Les Gardiens : 5/6
L'intrigue qui les réunit : 2/6
J'en peux plus de ces histoires à base d'artefacts aux pouvoirs illimités de mes couilles. Non parce que Lee Pace a beau y mettre du sien, son bad guy est carrément interchangeable avec le méchant de Thor 2 donc j'ai déjà oublié le nom. Alors le scénar essaye un peu d'y mettre des formes, de faire de Ronan un "fanatique" décidé à venger son padre (et ça partait bien, avec ces premiers plans classes et atmosphériques où il émerge de son "bain"), ça reste l'histoire bien con-con de X qui veut faire péter la planète Y, planète dont je me foutais complètement qu'elle explose ou pas. Idem pour Thanos qui, au fur et à mesure qu'il sort de l'ombre, est paradoxalement de moins en moins charismatique et menaçant, sans parler d'être un stratège merdique, vu que tout son entourage n'hésite pas à le trahir (note pour plus tard : ne pas prendre comme fille adoptive une nana dont on a tué les parents). Les films Marvel ont souvent péché par leur méchants peu fouillés, une tare qui commence à peser sérieusement. J'ai encore en tête ce moment, nanardesque à souhait, où Ronan se rebelle face à Thanos après avoir pris possession de la pierre. Tout est fabuleusement ridicule dans cette scène : le marteau géant bien cheap, le trône à réaction de Thanos, Ronan qui beugle en mode "Ah ah je suis très très méchant !", pitié quoi…

Heureusement, il y a Nebula à côté

Mais pitié, stop avec les MacGuffin en carton. C'est quoi concrètement la différence entre le Tesseract, le truc de Thor 2 et la pierre recherchée par les Gardiens ? Pierre qui, malgré son immense pouvoir, est dispo en mode open bar pour qui veut. Pas de pièges, pas de système de protection, rien qu'un pauvre champ magnétique…
C'est frustrant car cette équipe de cinq bras cassés est vraiment attachante. Là où les scénaristes ont fait fort, c'est que chaque membre (ou presque, j'y reviens) se révèle à la fois drôle et touchant du fait de son histoire personnelle. Les deux gagnants sont AMA Rocket (je craignais le sidekick hystérique et d'une "bad-asserie" m'as-tu-vu ; j'ai même pas reconnu la voix de Bradley Cooper) et Drax. La scène dans le vaisseau de Ronan où il adoube les autres compères comme ses amis est peut-être le moment le plus discrètement émouvant du film, le physique "barbare" du personnage et son esprit premier degré rendant cet épanchement d'autant plus sincère et beau. Dommage que Rocket ne soit pas avec eux à ce moment-là. Pareil lorsqu'ils se prennent tous par la main pour exploser Ronan, Groot étant cette fois aux abonnés absents. C'est plutôt con, pour un climax censé illustrer le pouvoir de l'amitié…
Non, le seul membre de l'équipe avec qui j'ai eu du mal, ben c'est Star-Lord… Ce n'est pas vraiment Chris Pratt qui pose problème je pense (je connais pas Parks & Recreation), mais l'écriture du personnage, qui m'a rappellé ce mec qu'on a tous croisé au moins une fois en classe et dont les efforts pour paraître marrant et s'intégrer finissent par devenir carrément gênants. De fait (et là c'est totalement subjectif), la plupart des moments censés être drôles mais qui ne m'ont pas fait rire concernaient ce perso : la danse au début, son agacement lorsqu'on écorche son pseudo, le doigt d'honneur en tôle, le moment où il fait tomber l'orbe avant de la donner au Collectionneur, lorsqu'il dit "J'ai fait pipi dans mon froc" durant le speech de Del Toro… Et j'en oublie. À force de vouloir être cool, Star-Lord ne l'est que très peu (heureusement qu'il a la vanne sur Jackson Pollock, une des meilleures du film). J'ai aussi été pas mal gêné par la pauvreté "émotionnelle" du personnage, qui est pourtant censé être le référent du spectateur, celui sur lequel on s'attarde le plus. Le mec se fait enlever par des extra-terrestres à 8 ans alors que sa mère vient de mourir, et l'unique "séquelle" que ça lui laisse est un attachement viscéral à une cassette de mix ? C'est tout ? Je sais que le mot d'ordre est de faire fun, mais sans verser dans la sinistrose prise de tête qui irrigue les blockbusters depuis l'arrivée de Nolan, n'y avait-il pas moyen de marquer davantage ce traumatisme (puisque j'imagine que c'en est un) ? On pourrait me dire que ses vannes sont une manière pour lui de faire face ; le problème c'est que je n'ai jamais ressenti chez lui une souffrance (alors que tous les autres persos ont un moment où ils livrent leurs états d'âme - Groot excepté bien sûr). Pense-t-il seulement de temps en temps à la Terre ? À sa famille ? À ce que sa vie aurait pu être s'il était resté là-bas ?
À part ça, le film alterne les moments inspirés et les trucs nazes. Des vannes franchement réussies et d'autres qui font plouf (et je parle pas que de Star-Lord). Un beau moment WTF (le pétage de plomb de l'assistante du Collectionneur). Une révélation de dernière minute sur Star-Lord qui arrive comme un cheveu sur la soupe (et amoindrit la portée de la scène précédente). Niveau direction artistique, pour une planète abandonnée très belle et un visuel extérieur de Knowhere absolument sublime, on a une Xandar totalement insipide, une prison déjà vue et un intérieur de Knowhere qui aurait pu être bien plus fou (pourquoi ne pas avoir exploité l'origine organique de l'endroit ?). Le design des vaisseaux est plutôt quelconque (le Milano ne marque pas vraiment la rétine). À côté des chansons rétro sympas, on se tape la soupe de Tyler Bates, aussi insipide que les trucs de Marco Beltrami et Brian Tyler (de l'action = du bruit), qui rend la bataille finale entre vaisseaux particulièrement saoûlante. La réal de Gunn fait le job, rien d'honteux, rien d'exaltant non plus, et les scènes d'action sont dans l'air du temps, à savoir un déluge d'explosions dont l'implication pour le spectateur est inversement proportionnelle à la quantité de CGI à l'écran (c'est dingue à quel point les réals d'action ne savent plus mesurer leurs effets avec les images de synthèse). Maintenant les films ne sont plus rythmés, ils doivent être frénétiques, Jean-Jacques Abrams étant l'expert en la matière. Vite vite, il ne faut pas que le spectateur s'ennuie une seule seconde, il pourrait remarquer les trous béants dans le scénario. Je sais pas si j'étais fatigué, mais j'ai trouvé la bataille entre vaisseaux dans Knowhere particulièrement bordélique. Pour un film qui se voulait un peu en marge du tout-venant Marvel, c'est triste que Gunn livre une dernière partie aussi générique ("Il faut arrêter le méchant avant qu'il n'atterrisse !" Zzzzzzzzz…). Plus rien à foutre, on fait tout péter…
Bref, c'est le verre à moitié vide ou à moitié plein. Là à la sortie de la séance, c'était à moitié vide. Qu'on donne à ces Gardiens une aventure digne de ce nom !