
Un couple (Clive owen et Catherine Keener) découvrent qu'Annie, leur fille de 13 ans (Liana Liberato) s'est fait un ami sur Internet via chat. Il s'agit d'un homme de 35 ans qui finit par la violer. Problème : la jeune fille est tombée amoureuse de l'homme en question.
Le film a tout pour rebuter. un sujet "lourd" - à savoir comment un viol de jeune ado est vécu par la victime et ses parents.
Le film garde une certaine ambiguïté tout son long. en effet, Annie (formidable Liana Liberato!) garde un souvenir enamouré de sa première expérience sexuelle. Elle vit comme un attaque de son père du fait de vouloir détruire le seul lien amoureux qu'elle tient. Et même si Charlie (Chris Henry Coffey) lui a menti sur son age : de 16 ans, il passe à 20 puis 25 et enfin 35.
Le couple se désagrège en tentant de réagir. Owen en père déboussolé qui veut virer vigilante et défoncer la tête des pédophiles déclarés autour de chez lui (ce qu'il fait, à tort). et la mère (C. Keener) qui tente la pente de la compréhension et de la confiance à entourer.
Schwimmer m'a étonné avec le tact avec lequel il aborde le sujet, montre la scène (qu'au final on ne verra jamais - ambiguïté supplémentaire). Honnêtement, la scène du motel m'a mis très mal à l'aise. Mais en même temps, c'est plus imagination qui a travaillé. j'ai trouvé qu'il s'agissait là d'un très bel exercice de mise en scène.
Le film en Scope (Panavision 35mm) est doté d'une photographie remarquable d'Andrzej Sekula. des sources de lumière différenciées (la scène de la chambre entre les parents après la nouvelle du viol) pour offrir des éclairages (au propre comme au figuré) diversifiés sur la perception de la réalité par chacun des intervenants.
Une direction d'acteurs impeccables, par ailleurs.
Le scénario possède d'intelligence de ne pas virer au polar, afin de garder son focus sur le drame relationnel et la question cruciale de la confiance entre chaque protagoniste, et la forme qu'elle peut revêtir. La chasse au pédophile n'est pas l'élément moteur du film (et en ce sens, la conclusion post-générique est glaciale, mais en même temps terriblement réaliste aux vues de ce qu'il se passe aujourd'hui). Le traitement du film et sa narration évite la majeure partie du temps le pathos facile.
Deux ou trois scories ça et là. Des facilités de scénario : le gars du FBI qui oublie sa mallette remplie de documents compromettants... j'ai cru qu'il s'agissait d'une erreur volontaire, afin que c. Owen puisse avoir connaissance des transcriptions des chats entre sa fille et Charlie.. mais non, le FBI ballade des documents confidentiels sans protection et les oublie dans un bar, comme ça



La scène finale donne un peu trop dans le lacrymal, et c'est curieux puisque -si on comprend la finalité de la scène, c'est en rupture avec le ton du film. peut-être les auteurs ont-ils ressenti le besoin de finir sur une note moins noire que le reste? Dommage.
D'autre part, le film suit quelque peu la forme et le traitement d' Ordinary People/ Des gens comme les autres de Robert Redford. et ça n'est pas en sa faveur.
maintenant, Trust m'est apparu comme un petit film étonnant, prenant. imparfait, mais techniquement réussi et avec des acteurs qui réussissent à faire passer des émotions brutes, sans céder à la facilité et à maintenir une ambiguïté qui confine légèrement au malaise, parfois. Une bonne surprise.
Verdict : 57 000 entrées sur 97 copies, pour un film au sujet à caution, Metropolitan s'en sort bien.
Vu à l'UGC George V, dans une salle clairsemée. Projection correcte en salle 6, mais aux teintes métalliques, et avec un son qui saturait un peu à l'avant...