Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

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Manolito
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Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par Manolito »

Titre US : The Odessa File

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A Hambourg, en 1963, le photographe Peter Miller enquête sur le banal suicide d'un vieux juif. Un ami policier lui transmet le journal du mort et, de fil en aiguille, Miller découvre que Edouard Roschmann, un criminel de guerre SS présumé mort, serait toujours en vie, protégé par une organisation secrète tentaculaire nommée ODESSA...

Après le triomphe du film-catastrophe "L'aventure du Poseidon", le réalisateur anglais Ronald Neame se lance dans un projet plus sérieux, l'adaptation de "Le dossier Odessa", roman d'espionnage et de politique-fiction de Frederick Forsyth.

Le roman et le film évoquent la société secrète nommée "Odessa", laquelle aurait été mise en place par des nazis pour permettre à des criminels de guerre de disparaître dans la nature à la fin de la seconde guerre mondiale.

Historiquement, la réalité de l'existence de cette société n'a jamais été prouvée, mais le chasseur de nazis Simon Wisenthal pensait qu'une telle organisation existait bien. Le roman de Forsyth va plus loin - trop loin - en nous montrant une République Fédérale d'Allemagne dont de nombreux notables et hauts-fonctionnaires sont des anciens SS complotant pour le retour d'un quatrième Reich, tuant à tour de bras, dans des "accidents" arrangés toute personne dangereuse pour eux.

L'action se déroulant en 1963, le président égyptien Nasser est même présenté comme s'alliant avec ces anciens SS pour mettre au point une arme des destruction massive destinée à exterminer la population de Jérusalem ! - c'est expliqué dans les premières minutes du film, ce n'est donc guère un spoiler... Ce qui donne une vision quand même partisane des guerres israelo-arabes des années 60 !

Ce ne serait pas si embêtant que cela si le métrage ne se présentait pas comme basé sur des faits réels et des recherches très approfondies, citant le centre Simon Wisenthal comme source de documentation. Il est alors difficile pour le spectateur de faire la part d'information et la part de roman dans ce qu'il voit...

De plus, le métrage se permet quelques joyeuses incohérences :
Spoiler : :
en particulier, le fait que Simon Wisenthal (qui est un personnage dans le film, joué par Shmuel Rodensky) a une adresse secrète pour échapper aux tueurs d'Odessa : le policier ami de Miller a l'adresse, mais pas les autres policiers anciens SS qui travaillent dans le même bureau que lui, ou même ceux qui sont des hauts fonctionnaires de la RFA chargés d'enquêter sur les crimes de guerre de la seconde guerre mondiale ?
Tourné essentiellement en Allemagne, "Le dossier O.D.E.S.S.A." bénéficie d'une ambiance RFA réussie, dépeignant un pays prospère et bien tranquille, pressée d'oublier un passé trop douloureux pour les uns, trop compromettant pour les autres. John Voigt interprète un journaliste pigiste fauché et sans trop de scrupule, qui va pourtant se mettre en tête de retrouver et tuer Edouard Roschmann, un ancien SS surnommé le boucher de Riga pour ses méfaits. Voigt est moyennement convaincant : malgré une détermination certaine, il joue parfois un peu faux.

Il est accompagné d'autres acteurs connus plus âgés, comme Derek Jacobi ici dans un rôle quand même discret, et aussi les vedettes d'origine autrichienne Maria Schell (ici la mère de Peter Miller) et son frère Maximilain Schell dans le rôle du méchant Roschmann. Révélé par son rôle d'avocat trop enthousiaste dans "Jugement à Nuremberg" (qui lui avait valu un Oscar) et habitué des rôles d'officier allemand (de "Un pont trop loin" à "Croix de fer"), Maximilian Schell livre une interprétation de méchant assez jouissive, mais cantonnée à la toute fin du métrage.

Le reste de "Le dossier O.D.E.S.S.A." est un métrage, lent, bavard, longuet, peinant à élaborer son suspens. La seule séquence supposée être un peu tendue (l'imprimerie) paraît bien laborieuse, et la manière dont Miller récupère le dossier Odessa bien improbable. La musique pop/disco d'Andrew Lloyd Webber (le fameux auteur de spectacles musicaux londoniens) est à côté de la plaque, la réalisation de Ronald Neame est constamment routinière. Bref, si je suis grand fan de films de chasse aux nazis (comme les classiques "Marathon Man" ou "Ces garçons qui viennent du Brésil"), "Le dossier O.D.E.S.S.A."ne leur arrive pas à la cheville, malgré son bon sujet, et ne parvient jamais à mettre en place l'ambiance de suspens et de paranoïa permettant d'accrocher le spectateur.

