L'île des morts - Mark Robson (1945)

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
ZombiGirl
DeVilDead Team
Messages : 1921
Enregistré le : jeu. juin 24, 2004 5:34 pm
Localisation : Last House on Dead End Street.

L'île des morts - Mark Robson (1945)

Message par ZombiGirl »

ImageImage

En Grèce, 1912.
Durant la guerre, un général se rend sur l'île où est enterrée sa femme mais la tombe est vide. Avec les autres occupants, il se retrouve bloqué par une mystérieuse éruption de la Peste mais les croyances se tournent également vers l'esprit maléfique, Vovolarka...


Découvert hier soir sur CinéFX (en vo non annoncé...) et j'ai vraiment beaucoup aimé. Le N/B est somptueux et de nombreuses images lorgnant vers le sublime m'ont souvent fait penser à un chef d'oeuvre selon moi : VAUDOU, de Jacques Tourneur (à noter que L'île est également produit par Val Lewton).

Le jeu des acteurs est tout en subtilité, Boris Kaloff en tête. Ca fait toujours bizarre de le voir sans le lourd maquillage du monstre de Frankenstein avec lequel il sera éternellement associé. Mais il est impeccable dans le rôle du général bien qu'il n'exprime que très peu d'inquiétude en découvrant la tombe vide de sa femme (à ce propos, cette disparition n'est jamais expliquée même par des suppositions, ce qui est un peu embêtant...).

On est vite pris par l'histoire de ces gens isolés qui meurent l'un après l'autre - la maladie ou l'esprit vampirique ?

L'ambiance est angoissante, en particulier lors de scènes se déroulant de nuit dans la forêt et dans une sorte de passage recouvert.

Une très bonne surprise car je ne connaissais pas ce film et j'ai passé un excellent moment.
arioch
Site Admin
Messages : 12543
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Re: L'île des morts - Mark Robson (1945)

Message par arioch »

ZombiGirl a écrit :Le N/B est somptueux et de nombreuses images lorgnant vers le sublime m'ont souvent fait penser à un chef d'oeuvre selon moi : VAUDOU, de Jacques Tourneur (à noter que L'île est également produit par Val Lewton).
Ce n'est pas etonnant puisque, comme tu le fais remarker, L'ILE DES MORTS est une production de la RKO réalisée sous l'egide de Val Lewton. Mais aussi que Mark Robson a bossé avec Tourneur sur les productions precedentes de Val Lewton dont... LA FELINE et VAUDOU !
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Message par Manolito »

Annoncé pour mars 2006 en zone 2 fançais chez Montparnasse. (cf. DVDRama)
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21531
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Message par Superwonderscope »

La jolie critique est sur le site! :

http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=2853

Enjoy!
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
bluesoul
Messages : 5105
Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!

Re: L'île des morts - Mark Robson (1945)

Message par bluesoul »

En 1912, pendant que la premiere guerre des Balkans, un general grec et un journaliste americain se rendent sur une ile-cimetierre pour rendre hommage a feu la femme du general, et trouvent sa scepulture violee. Alors qu’ils cherchent les coupables, tous les habitants de l’ile se retrouvent en quarantaine suite a une epidemie. Certains dans le groupe soupconne par contre une creature malefique du folklore grec; le Vorvolaka, d’etre a l’oeuvre, et de faire partie de leur groupe…

Pour ce nouveau metrage, le producteur Val Lewton se tournera vers une creature surnaturelle encore plus “exotique” que les hommes-leopard et femmes-chats ou encore le Voodoo des iles: le Vorvolaka ou Vrykolalas grec.


Le Vorvolaka est souvent assimile au vampire slave, partageant avec ce dernier son statut de mort-vivant et suceur de sang. D’apres la tradition grecque, l’homme devient Vorvolaka suite a une vie de sacrileges, une excommunication, un enterrement dans une terre qui n’a pas ete consacree, ou qui s’est nourrit d’une brebis qui a ete tue par un loup ou loup-garou. Comme dans le folklore slave, les corps des Vorvolaka ne pourrissent pas, et au contraire, semble regorger d’une nouvelle “vie”, d’un nouveau “sang”.

Peu amenes, les Vorvoloka sont nuisibles, quittent leurs scepultures et se dechainent dans les environs, causant des troubles paranormaux (ex. de type “Poltergeist”), ainsi que des epidemies. Ils frappent aussi aux portes appellant les habitants; si ces derniers ne repondent pas au premier coup, ils passeront leur chemin, sinon l’habitant mourra dans les jours qui suivent, devenant a leur tour un Vorvolaka.

