
Following, le suiveur (1998) : un bon premier film, carré, au concept intéressant, à l'ambiance parano et doucement surréaliste. Une réussite très honorable pour un premier métrage. 7/10
Memento (2000) : premier film américain et révélation tonitruante pour Chris Nolan (et son frère co-scénariste), un thriller original, prenant, très bien ficelé et très bien pensé, sur le thème de l'amnésie à court terme. Déjà un grand film, malgré des moyens modestes ! 8/10
Insomnia (2002) : pour rentrer dans le monde des majors, Nolan se soumet à une tâche humiliante : le remake d'un film étranger réputé, à mettre à la sauce Hollywood "parce que le public américain n'aime pas les sous-titres", sur un scénario qui n'est pas de lui (le seul cas de sa carrière il me semble), avec deux vedettes en perte de vitesse (Pacino et Robin Williams). J'en ai le souvenir d'un thriller bien carré, bien propre, d'un Al Pacino qui prend l'air bien fatigué parce qu'il a des insomnies, d'un Robin Williams surprenant... et puis voilà. Sympa, sans plus. 6/10
Batman Begins (2005) : très belle réussite, avec une excellente distribution, et plein d'idées intéressantes et originales qui font de ce Batman une proposition radicalement différente de ce qu'on avait vu au cinéma jusqu'alors : fini les excentricités gothiques et bariolés, bonjour Chicago nocturne et couvert de rouille et une batmobile inédite. La structure éclatée est très maîtrisé, le film se revoit de nombreuses fois sans se lasser. 8/10
Le prestige (2006) : pour le récompenser du succès de "Batman Begins", Warner offre à Nolan ce film d'auteur, adaptation d'un roman excellent, mais a priori peu adaptable de Christopher Priest. Nolan et son frère le transforment et le retranscrivent avec un talent d'écriture et de mise en scène soufflants. Magnifique, unique, un chef d'oeuvre du cinéma fantastique ! 9/10
The Dark knight (2008) : Nolan commence à jouer avec les super-formats (70mm, Vistavision, Imax pellicule) et offre un énorme spectacle saisissant, piraté par le Joker, personnage là aussi restitué comme on ne l'avait jamais vu. Bon, j'ai toujours eu un peu de mal avec le dénouement, mais pour le reste quel film ! Rien que le casse qui ouvre le film, stupéfiant ! 8/10
Inception (2010) : encore un pari insensé et culotté pour Nolan, avec ce thriller onirique. Mon souci avec "Inception", c'est qu'il pose des "règles" sur le monde des rêves pas forcément convaincantes, et un peu lourdes à digérer à la première vision. La fameuse fin énigmatique me semble une facilité. Cela dit, c'est quand même un grand spectacle expérimental unique, riche en images incroyables et inédites, avec des moments de suspens très originaux (les rêves dans les rêves). 7/10
The Dark Knight Rises (2012) : bon, après les joyaux d'écriture qu'étaient "Memento", "Batman Begins" ou "Le prestige", on sent du relâchement en la matière. Certaines choses sont réussies (Catwoman, Bane lui-même en impose), mais d'autres passent mal, on sent qu'on arrive au bout d'un cycle, que l'inspiration s'épuise. Il y a des belles choses (dans les rapports entre Wayne et Alfred notamment), des scènes qui décoiffent (la Batwing !). Mais aussi des facilités (la blessure de Batman et sa guérison trop rapide dans le cadre de ce métrage, tout comme son évasion) qui font que j'accroche moins. Et pourtant... cet univers Batman fonctionne toujours bien, on en prend toujours plein les mirettes, la mise en images reste magistrale, singulière, la fin est forte, on a quelques unes des scènes d'action les plus soufflantes du cinéma. Allez, j'accroche toujours ! 8/10
Interstellar (2014) : encore plus ambitieux et original qu'"Inception", "Interstellar" est un film monumental, unique, singulier à nouveau, parcouru d'images insensés, avec des astuces sur la temporalité qui fonctionnent, font cogiter. L'émotion n'est pas absente, grâce à Matthew McConaughey qui apporte beaucoup d'humanité à un spectacle qui aurait pu être plus froid. Nolan ne réussit pas son "2001", mais ne tombe pas loin ! 8/10
Dunkerque (2017) : premier métrage depuis "Insomnia" où son frère ne participe pas à l'écriture. Nolan prend le risque de s'attaquer à une page tragique de la seconde guerre mondiale, décrypte l'ambiguité d'un fait qui peut être vu comme glorieux ou tragique, selon le point de vue. Le grand spectacle est encore là, on en prend plein les yeux, les premières scènes avec les avions sont stupéfiantes, l'interprétation au-dessus de tout reproche. Nolan se détourne intelligemment de certaines conventions récentes du genre (le gore) pour offrir un spectacle personnel. Mais aussi répétitif, parfois lassant. Du grand spectacle, mais avec des côtés répétitifs qui m'ont lassé par moment. 7/10
Christopher Nolan est certainement un auteur, un réalisateur avec son oeil et ses idées très personnelles et non conventionnelles chaque fois qu'il attaque un projet. On pourrait le rapprocher de Kubrick (pour la perfection de la forme et l'adhésion du grand public malgré son aspect expérimental), mais Nolan est quand même moins intello, plus "geek" ; le "cérébral" de Nolan est quand même plus superficiel que chez le réalisateur de "2001" ou "Orange mécanique". Sa passion des super-formats 70mm, des spectacles d'aventures à très grand spectacle, son côté british pourraient le rapprocher de David Lean aussi, mais sans la maturité humaine du regard et le sens du romanesque.
Christopher Nolan n'a toutefois que 47 ans, il a encore de belles années devant lui pour nous offrir des films qui, quoi qu'il en soit, sauront nous surprendre et nous émerveiller !
Ha si, un reproche, je ne comprends pas pourquoi il s'accroche à Hans Zimmer, que je trouve plutôt un boulet qu'autre chose pour son cinéma...