Une bonne nouvelle pour ceux qui n'en peuvent plus d'attendre une sortie française de cette anthologie de 3 sketchs animés (Rintaro/ Kawajiri/ Otomo) :
Source Catsuka.com :
A l'heure où tout le monde parle de la sortie de Steamboy, je signale la sortie prochaine & discrète de "Manie Manie" en DVD aux USA (sous le nom "Neo Tokyo"), par l'éditeur ADV. Pas ou peu de bonus annoncés ni de sous-titres français, mais je me réjouit quand même de ce genre de sortie occidentale très rare pour des omnibus.
Rappelons donc que Manie Manie se compose de trois court-métrages réalisés par des pointures de l'animation japonaise : Rin Taro, Yoshiaki Kawajiri et Katsuhiro Otomo.
Le DVD est annoncé pour le 14 Septembre 2004, avec sous-titres anglais et bandes-annonces ADV. Prix : environ 20 dollars.
Le segment de Rintaro est vraiment hallucinant : grosse recherche sur l'esthétique, scénario dementiel, musique envoutante, une véritable odyssée surréaliste.
Le segment Kawajiri : Techniquement parfait (Kawajiri oblige) et pourtant... le moins interessant du maître (avec le Animatrix)... pas de nouveauté, histoire très pauvre, rien de bien amballant.
Segment Ottomo : On retrouve le design si caractèristique de l'auteur d'Akira et rêve d'enfants. Une belle reflexion sur la place des machines et un homme au milieu d'elle. assez flippant et parfois aussi très drôle. Une réussite assez surprenante et une histoire atypique dans un décor qui l'est tout autant.
Une compilation de sketchs très intéressante (en tout cas supérieur, selon mon point de vue, à Memories).
Meikyuu Monogatari (1987) - Divers
[ Tales of the Labyrinth ] a.k.a. Manie-Manie, a.k.a. Neo-Tokyo
Trois realisateurs d’animation nippons se voient donner carte blanche pour realiser chacun un sketch se basant sur l’anthologie de courts recits fantastiques de l’auteur de science-fiction Taku Mayumura. Haruki Kadokawa, producteur et editeur de renom, reglera la note. Rin Taro, Yoshiaki Kawajiri et Katsuhiro Otomo accouchent de trois cauchemars tres differents…
Realise par l’equipe du studio Mad House (Lodoss-to Senki / [ Chronicles of the War of Lodoss Island ] OVA (1990), Cyber City Oedo 808 OVA (1990), Paprika (2006) ) reunit donc trois realisateurs connus a l’epoque et reconnus encore d’avantage depuis; Katsuhiro Otomo ( Akira (1988), Memories (1995), Mushi-shi (2006) ), Yoshiaki Kawajiri (Yoju Toshi / Wicked City OVA (1987), Jubei Ninpucho / [ Ninja Scroll ] (1993), The Cockpit OVA (1994) ) et Rin Taro (Uchu Kaizoku Captain Harlock / [ Space Pirate Captain Harlock ] TV (1978), Kamui no Ken / [ Dagger of Kamui ] (1985), X (1996) ). Kawajiri et Rin Taro etant d’ailleurs parmi les membres fondateurs du studio Mad House.
Le film sera presente en avant-premiere au Tokyo Fantastic Film Festival de 1987 avant de sortir en DTV au Japon pour finalement sortir “officiellement” en salles dans l’archipel en 1989.
Liste des sketches:
Labyrinth * Labyrintos – Rin Taro
Une fillette, Sachi, a la recherche de son chat finit par traverser le miroir, forcant son compagnon de jeu a la suivre. Telle Alice, au-dela du reflet, elle decouvre un monde etrange et inquietant pour les adultes, mais surtout “fantastique” pour une enfant de son age.