Pour se debarasser de cette menace, et tel un vampire, le corps du Vorvolaka doit etre detruit; par empalement, exorcisme, decapitation, decoupe en morceaux ou, encore mieux, brule integralement.

Un Karloff decharne et sec comme un coup de trique mene le bal des morts sur une ile-cimetiere alors que sur l’ile principale la premiere guerre des Balkans (1912-1913) bat son plein et engrange sa recolte de cadavres.

IotD est un film qui malgre son petit budget suinte la mort, la decomposition et la pestillence dans son histoire, ses decors et…son desespoir.

Etonnament, ce film americain puise donc dans des superstitions et un exotisme des plus rares (tant au niveau de l’histoire et de son contexte historique, mais aussi de son folklore surnaturel), mais surtout marque de par sa rare conviction et une absence totale de moquerie ou sacrilege.

Troisieme film de Mark Robson (The Seventh Victim (1943), Ghost Ship (1943) et avant Bedlam (1946) (de nouveau avec Karloff) ) sera donc une nouvelle collaboration entre le realisateur et le producteur Val Lewton et de la vision si particuliere de l’epouvante que celui-ci pratique; une epouvante tres teintee des productions Universal de l’ere “Classic Monsters” des annees 30s et 40s. Cependant, son budget restreint, le classe visuellement egalement tres pres des productions Corman consacrees a Edgar Allan Poe presque vingt annees plus tard…

Encore une fois, plus que l’horreur, on met en avant une atmosphere et une tres bonne interpretation globale menee par un Karloff en bonne forme et qui semble vieillir ou se decharner au fur et a mesure que folie ambiante et superstition auront raison de sa raison moderne.

Comme a son habitude, Karloff se montre tres a l’aise dans un role difficile, son personnage ayant ete rendu “inhumain” de part les tragedies auxquelles ils prend activement part en tant que soldat, mais aussi car ce dernier est tiraille en le rationalisme, et la superstituion, et bien sur, un role rendu difficile de part de la culture (rarement traitee) qui le teinte.

Ellen Drew (The Mad Doctor (1941), The Monster and the Girl (1941) ) dans le role-suspecte de la “creature” livre une bonne composition nuancee, marquee elle aussi, par la superstition qui la ronge petit a petit.

Helen Thimig (Cloak and Dagger (1946), toute drappee de noir s’evertuera a faire basculer ce petit monde de raison dans les peurs ancestrales de par ses sombres menaces et croyances.

Ernst Deutsche ( The Third Man (1949) ) livrera une assez courte prestation, mais teinte d’une force rentree tres appreciable.

IotD, est un simple, parfois un peu “bancalement” simple, car presentant un eventail de possibilites des plus interessantes, mais pas toujours capable d’en tirer le meilleur. parti, et choisissant la “simplicite” au final. En resulte un film “imparfait”, mais assez envoutant, car fesant appel a quelque chose d’enfouit au plus profond de chacun d’entre-nous: la peur du noir, et la peur de ce qui y rode…

A voir, meme si un peu plus pour le film que cela aurait pu etre que celui que c’est devenu.

Isle of the Dead: 3.75 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Manolito
Site Admin
Messages : 21654
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Re: L'île des morts - Mark Robson (1945)

Message par Manolito »

Dernier film d'horreur/thriller produit par Val Lewton pour RKO, "L'île des morts" choisit un cadre exotique insolite (reconstitution maniaque du tableau symboliste "l'île des morts" de Böcklin), dans des balkans déchirés par la guerre et la peste.

L'ambiance est parfaitement réussie, la claustrophobie du lieu isolé, cette histoire d'amour sur fond d'épidémie, vague réminiscence du "Hussard sur le toit", tout cela concourt à une atmosphère prenante, épaisse, à un fantastique ayant intégré les innovations contemporaines du Film Noir naissant, plus mûr que les Monster Movies d'Universal alors en pleine agonie.

Pourtant, "L'île des morts" n'est pas totalement satisfaisant. Peut-être parce qu'on a connu Karloff un peu meilleur, parce que cette intrigue avec cette femme malade rappelle pas mal "Vaudou" effectivement, peut-être surtout parce que le fantastique ne paraît jamais vraiment une possibilité réelle, malgré quelques pistes lancées à droite et à gauche. La confrontation rationnel/irrationnel, cruciale dans le cycle Lewton-RKO paraît ici trop déséquilibré pour que le mystère nous emporte totalement.

Vu sur le DVD Montparnasse de 2006, copie 1.33 4/3 noir et blanc, VOSTF, correcte.
Répondre