Vu sur ciné + replay, copie 2.35 SD 16/9, VM anglaise mono PCM 2.0.
comte vonkrolock
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par comte vonkrolock »

Marrant ça, comme les souvenirs peuvent être différent sur un film d'espionnage comme celui-ci, le thème avait déjà été bien traité dans Le Secret du Rapport Quiller, et si le film de Neame est tous autant fantaisiste au moins j'avais trouvé cela prenant et réussit et cela malgré sa relative longue durée (plus de 2H) mais l'interprétation par exemple de Maximilan et de John Voight aidaient comme sur le film de Michael Anderson a faire passé la relative lenteur de nombreuses scènes dialoguées, comme quoi s'est juste une question de différence de goûts sur certain spectacle de se genre espionnage. Il faut le juste dosage pour que sa prenne se qui est réussit dans mon cas pourrait être une déconfiture pour d'autres.

Au final s'est pas pire que des série comme Homeland ou Sleeper Cell qui ont l'air tout autant fantaisiste ou bourrés jusqu’à la gueule de ces clichais qu'ont voient constamment au 20H, et qui vous maintienne de manière artificiel réveillé :mrgreen:

Découvert sur le DVD Columbia ma fois correcte mais qui aurait pris un pti coup de vieux quand même puisque datant de 2002.

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Manolito
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par Manolito »

J'ai un excellent souvenir du rapport Quiller, mais dans mes souvenirs (lointains), c'était un film très axé sur le monde de l'espionnage, le monde des agents doubles, plus que sur le côté néonazi des méchants.

"Le dossier O.D.E.S.S.A." ne s'intéresse pas vraiment à cela, à l'exception tout de même des histoires avec les agents israéliens. Il y a d'ailleurs des choses intéressantes, comme l'entraînement de Miller. Mais bon, à nouveau, ce n'est pas super logique que pour faire un tel travail, il recrute un "civil" qui en plus s'est déjà fait repéré (à la réunion des anciens combattants au début). Cela pousse le côté romanesque, fabriqué, de ce métrage à mon avis.
Algor
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par Algor »

De même que pour le Comte Vonkrolock, j'ai un bon souvenir de ce film.
J'ai vu aussi récemment Le Rapport Quiller, que j'ai trouvé un tantinet ennuyeux, embourbé dans de longues scènes de bavardages et aussi des incohérences dans les agissements du personnage principal. Mais passons...

Je crois que la plupart de ces films ne correspondent sans doute pas à l'idée que l'on se fait de l'espionnage, qu'il soit d'avant ou d'après guerre. En fait, à moins d'être impliqué dans ce monde, nous n'en connaissons pas grand chose, il faut bien l'admettre.
Est-ce qu'un coup de chance pas croyable peut permettre de mettre la main sur des dossiers importants? Ma foi, cela est sûrement déjà arrivé dans le monde réel; alors pourquoi pas dans une fiction.

Qu'est-ce qu'un bon film d'espionnage? Les 3 Jours du Condor? M15 Demande Protection? L'Affaire Cicéron? Les James Bond? Les Jason Bourne? Plus d'actions et moins de conversations?..ou l'inverse? Des invraisemblances qui dérangent, ou dont on se fout, pourvu que le spectacle soit assuré?
Y en a pour tous les goûts, comme disait monsieur l'Comte! :)
Et à mon avis, beaucoup d'entre eux sont portés par un air patriotique selon les héros et les méchants en présence.
Manolito
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par Manolito »

Halala, je suis en minorité sur ce thread, et j'entends bien les propos subjectivistes, et aussi très relativistes, d'Algor. :)

Néanmoins, je vais me permettre de revenir sur 2 points du métrage frais dans ma mémoire.

L'invraisemblance de la découverte des dossiers
Spoiler : :
Le dossier ODESSA est caché dans un coffre-fort chez l'imprimeur, lequel vit avec sa mère âgé. Tout le monde ignore l'existence de ce dossier, sauf l'imprimeur et sa mère. Il ne faut surtout pas révéler l'existence de ce dossier, qui est l'assurance-vie de l'imprimeur. Miller arrive par la fenêtre en pleine nuit dans la chambre de la mère qui, gâteuse, le prend pour un curé (?!), lui révèle l'existence du dossier, le lieu où est caché le coffre, et la combinaison de celui-ci tout de go !§ Je répète, il est vital qu'elle ne révèle aucune info au sujet de ce dossier à personne ! Le grand âge a scénaristiquement bon dos, si vous me permettez !
Dans la vie, dans l'Histoire, il y a des hasards incroyables ? Certes, mais quand on raconte une histoire dans un livre ou au cinéma, il faut rester dans le raisonnablement croyable, sans quoi le spectateur lâche, reprend conscience de son statut de spectateur devant une oeuvre de fiction fabriquée - alors que le but quand on visionne un métrage, est de perdre conscience de ce statut, au moins superficiellement.

