VA : the Girl with a Gun ou The girl with a Pistol
Après avoir été enlevée, déshonorée et abandonnée, Assunta (Monica Vitti) laisse son village sicilien et ne peut que laver son honneur. Armée d'un pistolet, elle poursuit Vincenzo (Carlo Giuffrè) jusqu'au Royaume Uni afin de l'éliminer.

Un petit bijou de comédie noire, délaissant la piste de la vengeance pour mieux se moquer ouvertement (et pointer les paradoxes) des habitudes de vie siciliennes/italiennes. Assunta arrive dans un swinging London qu'elle ne comprend pas. Pour elle, un objectif : tuer Vincenzo et retourner en héroïne au village. faire ce qui est attendu d'elle dans un telle situation. Ses rêves de honte, moquée par le village, ne font qu'empirer la situation.
Et le fait de rencontrer des anglais diamétralement opposés ne font que renforcer sa détermination.
Monicelli est avant un peintre de caractère. Les pointes de comédies sont grinçantes, moqueuses. Il ne sait pas de privilégier un mode de vie par rapport à un autre ) mais de mettre en exergue les pratiques archaïques et misogynes d'un pays en proie à ses propres paradoxes. Le monde de Londres est un peu le même, en ce sens.
les échappées de Vincenzo (la simulation de sa mort - moment assez drôle au cimetière!) sont le fruit d'un homme pris à son propre Piège. Monicelli n'est peut être pas totalement à son aise avec le modernisme anglais, mais quelques scène (dont celle dans le bar gay) sont menées de manière justes et sans regard de jugement de valeur. rares pour l'Italie.
Un film sur l'émancipation (féminine, carcan idéologique) avec une très jolie conclusion où on pense que Monicelli va céder au conformisme... et puis non. C'est très élégant, fin, à mi-chemin entre la comédie et, et... quelque chose d'indéfinissable. Avec , constat, que la machisme italien/sicilien a encore de belles heures devant lui. L'abattage de Monica Vitti fait pour beaucoup dans ce voyage assez picaresque.
A noter une opération chirurgicale menée par Stanley Baker (impeccable bonhomme!) : gros plans sur un bistouri qui découpe de la chair - ça fait mal!
Le film est relativement peu connu et c'est vraiment dommage car à la fois la manière de filmer est adroite. plans larges sur le village de bord de mer sicilien, désert, blanc cassé vs le Sheffield anglais, noir, industrialisé, aux mouvements de foules incessants.. opposent deux visions de société. désert des âmes et beauté de la solitude d'un monde replié sur lui même? Ou un monde ouvert, coloré mais noirci par le progrès?
j'ai trouvé le point de vue original, la caméra alerte, Monica Vitti parfaite dans sa transformation graduelle et des choix de mise en scène &minnement modernes - toujours pertinents 50 ans après. D'aucun trouveront qu'il s'agit d'un Monicelli mineur, je pense le contraire...
Tourné en 1.85:1 et vu sur le DVD italien de chez Medusa , dans la collection "I grandi regisiti".
16/9e
1H38
sous-titres italiens
avec un bonus/entretien avec Mario Monicelli de 13mn.