J'ai découvert récemment ce petit bijou d'un cinéaste trop souvent sous-estimé et oublié (la Chatte sur un toit brûlant, Graine de violence, De sang froid, Les Professionnels , quand même!), et je voudrais savoir ce que vaut l'édition zone 1 de chez Columbia, s'il y a d'autres éditions intéressantes, etc.
En tout cas j'ai été subjugué par ce film, l'interprétation à fleur de beau de Robert Blake et Scott Wilson, le noir et blanc sublime de Conrad Hall, la froideur et l'impact de la mise en scène... Et cette fin, qui vaut tous les pamphlets anti peine de mort du monde...
Un de mes films cultes. J'ai lu le livre également, cette histoire me fascine toujours autant. Ce massacre sans raison, le réalisme du film, sa froideur, les acteurs (qui ont été choisis non pas pour leur performance mais pour leur ressemblance avec les protagonistes de l'histoire) sont incroyables, le film ne sombre jamais dans la complaisance, le noir et blanc est magnifique tout comme la musique, très discrète. Pour moi l'un des plus grands chef d'oeuvres des années 60. J'en avais fais un thread sur l'ancien forum, qui n'avait d'ailleurs pas eu beaucoup de succès.
J'aime beaucoup Richard Brooks, j'ai vu pas mal de ses films dont je retiendrai : Deux adaptations de Tennesse Williams (bonnes, mais pas extraordinaires : Doux oiseux de jeunesse et La chatte sur un toit brûlant, tous les deux avec Paul Newman), le très beau Graines de violence, les professionnels, un excellent western et surtout : Elmer Gantry le Charlatan, un portrait amer et puissant d'un prêcheur dans l'Amérique profonde. Mais mon favoris reste bien sûr De sang froid.
Le DVD Z1 est bon, st fr. (jaunes), une très belle image mais malheureusement pas de suppléments, une honte pour un film pareil. Le DVD existe aussi en Italie, même éditeur (Colombia), avec il me semble des st. fr. Peut-être que le DVD coûte moins cher là-bas.
"Suicides, assassinations, mad bombers, Mafia hitmen, automobile smash-ups: The Death Hour. A great Sunday night show for the whole family. It'd wipe that fuckin' Disney right off the air."
Prodigy a écrit :Et cette fin, qui vaut tous les pamphlets anti peine de mort du monde...
La fin laisse le spectateur seul juge de l'histoire, il n'y a aucun partis pris, c'est d'ailleurs l'une des grandes forces de ce film.
"Suicides, assassinations, mad bombers, Mafia hitmen, automobile smash-ups: The Death Hour. A great Sunday night show for the whole family. It'd wipe that fuckin' Disney right off the air."
un film que j'ai adoré également. J'en avais écrit ça pour sa critique DVD:
Il s'agit d'un fait divers réel qui eut lieu en 1959. Les deux hommes éliminèrent toute la famille afin de ne pas laisser de témoins ni de pistes. Le film retrace de façon non linéaire, la préparation, le massacre, la fuite des deux hommes, l'enquête de police, leur arrestation puis leur exécution.
Il est difficile de faire un film prenant et intéressant sur une affaire que les médias on détaillée de fond en comble, où tous les détails et les grandes lignes sont bien connues du public. Cela est déja plus aisé lorsque c'est le grand Truman Capote qui en tire un roman très réaliste et non-fictionnel, mais le travail de Richard Brooks sur son adaptation conjuguée du livre et du fait divers est absolument remarquable.
Il demanda d'aileurs à T. Capote de ne pas se mêler de son adaptation et celui-ci ne vit d'ailleurs le film qu'une fois terminé. il insista beaucoup sur les détails, se permettant également quelques passages d'une tonalité différente (le ramassage des bouteilles de Coca-Cola). Son point de vue sur la peine de mort est très net, il l'exprimera d'ailleurs de façon très évidente par la bouche de son personnage Perry Smith : "La pendaison n'est qu'une vengeance, je ne suis pas contre car j'ai passé ma vie à me venger".