Le patriotisme dans ce film : je me permets de ne pas mettre de bornes "spoilers" car bon, c'est la première scène du métrage. Le dernier carton du générique de début nous explique que le métrage est basé sur des travaux de recherches historiques très approfondis et véridiques. Première scène du métrage : un haut gradé israélien borgne (Moshe Dayan ? le générique le présente comme un "général israélien" sans plus de détail) explique à un responsable du MOSSAD que Nasser et les membres d'ODESSA (des anciens SS) collaborent pour mettre au point des fusées chargées de transmettre la peste et des maladies mortelles dans les villes israéliennes. Sauf que ça, c'est complètement romanesque et inventé, et je trouve que c'est une scène qui prête fort à confusion...

Enfin, pour "Le rapport Quiller", plus lointain dans mes souvenirs, on est dans la notion de métier d'espion, de jeux de masques et de dupes où les notions de bien, de mal, sont bien moins nettes, on est dans une tradition John Le Carré qui me parle plus, et plus qualitative à mon sens...
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par Algor »

Ouais bon, j'y suis peut-être allé un peu fort. :wink:

Dans le film la vieille mère est malade...n'a plu toute sa tête et sous médication (enfin, je suppose car le fils dit la soigner). Le fils la laisse, lui dit d'être obligé de partir pour des raisons que je ne veux pas spoiler. Mais celle-ci voit arriver un homme qui a l'air de porter un habit de prête; et dans son délire (et au départ inquiétant du fils) elle croit se confier à quelqu'un de fiable (un religieux) pour aider son fils.
Romancé, c'est vrai mais pas plus que dans le rapport Quiller.

Voilà, c'est un peu gros je l'admets.

Dans le rapport Quiller les vilains (disons l'autre camp) supposent (spoiler) que l'espion adverse est mort dans un incendie après une très grosse explosion. Ils ne vont même pas vérifier, croyant l'affaire close. C'est vrai que les espions sont parfois très cons...surtout du côté des méchants...heu de l'autre bord. Et surtout qu'un incendie de cette ampleur ça va pas... mais non! attirer beaucoup du monde. :D
Donc, au lieu de tuer l'espion lorsqu'ils l'ont sous la main...ils font toute une mise en scène compliquée pour arriver au même résultat...croient-t-ils.
Bon, je comprends que s'il n'y avait pas cette notion "romancé" de la fuite, l'histoire se serait arrêtée abruptement.
Ceci dit, on peut apprécier ou non une méthode d'écriture qui peut nous paraître comme le faisait remarquer Vonkrelock dans l'acceptable ou non, selon le spectateur.
comte vonkrolock
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par comte vonkrolock »

On doit être des vrais romantiques :mrgreen:
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par Algor »

comte vonkrolock a écrit :On doit être des vrais romantiques :mrgreen:
Probablement m'sieur l'Comte! :) :wink:
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Re: Le dossier O.D.E.S.S.A. - 1974 - Ronald Neame

Message par comte vonkrolock »

Algor a écrit :
comte vonkrolock a écrit :On doit être des vrais romantiques :mrgreen:
Probablement m'sieur l'Comte! :) :wink:
Mon cher Baron je pense qu'il faut laisser aux gueux le temps de comprendre le vrai romantisme, et qu'il n'est malheureusement plus de ce siècle.

Bien sûr ceci est à prendre au 36 millième de degré :D :mrgreen: :wink:

Je comprend Manolito qui rasionalise à la vitesse d'un superordinateur dernier modèle 8) de mon coté comme Algor. Je trouve le truc du dossier amené d'une manière si légère que je ni est même pas fait gaffe (mais du coup sa me donne envie de le revoir d'urgence si sa marche une deuxième fois :? pas dis :? :? ). Tellement j’étais emporté dans la tourmente que vivait le personnage de John Voight, comme quoi il n'a pas volé son oscar (pas sur ce film mais sur un autres Macadam Machin :mrgreen: :oops: :oops: ).

Il vous ferais avalé des couleurs (pas a Manolito bien sûr :wink: ) sans problème, du moins que j'ai mon morceau d'aventures et de suspence, mon nirvana de spectateur :-D
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