S’inspirant (TRES) vaguement de Alice au-dela du Miroir, Rin Taro livre une oeuvre poetique, intriguante, mais aussi derangeante (pour les adultes) des reves d’enfants. Magnifique. 5 / 5
Dans un monde futuriste, un journaliste s’interesse au coureur d’une course automobile futuriste et mortelle. Or, Zack Hugh, l’idole de ce “sport” se voit a chaque epreuve pousse un peu plus au-dela de ses limites. physiques et psychiques, quand soudainement il “explose” dans sa derniere course…
Fidele a son esthetique (et ses couleurs) “glaciale(s)”, Kawajiri livre une copie sans fard, sans fioritures et sans pitie de sa vision d’une course a la mort futuriste. Au croisement de l’esthetique de BladeRunner (1982) et de la sauvagerie psychokinetique de Carrie le tout culminant en un instant de magnifique et poetique apocalypse. Moins “creatif” (que le sketch de Rin Taro) et nettement plus “light” cote scenario (que le sketch d’Otomo), mais une reussite technique neanmoins. 5 / 5
Koji Chushi Meirei / [ The Order to stop the Construction ] – Otomo Katsuhiro
Au fin fond de l’impenetrable jungle du pays d’Arowana une mega-companie nipponne voit son projet demesure lui echapper completement et dépêche Sugioka, un simple salaryman, pour arreter les robots qui continuent seuls apres la disparition du seul responsable humain du chantier…
Sur fond de fable ecologique, Otomo se livre a une parodie au vitriol du Japon des annees 80s; de l’argent a foison, des projets demesures et une course effrenee vers une impasse, le tout magnifique par des images apocalyptique d’un projet de Sisyphe insense et suicidaire. Superbe et grincant de cynisme. 5 / 5
A noter pour l’anecdote que le nom du project “444” (‘”yon-hyaku yon-ju yon-go”) donne le “ton”. Ainsi, dans l’archipel aucun hopital ne possederait un quatrieme etage d’ailleurs, car en japonais, “444” peut aussi se lire “shi, shi, shi” (death, death, death), donnant toute sa signification a cet enfer de folie et de mort.
MM est une rarete dans son genre. Non seulement le producteur laissera les mains completement libres aux differents realisateurs (qui seront leurs propres scenaristes), mais ceux-ci se fendront de trois sketches tous aussi differents qu’impressionnants qualitativement et formelement, meme si des univers chaotiques semblent etre un trait d’union entre les trois recits.
La bande-originale de Mickie Yoshino (du Groupe Godaigo) a la musique trouve les notes “justes” pour souligner les delires (et parfois meme carnages!) des realisateurs. MM ne sera pas la premiere incursion du compositeur dans le cinema ( il aura travaille sur Hausu (1977) ou Swing Girls (2004) ) ou dans l’animation ( Urusei Yatsura / [ Those obnoxious Aliens ] a.k.a. Lamu TV (1985) ), tandis que son groupe aura collabore a Ginga Tetsudo 999 / [ Galaxy Expres 999 ] TV (1979) ).
Visuellement magnifique et esthetiquement tres leche, MM reste comme beaucoup d’autres de ses productions, un temoignage de la qualite estampillee “Mad House”, ainsi que des obsessions des trois realisateurs en presence.
Si l’apres-production se revele un peu chaotique (sortie en festival, vente en DTV pour re-sortie en salle), l’on ne peut que se feliciter qu’une oeuvre aussi achevee ait fini par trouver son chemin vers les grands ecrans, tellement il aurait ete dommage de la voir cantonnee aux racks videos.
Compare a un autre metrage anthologique, comme par exemple Robot Carnival sorti en DTV un peu pres en meme temps (et sur lequel travaillera a nouveau Otomo), et meme si l’idee d’un concept “commun” manque ici, la consistence du travail et qualite du resultat final merite felicitations, fesant de MM un titre des plus recommandes, meme si quelque peu oriente plus vers les adultes pour en savourer toute la substance et la force visuelle.
Meikyu Monogatari: 5 / 5
P.S. A noter que l’edition francaise escamote dans le sketch d’Otomo quelques textes ecrits (notamment celui laisse par le precedent chef de construction).
