Durant la première guerre mondiale, Henri-Desiré Landru fait croire à sa famille qu'il est un antiquaire prospère. En fait, il rencontre des femmes riches par les petites annonces, les séduit, leur soutire des procurations financières, puis les tue et brûle leurs restes dans une chaudière...
En 1963, la Nouvelle Vague est déjà lancée. Chabrol fait presque office de vieux briscard de la bande. Il tourne son "Landru", biographie du fameux tueur de femmes. A priori, c'est un projet qui va contre les dogmes de la Nouvelle vague : acteurs professionnels (voire grandes vedettes), tournage en studio, le réalisateur n'est pas scénariste du film ("Landru" est écrit par Françoise Sagan), reconstitution historique...
"Landru" commence au moment où Landru met au point son projet, et il s'achève au pied de la guillotine. La mise en scène adopte une forme très inspirée du théâtre, voire du théâtre de marionnettes tant le jeu des comédiens peut être outré et ironique, tant les décors colorés font artificiels.
Il faut dire que Landru ne fait que jouer la comédie, que porter des masques dont seul lui sait ce qu'ils dissimulent. Comédie de la réussite bourgeoise, pour sa famille qui le prend pour un commerçant aisé, ou pour sa maîtresse, une cocotte parisienne qu'il entretient. Comédie de la séduction pour ses proies, femmes esseulées par la guerre, tombant sous le boniment de ce beau-parleur qui s'invente pour chacune une identité différente. Comédie de l'innocence, enfin, devant le tribunal, Landru transformant son procès en un lieu de spectacle où il n'est pas avare de bons mots.
"Landru" n'est pourtant pas une réussite du cinéma. L'interprétation cynique de Charles Denner, ses mots d'esprit et ses apartés, sont convaincants, mais les vedettes féminines (Michèle Morgan, Danièle Darieux, Hildegard Knef) sont cantonnées dans des rôles vite expédiés ; l'action et la manière sont répétitifs, lassants ; même le procès est longuet et sans éclat. Bref, "Landru" malgré une affiche engageante n'est guère réussie et ne fait pas d'ombre à "Monsieur Verdoux" de Chaplin par exemple, adaptation officieuse des méfaits de Landru. Chabrol revisitera le thème du tueur en séries avec plus de succès par la suite, avec "Le boucher" ou "Les fantômes du chapelier".
Vu sur OCS Replay, copie 1.66 sd 16/9, VF mono PCM stéréo 2.0. Copie très médiocre, très mal compressée en plus, "Landru" aurait bien besoin d'une petite restauration...