Cela nous prouve bien que la peine de mort place la société qui la décide au même niveau que les assassins qu'elle exécute. Est également mis en avant l'aspect étrange de ce tueur ayant conscience de ses actes (en les acceptant comme tels), et de son complice lui expliquant pourquoi il a besoin de lui et s'avérant donc encore plus retors. Ainsi les deux tueurs acquièrent une dimension vraiment dérangeante dans leur capacité à être conscients de leurs actes sans l'explication rassurante de leur folie (même si Perry paraît bien dérangé par moments).
Flotte d'ailleurs un parfum de fatalisme et d'inéluctabilité quand est évoqué à deux reprises The Treasure of the Sierra Madre (John Huston, 1948), à travers les propos de Perry et la magnifique scène du ramassage des bouteilles de Coca-Cola. Ils sont à ce moment-là conscients de leurs actes mais surtout espèrent encore dans le rêve américain classique de fortune facile, du coup cette métaphore des bouteilles n'en prend que plus de poids.
A noter d'ailleurs que Robert Blake joua son premier rôle dans ce même film, créant du coup une analogie forte. Richard Brooks prit le parti de rendre ses assassins moins antipathiques que ce qu'ils étaient apparamment dans la réalité, en en faisant des personnes fragiles, débris de la société américaine. Il reste cependant plus objectif que ne le fut Robert Wise dans I Want to Live (cf critique), qui lui prit ouvertement parti pour l'innocence de son héroine dans une autre adaptation de fait divers par ailleurs excellente.
Il résista surtout à la tentation de glorifier et mythifier ses dangereux et au final exécrables personnages comme le fera brillamment Arthur Penn la même année avec Bonnie and Clyde, signant ainsi une oeuvre très différente sur un sujet quasi similaire. Il confia donc le rôle à deux acteurs peu connus de façon à personnifier ses tueurs par des visages inhabituels, tenant tête aux studios qui tentèrent jusqu'à la dernière minute de lui imposer Paul Newman et Steve McQueen qui n'auraient certainement pas offert le même impact et surtout l'auraient obligés à édulcorer ou modifier son projet.
De même, il refusa de tourner en couleurs, désirant ardamment le noir et blanc de façon à rendre la froideur et l'objectivité que le sujet nécessitait. Son style visuel glaçant et réaliste cadre parfaitement avec ses expérimentations sur le montage (rupture de rythme narratif, flash-backs). Il raconte ainsi le massacre une heure et demie après le début du film, poussant même l'objectivité jusqu'à laisser les meurtres hors-champ pour une efficacité décuplée.
Il expérimenta également de fort belle manière sur le montage-son, faisant par exemple coïncider le cri d'horreur de la personne découvrant les cadavres avec une sirène de police. Le film change de rythme durant sa dernière demi-heure, ralentissant volontairement de façon à bien faire ressentir la pression montante chez les condamnés et l'absurdité de ce geste. Le public et notre société sont d'ailleurs mis faces à leur responsabilité dans les diverses peines de mort prononcées et exécutées par le biais du court mais crucial personnage du bourreau.
Une personne assistant à la la pendaison demande à une autre si il s'agit toujours du même exécuteur et l'autre lui répond que oui et qu'il est payé 300 dollars par pendaison, nous renvoyant à notre rôle apparamment indirect mais bien réel dans ces meurtres d'état. Il conclut d'ailleurs son film par une image des plus marquantes.
De façon à bien restituer la froideur de l'histoire, il travailla avec l'immense directeur de la photographie Conrad Hall (The Professionals, Fat City, Road To Perdition) pour développer une photographie très contrastée à la précision clinique comme si le film observait la réalité. De même, il commanda à Quincy Jones une partition jazz sachant pafaitement s'adapter à l'état d'esprit des protagonistes et à l'ambiance de l'histoire, passant de la légèreté à la distortion expérimentale qui achève de vous plonger dans le film.
Une oeuvre forte et troublante, toujours aussi efficace à l'heure actuelle grâce au perfectionnisme de Brooks et l'excellence de ses acteurs qui campent de façon fort convaincante et anti-dramatique leurs pitoyables personnages. Un film nécessaire qui permet de réfléchir sur la peine de mort, ses fausses justifications et sur la stupidité légendaire de notre race qui se croît pourtant d'une équité sans égale.
cinetudes a écrit :Il s'agit d'un fait divers réel qui eut lieu en 1959. Les deux hommes éliminèrent toute la famille afin de ne pas laisser de témoins ni de pistes.
