unqiue... Whale jette les bases d'un quasi genre-propre. ces éléments seront repris par beaucoup, notamment le Rocky Horror Picture Show qui lui doit beaucoup. On y retrouve quelques touches d'expressionisme allemand dans le traitement des décors (démesurés) et le rapport qu'ils possèdent face aux acteurs.
Côté acteurs, Karloff excelle dans le role du majordome au faciès de travers et gromellant (pas une ligne de dialogue). melvyn Douglas superbe mais c'est cahrles laughton qui remporte l'adhésion dans son role de millionaire ridicule, payant la pauvre Gloria Stuart pour passer du temps avec lui. Drole et pathétique, un peu comme le reste du casting...mais ce ne sont pas les intrus de cette maison auxquels Whale s'intéresse le plus, mais bien à la famille de lunatiques que sont les Femm. Les deux frères et soeurs (Thesiger et Moore) s'en donnent à coeur joie dans les vannes & répliques donnant l'eFfroi aux invités, ce qui donne parfois un sommet d'humour noir.
Même si le fou furieux décide de mettre le feu à la maison, Whale lui accorde un regard plutôt tendre et la scène où Karloff le tient dans ses bras est émouvante, voire ambigüe. En effet, on ne peut s'empecher de penser au monstre de Frankenstein mais surtout à la parabole que Whale y mis derrière : il y a un peu de cela ici. L'interprétation survoltée d'Ernst Thesiger (le fameux Dr Pretorius de la Fiancée de Frankenstein) y ajoute aussi, le nom de la famille résidente, aussi...
La copie de ce film dure 72mn, en noir et blanc. il a été restauré, j'imagine, de la meilleure manière qui soit. Le temps n'a pas épargné cette copie, on y voit ainsi parfois des sauts d'images, quelques aspérités sur la pellicule. Mais le film y trouve aussi un charme indéniable, surotu dans le traitment des clairs-obscurs. Les contrastes demeurent réussis, ce qui est siasisant dans les scènes se déroulant dans la pénombre ou dans de petits espaces (le couloir où se trouve la chambe du fou enfermé).
La piste sonore est d'une qualité moyenne (pouvait-il en être autrement?) et quelques dialogues s'avèrent difficilement audibles. mais force est de reconnaitre le peu de souffle et la clarté des effets sonores la plupart du temps.
En tous cas, une belle découverte et un classique qui devrait retrouver une place perdue dans la mémoire cinéphilique de chacun. Une vraie perle.