Boys Don't Cry - 1999 - Kimberly Peirce

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Manolito
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Boys Don't Cry - 1999 - Kimberly Peirce

Message par Manolito »

Teena Brandon, une jeune marginale, souhaiterait se faire opérer pour devenir un homme. En attendant, elle drague des femmes en se travestissant en homme et en adoptant sa réelle identité - intérieure, celle du garçon Brandon Teena. Il arrive dans une petite ville du Nebraska et s'éprend de Lana...

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En 1999, "Boys don't Cry" est la sensation indépendante de l'année. Créée en collaboration avec l'institut de Sundance, mais néanmoins produit par la Fox, il révèlera Hilary Swank, qui recevra un Oscar pour le rôle du transsexuel Brandon Teena, et deviendra un film porte-étendard contre les agressions homophobes et anti-transsexuel.

Inspiré d'un fait divers réel, "Boys Don't Cry" est réussi dans sa façon honnête de dépeindre le personnage de de Teena/Brandon, personnalité à la fois sympathique et souriante, mais avec aussi ses aspects plus sombres, qui n'en font pas toujours un personnage totalement "aimable" : très imprudent, manipulateur, menteur, voleur, semblant se complaire dans une fuite en avant permanente au lieu d'affronter les difficultés de la réalité...

Là où "Boys don't cry" convainc moins, c'est dans la description de la bande de jeunes que Brandon fréquente, usant et abusant des clichés quant à la jeunesse white trash rurale vue par le cinéma indépendant US : défonce à la colle, soirée beuverie, jeux idiots et dangereux, parents à l'ouest, habitant forcément dans des taudis en ruines où le ménage est fait une fois tous les siècles, bande-son punk grunge médiocre, et on en passe... De "Thirteen" à "American History X", en passant par de nombreux autres, tout cela sent beaucoup trop le déjà-vu pour sembler spontané et honnête.

Dans le même sens, la mise en scène de Kimberly Peirce, dont c'était le premier long métrage, n'est pas spécialement attractive ou originale, même ses quelques expérimentions (les routes en accélérés) se contentant de reprendre ce qui se faisait beaucoup à l'époque (cf. "Lost Highway").

Peirce a aussi pris quelques libertés avec le fait divers d'origine. Dans le film, Lana comprend très vite que Brandon est biologiquement une femme et continue à la fréquenter. Il y a aussi beaucoup de changements sur la fin, en particulier les rencontres cachées entre Brandon et Lana, qui n'ont jamais eu lieu et qui font passer ces personnages pour extrêmement imprudents, à la limite de l'inconscience. On peut y voir une volonté de romancer le récit pour en faire une histoire d'amour homosexuelle assumée, plus idyllique qu'elle n'a réellement été...

La scène finale omet le meurtre d'un homme dans la maison de Candice (les victimes ne sont donc ici que des femmes), changement qui fait que, hormis le gay ami de Brandon au début du métrage, les hommes du métrage seront tous invariablement assimilés à des bourreaux de Brandon. Une omission qui donne au métrage un ton féministe assez radical...

Peirce est plus subtil avec la peinture des deux agresseurs, tarés congénitaux, psychopathes instables, sûrs de leur bon droit dans leur raisonnements absurdes. Les scènes de l'humiliation et de l'agression de Brandon sont en ce sens extrêmement durs (et ont été allégées aux USA par la censure du MPAA pour éviter un classement NC17), on se demande s'il est bien nécessaire de nous infliger les détails de ces séquences de façon aussi détaillées et insupportables ? Au fond, peut-être que oui, pour que nous en mesurions l'atrocité cauchemardesque...

Vu sur ciné cinéma émotion où il est passé il y a peu, copie 1.85 de mauvaise qualité, très sombre, entachée d'une compression très lourde : flous, pixelisations et postérisations en tous genres se bousculent en permanence.

Existe en dvd zone 2 chez Fox...
dario carpenter
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Re: Boys Don't Cry - 1999 - Kimberly Peirce

Message par dario carpenter »

Manolito a écrit :Dans le même sens, la mise en scène de Kimberly Peirce, dont c'était le premier long métrage, n'est pas spécialement attractive ou originale, même ses quelques expérimentions (les routes en accélérés) se contentant de reprendre ce qui se faisait beaucoup à l'époque (cf. "Lost Highway").
La réalisatrice avait cité comme influence majeure "Comme un chien enragé" de James Foley dont on retrouve le contexte (l'Amérique rurale white trash désoeuvrée) et le style parfois (langueur du rythme avant les éclats de violence traumatisants, lyrisme discret)...à la revoyure en BR quinze après le visionnage en dvd je suis toujours épaté par l'excellence de l'interprétation (surtout Hilary Swank) et la force certaine du récit.
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