Salut Stefan,
Je ne suis pas tout à fait d'accord. Ce n'est pas vraiement pour ne laisser aucune trace, leur acte est purement gratuit, ils ne savent pas eux-même pourquoi ils ont comis une pareille atrocité. C'est ce qui est effrayant dans cette sordide histoire.
cinetudes a écrit :Son point de vue sur la peine de mort est très net, il l'exprimera d'ailleurs de façon très évidente par la bouche de son personnage Perry Smith : "La pendaison n'est qu'une vengeance, je ne suis pas contre car j'ai passé ma vie à me venger".
Cela nous prouve bien que la peine de mort place la société qui la décide au même niveau que les assassins qu'elle exécute.
Truman Capote nous laisse libre de choisir ce que l'on veut de cette histoire. Pendaison justifiée ou acte barbare ? Il ouvre surtout le débat, même si pour lui sa position est claire.
"Suicides, assassinations, mad bombers, Mafia hitmen, automobile smash-ups: The Death Hour. A great Sunday night show for the whole family. It'd wipe that fuckin' Disney right off the air."
je pense qu'il ne savent pas ce qui les à poussé à éliminer toute la famille de leur point de vue, maintenant il me parait tout de même évident qu'en supprimant tous ses membres le risque d'avoir des témoins est tout de même moins grand.
Cependant tu à raison de dire que leur motivation première est irrationnelle, mea culpa.
Pour ce qui est du point de vue sur la peine de mort c'est de Richard Brooks dont je parlais. Une fois le film aucun doute n'est laissé sur sa position personnelle.
Par contre effectivement cette fin marquante laisse la question en suspens et interroge clairement son public.
C'est d'ailleurs la l'un des ofrces du film que son auteur soit capable de dire voici mon opinion mais laiss dans le même temps la possibilité à son spectateur de se poser la question.
Un film effectivement fort, avec une mise en images vraiment superbe, un parti-pris d'un réalisme minutieux et absolument glaçant dans son attention aux moindres détails. Il y a tout de même certaines choses d'écritures un peu hollywoodiennes (avec la délimitation des deux personnages : la salaud abruti et le psychopathe fragile), les détectives et le journaliste un peu stéréotypés. Mais le film fait effectivement un louable effort d'objectivité, quand bien même il me semble légèrement penché vers un attitude dubitative face à la peine de mort (c'est la citation du journaliste évoquée plus haut sur son inefficacité dissuasive qui sera le mot de la fin, somme toute).
Voire aussi les thread des films "Truman Capote" et "Scandaleusement célèbre" qui relatent le même fait divers.
Vu sur le bluray français sony (vendu uniquement avec le bluray de "Truman Capote") : un bluray sans bonus (c'est lui-même un bonus !), mais une copie magnifique, un scope noir et blanc 2.35 retranscrit avec un piqué étourdissant, une image tranchante et froide comme un rasoir... Avec ce style de restauration HD de très haute volée, Sony nous fait aimer le bluray ! Bande son anglaise et française de bonne qualité en dolbytruehd (le mixage d'origine était trois voies, même s'il semble que le film n'ait été exploité qu'en mono en son temps). STF, bien sur...
Quel film ! Si la forme est techniquement incroyable pour l'époque, une narration non-linéaire qui remet tous les protagonistes victimes comme meurtrierq sur le même piédestal, chose très intelligente pour l'époque. Tous comme sa narration fonctionnant par moment en parallèle.
Finalement s'est le fond qui l'emporte par rapport à la mise en scène incroyable de Brooks, derrière une œuvre qui montre à quel point le bouquin de Truman Capote était proche de ce fait divers. Un film qui fonctionne pleinement avec celui sorti en 2006. Qui lui-même fait le lien avec celui-ci, un peut comme une boucle parfaite.
Logique aujourd'hui qu'il soit vendus ensemble sur le même support, très dommage également que ces deux excellent films ne soit que trop difficilement trouvable dans cette ensemble sur support HD. Alors qu'il sont si intimement lié...
Perso j'avais récupérer l'équivalent US dont les disques sont identiques et aussi très très difficile à trouvé.
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. Snake Plisken Escape from NY