
Un peu d'histoire du cinéma avec ce "Cabiria", classique fondateur du cinéma tel que nous le connaissons aujourd'hui, grande fresque muette de deux heures où le travelling est utilisé pour la première fois dans un métrage de fiction, de façon répétée et souvent astucieuse ou habile. La variété des cadrages, les éléments spectaculaires, la plupart des nouveautés de Griffith à Hollywood sont déjà ici bien présentes. "Cabiria" fonctionne encore aujourd'hui par sa succession soutenue de moments très spectaculaires, de reconstitutions faite à grands frais : éruption de l'Etna, orgie de sacrifices humains à Carthage, flotte romaine dévastée par le miroir d'Archimède, traversée des Alpes par Hannibal et ses éléphants, siège homérique... Toutefois, dans sa seconde moitié, "Cabiria" devient moins impressionnant, et aussi assez confus dans ses péripéties. Cela dit, pour un film aussi ancien, nous ne pouvons qu'être saisi par l'efficacité et la maîtrise évidente du cinéma, par ce résultat hautement spectaculaire et divertissant encore aujourd'hui.
Si je l'évoque ici, c'est surtout car il s'agit surtout du premier Maciste, ce personnage étant ici l'ami du héros, lui-même espion romain. Le bon colosse, ancêtre de tous les futurs héros culturistes à venir, de Schwarzenegger à Steve Reeves, sera si populaire grâce à ce film qu'une série de métrage consacrée à lui seulement sera créée au temps du muet (avec un baroque "Maciste en enfer", superbe classique du cinéma fantastique), avant de renaître avec la mode du péplum des 60s, dans des aventures souvent imprégnées de fantastique.
Vu sur le dvd Bach films, copie rayés et abimée, mais bon... Plus que correcte pour un film affichant plus d'un siècle au compteur !! Par contre piste musicale au synthé soporifique et monotone, hors sujet pour ce métrage qui appelle un soutien plus lyrique. En bonus, une excellente présentation du film par Jean A. Gili d'une vingtaine de minutes.